Bilan: neuf mois plus tard

      4 commentaires sur Bilan: neuf mois plus tard

Neuf mois sur la route aujourd’hui. Neuf mois, comme la durée d’une grossesse. Neuf mois, le temps de renaître. Le temps de vivre une vie différente. C’est donc l’heure d’un nouveau bilan.

Les leçons

En voyage, on n’a pas le choix: il faut apprendre à faire confiance aux autres, à confier son sort à des inconnu-es. Or je viens de passer environ un mois en Inde et s’il y a bien un pays qui teste les limites de cette confiance, c’est celui-là. Beaucoup de gens y tentent d’arnaquer les touristes, de toutes sortes de façons. Oh cette manie n’est pas exclusive à l’Inde, évidemment, mais elle m’a semblé plus ancrée ici que dans les autres pays que j’ai visités. Il devient alors facile de verser dans une paranoïa généralisée et de fuir les rencontres. C’est une erreur, car l’Inde et ses habitant-es ont beaucoup à offrir aux visiteurs.

Temple jaïn Khandargiri, près de Chanderai

Si la paranoïa généralisée constitue une attitude à éviter, la confiance aveugle doit elle aussi être évacuée. Surtout quand vient le temps de négocier avec des chauffeurs de taxi ou de rickshaw. Il faut rester méfiant, mais il faut savoir moduler l’intensité de sa méfiance en fonction de la situation. L’intuition demeure encore et toujours le meilleur guide, en toutes circonstances.

Les chauffeurs de rickshaw, un groupe à la fois aimable et détestable.

Ceci dit, apprendre à faire confiance à des inconnu-es, surtout quand on a l’habitude d’exercer un grand contrôle sur le déroulement de son quotidien, amène son lot de défis. Pour plusieurs personnes, cet apprentissage représente un changement d’attitude important. La transition peut s’avérer ardue. Oui, il y aura des erreurs de jugement. Oui, il y aura des arnaques. Oui, il y aura des moments d’intenses frustrations. Mais toutes ces épreuves font partie du processus. La persévérance est alors de mise car, en bout de ligne, plus on sait comment faire confiance, plus on devine avec justesse à qui octroyer cette précieuse confiance, plus nos voyages se passent bien.

Il faut toujours faire attention à qui l’on accorde sa confiance…

Des premières

J’ai pris un train à trois couchettes superposées, entre New Delhi et Varanasi; j’ai vu, de loin, un corps en train d’être incinéré sur la rive du Gange, à Varanasi; j’ai eu recours au service au chambre à Varanasi, parce que j’étais trop paresseux pour me rendre au restaurant de l’hôtel (je n’en suis pas fier aujourd’hui); j’ai fait un tour de bateau sur un fleuve sacré, le Gange, à Varanasi; j’ai visité le lieu de naissance d’une figure religieuse importante, soit Krishna, dans la ville de Mathura; j’ai mangé un repas préparé dans un train, et ce n’est pas meilleur qu’un repas d’avion; j’ai effectué un trajet en train dans un wagon pour les bagages, entre Mahoba et Orchhâ; j’ai embarqué dans un rickshaw avec six autres personnes, en arrivant à Orchhâ, et il y aurait eu de la place pour au moins une autre personne; j’ai assisté à un festival religieux, soit celui en l’honneur de Rāma, à Orchhâ; à Chanderi, je me suis fait demander par des inconnus s’ils pouvaient me prendre en photo et j’ai accepté; j’ai conduit une moto, dans la campagne entourant Orchhâ; j’ai participé à la préparation d’un repas dans une famille indienne, dans un village de campagne; j’ai dormi à la belle étoile sur le toit d’un hôtel, toujours à Orchhâ; j’ai participé à un tournage bollywoodien à Mumbai et ce ne fut pas particulièrement excitant; j’ai posé le pied sur trois continents en une seule journée, quand j’ai pris un vol Mumbai – Milan avec une escale au Caire; un de mes sacs à dos a d’ailleurs été égaré lors de ce vol. C’est arrivé à l’aéroport du Caire, lors de mon transfert vers Milan. Ça m’a pris quatre jours pour le récupérer; j’ai été hébergé par une jeune famille de CouchSurfers à Riga. D’habitude, je vais dormir chez des personnes sans enfant, mais cette fois, j’avais envie de quelque chose de différent. Ce fut très agréable.

