13 questions sérieuses à Lucie

Lucie, à New York (photo prise par Jennifer Doré Dallas)

Lucie, à New York (photo prise par Jennifer Doré Dallas)

Photographie et voyage sont aujourd’hui pratiquement indissociables. Qui n’aime pas immortaliser les meilleurs moments de ses voyages? Et avec le développement des appareils compacts, prendre des photos n’a jamais été aussi facile. Par contre, la photographie est un univers vaste, et celles et ceux qui veulent l’explorer plus en profondeur peuvent éprouver un vertige devant l’immensité de ses possibilités. Dans cette entrevue, Lucie Bataille, photographe professionnelle, apporte quelques éléments de réponse qui pourront aider les esprits plus curieux à mieux découvrir cet univers.

Comment as-tu découvert ta passion pour la photographie?

La photo m’a interpellée dès mon plus jeune âge. Il m’était (et m’est toujours) fascinant d’avoir à simplement appuyer sur un bouton pour créer des souvenirs et écrire une histoire qui traversera le temps, au-delà de notre propre vie. De l’argentique au numérique, du compact au reflex, du Polaroïd à l’iPhone, j’ai toujours eu, du plus loin que je me rappelle, un appareil photo dans les poches, pour capter les petites comme les grandes occasions.

Qu’est-ce que tu aimes le plus de la photographie?

Trois choix de réponse!
1. Attraper l’instant. Celui qui ne dure pas plus longtemps qu’un clignement d’oeil.
2. Laisser aller mes émotions au point de verser une larme pendant que je prends une photo.
3. Chercher l’originalité et photographier ce qui ne l’a pas encore été.

Selon toi, qu’est-ce qui caractérise une bonne photo?

Une foule de facteurs! La photo étant très subjective, ceux-ci dépendent de la sensibilité et de la perception de chacun. En ce qui me concerne, étant une personne plutôt sensible, je considère qu’une photo est bonne quand elle allume une étincelle dans mon coeur. Elle doit également montrer un effort de composition (sans nécessairement toutefois respecter, entre autres, la traditionnelle règle des tiers). Ah, et la lumière! Très importante, la lumière. Après tout, faire de la photo, c’est écrire avec la lumière, alors il est indispensable de savoir la dompter, qu’elle soit naturelle ou artificielle.

Tu es aujourd’hui photographe professionnelle. Décris le cheminement qui t’a menée à faire de ta passion ton métier.

Quand je n’avais qu’une dizaine d’années et que je réfléchissais à ce que j’allais bien pouvoir faire de ma vie une fois adulte, je me suis imaginée photographe. Sans pouvoir expliquer pourquoi, c’est un rêve qui ne me semblait pas à ma portée et que je n’ai jamais vraiment entretenu, sinon inconsciemment. Et puis en 2011, après une formation, beaucoup de pratique et de commentaires positifs de la part de mon entourage, j’ai fait le saut, quitté un emploi stable pour aller jouer dans la cour des travailleurs autonomes! Même si les débuts peuvent par moments être difficiles, je ne regrette pas ma décision.

Tu as choisi un métier que tu pourrais exercer pratiquement partout dans le monde, ce qui est le rêve de bien des voyageuses et voyageurs. Pourquoi as-tu décidé de t’établir à Montréal?

En fait, je suis arrivée à Montréal bien avant de pratiquer la photographie de manière professionnelle. J’y reste parce que j’aime la vie que je m’y suis faite et que j’y ai développé ma clientèle. J’apprécie effectivement le fait de pouvoir exercer mon métier un peu partout sur la planète, tout en voyageant.

Qu’est-ce que tu penses des formations offertes en photographie?

Qu’elle soit d’une durée de 3 ans ou de 3 jours, je crois qu’une formation s’avère très utile sitôt que l’on veut élargir ses compétences. Il m’arrive d’en suivre à l’occasion, pour apprendre de nouvelles techniques et élargir mes horizons. Toutefois, je suis d’avis que l’on peut être autodidacte, surtout si l’on possède un oeil aiguisé et une bonne dose de sensibilité (et que l’on abandonne le mode automatique de son appareil photo!). La pratique est indispensable également, car comme le dit le dicton, c’est en forgeant qu’on devient forgeron!

Quels trucs simples peuvent aider les néophytes à prendre de meilleures photos?

1. Enlever du cadre les objets qui peuvent facilement “polluer” une photo. Une poubelle sur une photo n’est jamais très esthétique.
2. S’approcher de son sujet plutôt qu’utiliser le zoom. Dans bien des cas, l’espace sera mieux occupé sur la photo et apportera du dynamisme. En plus de régler le problème de la poubelle!
3. Pour les photos prises à l’extérieur, préférer un ciel nuageux plutôt qu’un soleil dans un grand ciel bleu. Oui oui! Les nuages donnent une lumière plus diffuse qui évite les vilaines ombres et les yeux plissés que provoque le soleil!

