Entre ciel et terre

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J’ai le vertige. Un assez solide vertige, d’ailleurs. Malgré tout, je ne m’empêche pas de vivre des expériences se déroulant en hauteur. J’éprouve même un certain plaisir à défier ma peur. C’est pourquoi j’ai décidé de faire du parapente pour la première fois, lors de mon séjour à Baños. Bien des agences proposent cette expérience, mais j’ai choisi l’agence MTS Adventure, au coin des rues 16 de Diciembre et Luis a Martinez. Pourquoi? Parce que, durant mon séjour dans la ville, je suis souvent passé en face de leur local et j’y voyais chaque fois un flot continu de clients. Apparemment, l’agence offrait un service satisfaisant. Le parapente coûte 60 $ US (prix standard pour la ville, à ce que j’ai vu) et le prix inclut le transport, les instructeurs, l’équipement et un bref cours. À noter que, si les participant-es se rendent au site et que, à la dernière minute, il n’est plus possible de faire du parapente (à cause de la température, par exemple), ils doivent rembourser les 20 $ US que coûte le trajet. Ainsi, deux participants paieraient 10 $ US chacun. Enfin, il faut remplir un formulaire avant de pouvoir effectuer l’activité.

À la merci de la météo

Je me suis donc présenté au local de l’agence en matinée pour savoir si l’activité avait bel et bien lieu plus tard. Le parapente n’est possible que si les conditions sont propices, soit vents suffisants, pas de nuage, et encore moins de pluie. Ce jour-là, le ciel était nuageux, en matinée. On m’a donc dit de revenir vers 14 h; la décision serait alors prise. À 14 h pile poil, j’étais assis dans le local.

– “So, is there any paragliding today?”
– “Yes.”

Oh joie.

Quelques notions de base

À 14 h 30, six personnes étaient inscrites. On nous a alors emmenées au local de l’école de parapente, où on nous a pesés, afin d’ajuster l’équipement et l’ordre des vols (c’est ce que j’en ai compris, du moins). On a alors eu droit à un bref cours sur le décollage et l’atterrissage. Décollage: en position debout, le haut du corps penché vers l’avant, on fait 4-5 pas vers l’avant, puis 4-5 pas vers l’arrière, et on court ensuite vers l’avant jusqu’à ce que le vent soulève l’aile. Une fois dans les airs: après quelques secondes, il faut s’asseoir sur la sellette, prendre les dragonnes et rester ainsi le temps que tout se stabilise. Ensuite, on peut admirer le paysage, relaxer, prendre des photos, filmer. Atterrissage: en position debout, le haut du corps penché vers l’avant, on court dès le moment du contact avec le sol, puis on effectue quelques pas vers l’arrière pour faire tomber l’aile et éviter que le vent ne la regonfle. Et voilà. Simple comme bonjour.

C’est parti

Le cours terminé, tout le monde a pris place dans des pickups et on s’est rendus au site de parapente, au Cerro Niton, près de la ville de Pelileo, à environ 45 minutes de Baños. Très belle route, d’ailleurs, entre montagnes et vallées.

Le site pour le parapente

Le site de parapente

Une fois sur le site, les instructeurs ont sorti l’équipement de leurs sacs et ont évalué les conditions. Ils ont décidé de faire les premiers vols avec les plus lourds d’entre nous. Mes 153 livres et moi avons donc dû attendre. Tous les participant-es ont enfilé une combinaison, pendant que les instructeurs préparaient les ailes. Puis, les premiers participants ont enfilé leur harnais, les instructeurs se sont installés derrière eux, dans la partie du harnais destinée à la personne qui contrôlera le vol. En effet, pour les vols de débutant-es, les instructeurs contrôlent les suspentes (les fils) de l’aile et, par le fait même, la direction de l’aile, du vol, etc. Quelques instants plus tard, ils décollaient. Une vingtaine de minutes plus tard, ils retrouvaient la terre ferme.

parapente6

J’ai été choisi pour la deuxième vague. Comme j’avais pu observer les premiers, j’avais une bonne idée de ce qui m’attendait. J’ai mis un casque, j’ai enfilé le harnais, je me suis placé en position de décollage, tout comme mon instructeur, et j’ai attendu ses directives. À son signal, j’ai effectué quelques pas vers l’avant, quelques pas vers l’arrière, puis j’ai couru et hop! le vent nous a propulsé dans les airs. Après quelques secondes, je me suis assis sur la sellette.

parapente2

Quelle sensation! Je n’avais pas le vertige, étonnamment. Le fait d’être assis procure une impression de stabilité. Je savourais l’instant, je regardais les paysages dominés par le volcan Tungurahua. Difficile d’évaluer à quelle hauteur on se trouvait, à partir du sol, mais j’estimerais qu’on planait à une centaine de mètres dans les airs. Un aigle est même passé devant nous, avec grâce. À un certain moment, mon instructeur a effectué une spirale. Ce fut comme dans un manège: une sensation de perte de contrôle, mais avec la certitude que tout ira bien. C’était fantastique.

