Kung fu… la fin. Pour l’instant.

J’ai assisté à mon dernier cours de kung fu hier midi. C’est donc la fin d’une étape pour moi. Le kung fu me manquera, c’était une partie importante de ma vie. Jusqu’à tout récemment, je n’aurais jamais imaginé apprendre un art martial. Puis, je me suis fait voler au Venezuela.

L’élément déclencheur

Ce jour-là, en octobre 2007, j’ai réalisé ma vulnérabilité. Je m’étais dit à ce moment-là que, éventuellement, j’apprendrais à me défendre. En janvier 2009, je me suis inscrit à un cours d’introduction au kung fu de la grue blanche, voie de la grue volante, cours donné à l’UQAM par Fu Jiao Lien (assistant instructeur) Paul de Tourreil. J’ai alors eu la piqûre. Le 14 octobre 2009, j’assistais à mon premier cours à l’Académie White Crane Kung Fu de Montréal. Depuis, j’ai franchi le niveau un et je suis en train de terminer l’apprentissage du niveau deux. Et, deux ans presque jour pour jour après le début de ma formation, je quitte l’Académie, en raison de mon voyage.


(reportage filmé dans les anciens locaux de l’Académie)

Un long, mais fascinant processus

Ceci dit, deux ans, c’est bien peu: mon Shifu (Maître) Lorne Bernard apprend ce style de kung fu depuis une vingtaine d’années et son Shifu (et mon Shi Gung – Grand-Maître), Lee Joo-Chian, depuis presque cinquante ans. À la lueur de ma propre expérience et des discussions que j’ai eues avec des élèves de divers styles, j’en ai déduit que l’apprentissage d’un art martial est une entreprise difficile. Longue. Répétitive. Douloureuse. Elle demande de la discipline, du sérieux, de la motivation, du désir de se dépasser, de la confiance en soi. Oui, ça prend du temps avant de saisir les multiples applications d’une même forme; mais quand cette compréhension s’installe, on maîtrise des techniques de plus en plus complexes, nos mouvements deviennent plus efficaces, plus fluides, plus imaginatifs, plus personnalisés. On comprend mieux ce que l’on fait et pourquoi on le fait. En outre, chaque élève développe sa propre façon de se battre, en fonction de nombreux facteurs, comme son gabarit et ses préférences personnelles. Chacun crée ainsi son propre style, comme en écriture. C’est un processus grisant.


(séquences filmées lors du gala en l’honneur du 20e anniversaire de l’acquisition de l’Académie par Shifu Lorne Bernard, en novembre 2010)

Je crois que tout le monde devrait apprendre un minimum de notions d’autodéfense, car ces connaissances peuvent être très utiles. Or il existe beaucoup d’arts martiaux et il peut être difficile de choisir lequel nous conviendrait le mieux. Toutefois, dans certaines villes, il y a seulement quelques écoles et le choix est alors limité. Ce qui simplifie le processus de décision, dans le fond. Mais si vous habitez dans une ville où se trouvent plusieurs écoles de plusieurs styles, vous pouvez recourir aux trucs suivants pour vous aider à choisir votre art martial:

– lire la description de chaque style;
– assister à un cours pour en voir le déroulement;
– parler à des élèves qui suivent ce cours;
– regarder des vidéos d’experts sur Youtube.


(séquence filmée lors du gala en l’honneur du 20e anniversaire de l’acquisition de l’Académie par Shifu Lorne Bernard, en novembre 2010)

Des risques à assumer

Pour ce qui est des risques… eh bien, c’est sûr que vous ne ferez pas du tricot. Vous devez accepter l’idée que vous puissiez vous faire mal, à l’occasion. Un mauvais mouvement et une personne peut blesser ou être blessée. Par contre, une bonne école veillera à la sécurité de tous les acteurs impliqués. Je peux garantir qu’à mon Académie, tous les élèves et instructeurs font très attention: ils agissent les uns envers les autres avec le plus grand respect, la plus grande prudence. Oh, il arrive parfois de petits accidents: mais de graves blessures, je n’en ai jamais vues. Et puis, le risque de blessure est le prix à payer pour accéder à un savoir séculaire, dont l’efficacité n’est plus à prouver.


(le Grand-Maître Lee Joo-Chian en action. Pour plus de vidéos, visitez la chaîne Youtube de whitecranecanada)

Vous êtes les bienvenus, mais…

Si vous êtes dans la région de Montréal ou de Laval et si vous avez envie de suivre des cours à mon Académie, sachez ceci; lors d’un de mes premiers cours, mon Shifu a dit: « Ce n’est pas à l’école de s’abaisser à votre niveau; c’est à vous de vous élever au niveau de l’école. » Le message est on ne peut plus clair. Si vous n’êtes pas motivés, sérieux, ne perdez pas votre temps et ne faites pas perdre celui du Shifu. Il vous faudra au moins un an avant d’atteindre un niveau minimal de compétence. Mais vos efforts seront amplement récompensés quand vous recevrez votre écusson de niveau un et que vous le coudrez sur votre ceinture.

