Bilan: 293 jours plus tard

Mon tour du monde se termine aujourd’hui. Je suis parti de Bruxelles ce matin et j’ai atteri à Montréal au matin toujours, bouclant ainsi la boucle. Je trouve approprié d’être revenu à partir de Bruxelles: lors de mon premier voyage hors de l’Amérique du Nord, en juillet 1998, c’est à Bruxelles que j’avais d’abord mis les pieds. 14 ans plus tard, c’est à Bruxelles que je conclus le voyage le plus extraordinaire de ma vie. J’éprouve donc un sentiment de complétude. Entre autres.

Des leçons

Jusqu’à la dernière minute, le retour m’a semblé une notion irréelle. On a beau y réfléchir, on peut bien essayer de s’y préparer, mais quand il arrive, on se sent dépassé (et le degré de dépassement variera d’une personne à l’autre). Je crois que peu importe la durée de notre voyage, on aura toujours le sentiment que le retour survient toujours trop vite. Même si l’on s’efforce de ne pas y penser, cette idée s’agite quand même en nous. Elle amène ainsi de nombreuses questions: comment ça se passera? Qu’est-ce qui aura changé en moi? Chez les autres? Comment pourrai-je reprendre un rythme auquel je ne suis plus habitué? Et plusieurs autres. Oh, bien sûr, je serai heureux de revoir les gens que j’aime, de retrouver les lieux qui me plaisent. C’est évident. Mais il reste tout de même une part de moi qui en veut plus. Qui veut continuer de découvrir, de voyager. Un appétit insatiable. Appétit que le retour ne pourra satisfaire. Je le sens.

Songkran, à Chiang Mai, Thaïlande (avril 2012). Mon moment préféré de mon tour du monde.

Malgré tout, je n’ai pas peur. De toute façon, je la comprends mieux maintenant, la peur. Je ne doute pas que je saurai me reconstruire une vie, une fois chez moi. Je l’ai déjà fait. Tout rentrera dans un ordre. Mais est-ce bien cet ordre que je veux? En fait, qu’est-ce que je veux vraiment, à ce stade-ci? Oh spirale vertigineuse de questions et de possiblités. Toutefois, dans ce tourbillon, des certitudes s’enracinent de plus en plus en moi: je sais que les réponses à ces questions viendront d’elles-mêmes. Et que, quand je les connaîtrai, il ne me restera alors qu’à agir. Il y aura donc d’autres voyages. D’une façon ou d’une autre.

Des premières fois

Plusieurs premières fois culinaires, ces dernières semaines: j’ai goûté à un boulet à la liégeoise et j’ai aimé. Je vais en refaire chez moi, j’ai même acheté du sirop de Liège, en prévision de ce projet; j’ai bu un verre de pékèt, à la Fête de l’Assomption à Liège, et j’ai plus ou moins apprécié. Je préfère les bières belges; j’ai rencontré les deux filles de mes ami-es Alexandre et Géraldine, à Aachen. La plus vieille a environ cinq ans, alors il était plus que temps que je fasse enfin sa connaissance; j’ai vu quelqu’un ouvrir une bouteille de bière avec un morceau de carton plié; j’ai cuisiné un chili con carne en Europe.

Les meilleurs moments

Moments surtout reliés à des retrouvailles avec plusieurs ami-es: Geneviève à Paris, Catherine à Sprimont, Alexandre et Géraldine à Aachen, Ingrid à Bruxelles. À part ça, mes meilleurs moments sont: ma visite du cimetière du Père-Lachaise, à Paris (et le sandwich que j’ai mangé à côté de la tombe de Molière); mes nombreuses marches dans les rues de Paris, de Sprimont, de Liège, de Aachen, de Bruxelles; la dégustation des différentes poutines que j’ai préparées, dans plusieurs villes européennes; le road trip dans la campagne belge avec mon amie Anne et notre découverte du Paradis, un charmant petit village; ma participation à la fête de l’Assomption à Liège et le spectacle du groupe Nationale 3, ce soir-là; mes nombreux soupers à Paris, à Sprimont, à Liège, à Aachen, à Bruxelles; mes visites chez quelques foutus bons disquaires.

Les pires moments

Revenir.

En conclusion

Au cours de mon tour du monde, j’ai ri, j’ai eu peur, j’ai souri, j’ai été malade, j’ai rencontré des gens extraordinaires, j’ai sacré, j’ai connu des moments de pure magie, j’ai chiâlé, j’ai frenché, j’ai engueulé des chauffeurs de tuk tuk, j’ai baisé, j’ai brisé un ordinateur portable lors de la première semaine de mon voyage, j’ai acheté des tas de disques d’artistes locaux et plein d’aimants de frigidaire, j’ai pleuré, j’ai vaincu des peurs, je me suis fait voler, j’ai eu des conversations géniales avec des inconnu-es, j’ai attrapé des coups de soleil, j’ai vu des lieux mythiques, j’ai perdu beaucoup de trucs, j’ai mangé des plats fantastiques (assam laksa), j’en ai mangés de très mauvais, j’ai fait du “tubing” à Vang Vieng et je n’ai même pas acheté la maudite camisole, j’ai vu du sublime, j’ai vu de la décadence, je suis devenu un fan de “Friends”, j’ai déçu des gens, j’ai beaucoup pensé aux personnes que j’aime, j’ai pris des mauvaises décisions qui m’ont coûté de l’argent, j’ai appris des tas de choses sur un tas de sujets, je n’ai pas toujours su trouver les bons mots quand c’était important, j’ai appris des tas des choses à des tas de personnes, j’ai failli à mon objectif de me brosser les dents plusieurs fois par jour, j’ai vu beaucoup de singes (j’adore les singes), j’ai dû m’adapter à des circonstances parfois désagréables, j’ai fait la fête, j’ai eu l’air con à maintes reprises, j’ai eu chaud, j’ai eu froid, je me suis souvent fait arnaquer, je me suis fait de vrai-es ami-es. Mais surtout, j’ai vécu. C’est donc la fin d’un chapitre. Et le début d’un autre. La différence entre les deux? Je suis aujourd’hui un bien meilleur homme que celui que j’étais avant mon départ. Et juste pour ça, je sais que partir faire le tour du monde fut la meilleure décision de ma vie.