Quels seraient les critères les plus pertinents pour choisir un appareil en vue d’un voyage?

Épineuse question! Le dilemme est de trouver le juste milieu entre les capacités techniques de l’appareil (poids, taille, focale(s), ISO, ouverture, vitesse, etc) et l’importance que l’on donne à la photo et à la qualité de ses images. Je ne suis pas très au fait des nouveautés en termes d’appareils compacts, mais je sais que certains modèles peuvent être un bon compromis si l’on souhaite obtenir des images de qualité sans trop s’encombrer.

Pour ma part, je ne peux me passer de mon réflex en voyage, même s’il est lourd et encombrant. Je fait quasiment toujours le choix de n’avoir qu’une seule lentille avec moi (24-70 mm), car elle répond généralement bien au type de photo que je prends. Si mon sujet est trop loin, j’essaie de m’approcher. Sinon, tant pis, ce n’est pas plus grave que ça!

Comment bien protéger son équipement, tant de l’usure que des vols, une fois sur la route?

Hum, je ne suis pas la meilleure personne pour répondre à cette question! Je ne suis pas toujours gentille avec mon appareil. Pour preuve, je n’ai ni housse de protection, ni étui, ni sac photo.

Un conseil que je peux donner est de passer la courroie autour de son cou ou de son poignet – ou encore de sortir le moins possible son appareil – lorsque l’on est dans un pays réputé propice au vol. Si l’on voyage avec son ordinateur portable, un transfert quotidien des photos peut s’avérer judicieux si l’on se fait voler son appareil photo. Un appareil se remplace facilement, des clichés, un peu moins.

Selon toi, existe-t-il des situations où il est mal de prendre des photos? Justifie ta réponse.

Oui. En voyage, il est important de respecter le droit à l’image et de demander à une personne son autorisation avant de la photographier. Si l’on craint de gâcher la magie en interrompant le moment, alors je suggère de faire la photo et de la montrer à son ou ses sujets par la suite. Cela évitera des frustrations en plus de favoriser les échanges et les rencontres!

Quelle célèbre photo aurais-tu aimé prendre?

La photo de Barack Obama étreignant son épouse, publiée suite à sa victoire présidentielle. Un moment authentique, capté sur le vif et dans un style épuré. En la voyant, j’ai vraiment été envieuse de la photographe, Scout Tufankjian, qui a eu la chance de capter cette scène!

Quelle photo rêves-tu de prendre?

J’a-do-re-rais photographier un mariage en Islande. La nature islandaise, c’est un peu comme l’amour : époustouflant et immense. Alors imagine les deux ensemble!

Quels sont tes projets?

Je suis à deux pas de faire le plongeon dans l’iPhonographie et, au sens plus large, dans l’art mobile. Étant un peu (trop?) geek, ce nouveau médium artistique me fait (dangereusement?) de l’oeil. Je n’ai pas de temps à y consacrer présentement, mais je vais plonger, c’est certain!

La suite de cette entrevue sera publiée ce jeudi.

4 thoughts on “13 questions sérieuses à Lucie

  1. Haydée

    iPhonographe ! Wouhaou je ne connaissais pas ce terme, mais pas plus étonnée d’entendre ce mot.

    Je ne suis pas photographe mais je suis heureuse de voir que j’ai utilisé certaines petites techniques à force de prendre des photos, comme se rapprocher plutôt que zoomer, se positionner en fonction de la lumière, et d’autres petites choses. Bon après je n’ai qu’un TZ20 numérique, qui me convient bien avec lequel je fais même mes vidéos ! Pour l’instant !

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  2. Stéphane Pageau Post author

    Content de voir que tu as appris quelque chose de cette entrevue, Haydée (je ne connaissais pas le terme moi non plus, d’ailleurs).

    C’est sûr qu’un bon équipement peut faire des miracles, mais je crois que, avant d’investir des milliers de dollars dans toutes sortes de pièces, il faut être certain d’avoir une dévorante passion pour la photographie. Mais surtout, je pense que, au-delà des techniques et de l’équipement, la photographie est un art très intuitif. On développe un sens de la ”bonne photo”, avec le temps. Les techniques et l’équipement viennent compléter ce sens.

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  3. Tiphanya

    Ah les ciels bleus qui nous font rêver sur les photos des autres…. A cause de ce préjugé (que j’avais), je n’ai pu ramener aucune photo correcte de Tokyo !
    Et c’est quoi l’art mobile ?

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    1. Stéphane Pageau Post author

      Je te comprends, Tiphanya. C’est pourquoi, avec le temps, j’ai adopté l’habitude de prendre plusieurs photos d’une même chose, d’une même situation, en essayant différents réglages. Ainsi, je parviens généralement à obtenir au moins une photo décente. Et j’aime bien les ciels bleus…

      Pour ce qui est de l’art mobile, je laisserai Lucie développer sur sa vision de ce concept, si elle le veut bien.

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