Une des meilleures décisions de ma vie

Apprendre le kung fu fut l’une des meilleures décisions de ma vie. Ces deux années m’ont apporté beaucoup, tant au plan des connaissances techniques que de la confiance en soi. La base que j’ai acquise me permettra de savoir comment réagir, en cas d’agression. Je peux maintenant me protéger et protéger les gens qui comptent pour moi. Cette certitude vaut à elle seule toutes les heures passées à l’Académie. Bien sûr, j’en ai encore tellement, tellement à apprendre. Mais puisque j’ai adoré mon expérience, je prévois reprendre l’entraînement à mon retour de voyage. Et apprendre encore plus. Il y a huit niveaux, après tout.

4 thoughts on “Kung fu… la fin. Pour l’instant.

  1. Lucie

    Ah je vois que nous n’avons pas que la passion du voyage en commun. Je n’ai jamais testé le kung-fu, cela a l’air intéressant. Mais tu as raison, tu pourras reprendre à ton retour, j’ai été on and off pour l’art martial que je pratique, mais quand je peux m’y remettre à fond, c’est toujours un plaisir. Ce qui est le cas en ce moment. 14 ans de karaté, je crois que jamais je ne pourrais arrêter vraiment. Certes, c’est un apprentissage long et difficile, mais passionnant et l’on en apprend beaucoup sur soi et les autres. Pour ce qui est des blessures, une blessure en 14 ans, et pourtant je ne suis pas de bonne condition physique… au final faire un art martial est bien moins dangereux pour le corps que le footing à outrance, le tennis ou la gym!
    En tout cas, les grands esprits se rencontrent, je prévois dans les jours à venir un article autour du karaté…

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    1. Stéphane Pageau Post author

      En effet, on partage aussi la passion des arts martiaux. Elle est récente, dans mon cas. 14 ans… wow! Tu dois avoir atteint un niveau très respectable. Quel style en particulier pratiques-tu? Il y en a tellement. J’ai lu que les styles de karaté d’Okinawa ont leurs racines dans les arts martiaux chinois, comme le kung fu. Je découvre peu à peu la complexité des relations entre tous ces styles et je trouve ça fascinant.

      Je suis d’accord avec toi: pratiquer un art martial est moins dangereux que pratiquer bien des sports populaires. Je pense que ça tient au fait que tout le monde qui pratique un art martial est conscient des risques et agit en conséquence, alors que dans bien des sports, les athlètes prennent parfois des risques mal calculés, souvent pour épater la galerie.

      Je suis impatient de lire ton article sur le karaté; je veux essayer d’autres arts martiaux durant mon voyage, alors je suis intéressé par toutes les informations que je peux trouver sur les différents styles. Au plaisir de te lire, et merci pour cet excellent commentaire.

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      1. Lucie

        Je fais du karaté Goju-Ryu… en effet le karaté d’Okinawa est fortement inspiré du kung-fu à la base…
        Quant au niveau, je suis ceinture noire 1er dan. Comme il y a eu des hauts et des bas dans ma pratique, je fais du surplace depuis quelques temps mais je m’y remets doucement. Comme on dit, dans notre école, c’est au 1er dan que l’on commence vraiment le karaté…
        J’espère que tu pourras essayer des choses sympas lors de ton voyage. J’avais fait du Taichi, très intéressant, de la capoeira, super mais très physique et du Nihon Tai Jitsu, un espère de mix qui ne m’avait pas convaincu… J’espère que tu nous décriras tes découvertes en tout cas…

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        1. Stéphane Pageau Post author

          Très intéressant… nos styles doivent avoir des similarités, alors. Qui sait, peut-être aurons la chance un jour de faire un peu de « sparring » léger. Je te souhaite bonne chance dans ta pratique. Je comprends ce que tu dis; mon Shifu a déjà dit que c’est à partir du niveau 4 (sur 8) que l’on commence à être vraiment bon en kung fu. Et c’est long, se rendre au niveau 4…

          Pour ma part, j’ai déjà appris quelques notions de tai chi et de chi gong. J’ai aussi commencé à lire sur les divers styles des différents pays d’Asie, comme le muay thai, le bokator, le silat et le kali. Je verrai ce que je peux essayer et oui, je vais en parler sur mon blogue.

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