16 thoughts on “Bilan: 293 jours plus tard

  1. Lucie

    Très belle conclusion Stéphane, surtout les dernières phrases. J’espère que ça continuera ici sur ton blog.
    En tout cas, le Père Lachaise est un de mes endroits préférés à Paris, alors très bon choix!

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    1. Stéphane Pageau Post author

      Merci pour tes bons mots, Lucie. Oui, je vais continuer mon blogue, il m’est même plus important que jamais. Moi aussi j’ai beaucoup aimé le cimetière, c’est facile d’y passer plusieurs heures.

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    1. Stéphane Pageau Post author

      Merci pour ton commentaire, Jennifer. Moi aussi j’ai hâte de te voir, on aura beaucoup de choses à se raconter. À bientôt, xxx

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  2. Carol

    Message empreint de sérénité… What a trip! Tu as mordu dans la vie… ça a l’air de goûter le bonheur. Welcome Home Mr. Pageau!

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    1. Stéphane Pageau Post author

      Merci pour tes bons mots, Carol. Oui, ce fut un voyage extraordinaire, j’ai vraiment la sensation de l’avoir vécu jusqu’au bout. Et oui, ça goûtait le bonheur.

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  3. Pierre Benoit

    Félicitations! Beau voyage. Ce fut un réel plaisir de te lire. Il ne te restera plus qu’à apprendre à vivre avec ce désir envahissant de toujours vouloir repartir. Bon retour parmi les tiens.

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    1. Stéphane Pageau Post author

      Merci pour tes bons mots, Pierre. Merci aussi de m’avoir suivi durant mon voyage. Tu as raison, je dois apprendre à vivre avec ce besoin de vouloir repartir. Et, comme c’est là, c’est difficile. J’ai déjà plein d’idées de voyages…

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  4. Florent

    Beau bilan.
    J’aurais du passer sur ton blog il y a quelques jours, je t’aurais invité à Bruxelles, j’y étais. D’ailleurs, je crois t’avoir croisé à Nadi, le 16 nov 2011, à Smugglers Cove, tu mangeais à une table le soir. C’était bien toi? Sur le moment, j’ai cru reconnaitre ton visage, mais je ne savais pas d’où. Et puis en voyant ta photo dans cet article, je viens seulement de me faire le rapprochement! Bonne route pour la suite.

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    1. Stéphane Pageau Post author

      Merci pour tes bons mots, Florent. Oui, j’étais bel et bien au Smugglers’ Cove le 16 novembre dernier, alors on s’est manqués de peu. Même chose pour Bruxelles. Quand même drôle qu’on se soit manqués deux fois… ha ha. J’espère que tu as fait un excellent tour du monde (es-tu encore sur la route?). Bonne chance dans tous tes projets, et au plaisir. Peut-être que la troisième fois sera la bonne…

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  5. Martin

    Bon retour Stéphane! Je sais dans quel état tu es en ce moment et je sais aussi qu’il n’y a rien à dire de plus à ce sujet. En effet, l’espoir de repartir est salvateur dans ces situations.

    Je tiens à te remercier de m’avoir (de nous avoir) fait voyager presque tous les jours avec toi. Le matin, avant de partir travailler, je goûtais à une tranche de ton voyage et c’était vraiment inspirant. Ça remet les choses en perspective.

    Repose-toi bien, cher ami. Et bon retour chez toi.

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    1. Stéphane Pageau Post author

      Merci pour tes bons mots, Martin. Et merci à toi (à vous) de m’avoir suivi pendant tout ce temps. Content de savoir que vous avez trouvé mon voyage inspirant. À votre tour de partir, maintenant…

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  6. annick

    que dire de + pour l’instant , cet instant tellement fort , bon retour chez toi et ….l’aventure continue…………..on se prépare toujours pour un autre voyage, parfois pas loin de chez soi!
    La prochaine fois passe donc par chez nous en Alsace, la biere y est très goûteuse aussi!

    au plaisir de continuer de te lire

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    1. Stéphane Pageau Post author

      Merci pour tes bons mots, Annick. Oui, l’aventure continue, j’ai déjà des idées de voyage. Et si je passe par l’Alsace, j’irai vous dire bonjour (et essayer une bière bien goûteuse). Merci de m’avoir suivi. Le blogue continuera…

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    1. Stéphane Pageau Post author

      Merci pour tes bons mots! C’est vrai que j’entre dans une phase particulière et c’est vrai aussi que je pense déjà à repartir. Bien hâte de voir où tout ça me mènera…

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