Monument de la Liberté à Riga

Les meilleurs moments

Si l’Inde fut le théâtre de nombreux excellents moments, l’Italie, la Lettonie et l’Estonie ont aussi fourni leur part de joyeux souvenirs. Les voici donc: ma visite du Taj Mahal et de la forteresse d’Agra; mon tour de bateau sur le Gange, au petit matin, pour voir les gens faire leurs ablutions et des corps se faire incinérer; mon repas dans un petit restaurant familial de Varanasi, où j’ai savouré des plats exquis sous les regards fascinés d’habitant-es du coin; ma promenade à vélo dans les rues de Khajuraho et les alentours de la ville; ma visite des superbes temples érotiques de Khajuraho; mon trajet en train entre Mahoba et Orchhâ dans un wagon pour bagages, en compagnie de trois autres touristes et d’une vingtaine d’Indiens, dont un vieux monsieur qui jouait de la musique et chantait; ma visite guidée de Orchhâ, sur la moto de mon ami Ragu; ma visite du temple dédié à Rāma à Orchhâ, lors du festival en l’honneur de cette divinité; mon excursion d’un jour dans la région de Chanderi; ma soirée de retrouvailles avec mes compagnons du wagon de bagages, encore à Orchhâ; ma visite dans un village et une école de campagne, à l’extérieur de… Orchhâ; ma promenade en moto dans la campagne indienne; mon repas dans une famille indienne; mon séjour à Milan, ma rencontre avec Simona, super CouchSurfeuse, les repas que j’ai mangés là-bas, et bien sûr “il aperitivo”; ma présence durant l’interprétation d’un morceau de violon par une des filles de la famille de CouchSurfers chez laquelle j’ai dormi, à Riga; ma rencontre avec une musicienne de rue de Riga, qui jouait “TNT” d’AC/DC et de la musique folk lettonne avec le même talent; mes marches dans les rues de Riga, ville aux splendides édifices de style art nouveau; le matin où mes CouchSurfers de Tallin et moi avons écouté du folk métal estonien; mes promenades dans la vieille ville de Tallinn; mes conversations avec une CouchSurfeuse de Tallinn, autour de deux verres bus dans des bars locaux; ma tournée de plusieurs magasins de musique métal, à Tallin; ma longue marche dans les rues de Vilnius, où j’ai eu le plaisir d’y voir le buste de Frank Zappa, entre autres.

Sculpture érotique d’un des temples de Khajuraho

Les pires moments

À cause de l’important retard d’un train local, à Mahoba, j’ai manqué un train interurbain pour Jhansi, ce qui m’a forcé à changer mes plans de façon drastique. Ce retard est survenu lors d’une période de fort achalandage, causé par la tenue de festivals religieux dans plusieurs régions de l’Inde. L’achat de billets de train s’avérait donc plutôt difficile. J’ai par conséquent dû passer quelques jours à Orchhâ, en attendant de trouver une solution. J’ai finalement acheté un billet d’avion Gwalior – Mumbai avec Air India, car je devais absolument me trouver à Mumbai le 30 juillet pour y prendre un vol vers l’Italie. Or toute cette histoire m’a coûté une bonne somme, minant ainsi davantage mon budget déjà maigre. Mais bon, cette expérience ne fut pas complètement négative, car elle m’a permis de connaître Orchhâ, la ville que j’ai préférée en Inde (même si j’y ai fait un peu de fièvre, un soir).

Orchhâ et quelques-uns de ses temples, le soir.

En conclusion

Ce bilan sera le dernier de mon tour du monde. Je rentre à Montréal le 29 août. Je terminerai mon voyage en Belgique. Je poursuivrai toutefois l’écriture de ce blogue après mon retour, j’ai encore trop de choses à raconter. Il y aura notamment un bilan final, des billets sur les destinations dont je n’ai pas encore parlé, des entrevues et bien plus. Je vous invite donc à continuer de lire ce blogue. Merci de votre intérêt envers mes péripéties, merci d’avoir été fidèle et surtout, merci à celles et à ceux qui ont partagé leurs commentaires. Ceci n’est pas la fin: ce n’est qu’un chapitre qui se termine. Un autre se dessine déjà. À suivre…

4 thoughts on “Bilan: neuf mois plus tard

  1. annick

    J’ai de la peine à croire que ce long périple touche à sa fin..
    J’ose à peine penser qu’il faut dire bonne fin de voyage …
    Mais j’aime imaginer toutes les rencontres faites , les choses vues, choses dites, souvenirs emportés….;
    …et l’excitation du retour à la maison est-elle déjà palpable?

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    1. Stéphane Pageau Post author

      Et moi donc… déjà la fin. Ça passe beaucoup trop vite. Mais bon, ce n’est la fin que d’un voyage, il y en aura bien d’autres, Et tu as raison, c’est bien d’imaginer tout le merveilleux de ce voyage. Pour le moment, je ne ressens pas encore l’excitation du retour, je me déplace beaucoup en peu de temps, alors je suis encore dans le plaisir de la découverte. Mais ça viendra…

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  2. Jennifer

    Oh la la, déjà fini ou plutôt sur la fin? Comme ça a passé vite pour moi, alors je ne peux pas m’imaginer à quel point ça a dû flyer pour toi! Bon retour et on se prend définitivement un café/une bière pour jaser de ça!

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  3. Stéphane Pageau Post author

    Ça passera toujours trop vite,,, merci pour tes bons mots, et oui, on se prend un café/bière à mon retour. xxx

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