Comme la combinaison compte des poches, j’avais pu y mettre mon appareil photo. Franchement, j’étais nerveux, au moment de le sortir. J’ai glissé ma main dans la poche, j’ai trouvé la dragonne, j’y ai inséré ma main, puis, lentement, j’ai sorti l’appareil, en faisant très attention de ne pas l’échapper. J’ai manqué de batterie peu après, mais j’ai eu le temps de filmer une courte vidéo et de prendre une trentaine de photos.

L'art de l'autoportrait

Autoportrait en altitude

À ma grande surprise, j’ai constaté que, malgré la force du vent, il est possible de discuter, en vol. Mon instructeur et moi avons donc échangé sur le fait que j’avais le vertige, habituellement, l’importance d’affronter ses peurs, la sérénité du ciel, les sensations de paix et de liberté qu’on éprouve dans les airs, etc. Une vingtaine de minutes plus tard, on atterrissait sans encombre. À vrai dire, le décollage et l’atterrissage se font de manière plutôt intuitive. J’ai par la suite regardé les autres voler; certains élèves plus avancés pouvaient voler seul. L’un d’eux a fait un atterrissage plutôt brutal, d’ailleurs. Ouch. Puis, les instructeurs ont rangé l’équipement et on est rentrés à Baños, environ 3 h 30 après avoir quitté le local de l’école de parapente.

À la découverte de la tyrolienne

J’ai aussi essayé la tyrolienne pour la première fois, pendant mon séjour à Baños. J’ai été à l’agence de voyages Casahurco, sur la rue Luis a Martinez; elle était recommandée par l’auberge Hostel Chimenea, où je logeais, alors je me suis dit que le service devait être bon. Une fois là-bas, j’ai payé 20 $ pour l’activité (prix standard, encore une fois) et on m’a dit d’être là le lendemain, à 10 h. Je me suis donc présenté au local à l’heure prévue, on m’a appelé un taxi, je me suis rendu au site, appelé Puerta del Cielo. Longue d’un kilomètre, cette tyrolienne serait la 2e plus longue d’Amérique du Sud (la plus longue se trouverait au Pérou). Le taxi est reparti, car il aurait fallu que je le paie pour le retour. J’ai trouvé ça ordinaire, je croyais que tout était inclus dans le prix. J’aurais dû poser plus de questions.

Le paysage

La tyrolienne

Une dame et sa fille m’ont accueilli, m’ont fait enfiler les harnais, puis je me suis installé sur la plateforme de départ, en prenant appui sur mes mains, mes jambes étant immobilisées dans un harnais. Et trois secondes plus tard, je m’élançais tête première au-dessus d’une rivière coulant entre deux montagnes. Le départ fut très intense, la montée d’adrénaline fut explosive. Comme on me l’avait recommandé, j’ai gardé les bras en croix durant la descente, qui a duré environ 45 – 50 secondes. Je me sentais plutôt vulnérable, ainsi perché, mais ce sentiment est précisément ce qui rend la tyrolienne attrayante. Ceci dit, j’ai trouvé que la descente a passé trop vite, que c’était difficile de pleinement savourer l’expérience, tant elle était courte. Un homme m’attendait à la fin du parcours et il m’a reconduit à l’entrée en pickup. Je suis alors retourné à Baños en bus de ville (le billet coûte 0,25 $ US). J’ai attendu le bus avec la fillette et on a jasé de plein de trucs. Sympathique discussion. Je suis monté dans le bus et j’ai débarqué au centre de la ville.

Moi: 2, Vertige: 0

J’ai adoré mon expérience de parapente, plus que je ne l’aurais imaginé, et je recommencerais sans hésiter. La tyrolienne, par contre, j’ai apprécié, mais moins. Chose certaine, ces deux activités m’ont aidé à affronter une peur et à la vaincre. Et juste pour ça, elles en valaient la peine.

4 thoughts on “Entre ciel et terre

  1. annick

    Bravo pour cette expérience courageuse, j’ai également le vertige, et j’ai déjà du annuler un voyage à cause d’une trop grande appréhension, en tout cas ça a l’air d’être très fun.
    peut-être qu’un ..jour….?

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    1. Stéphane Pageau Post author

      Merci Annick! Ce n’est pas toujours facile de confronter ses peurs, mais j’essaie de le faire le plus souvent possible, lors de mes voyages. La récompense en vaut l’effort. Bonne chance dans tous tes projets, sur terre comme dans les airs.

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  2. LadyMilonguera

    Tout comme toi, je souffre du vertige, mais j’ai fais du parapente dans les Alpes. le gars m’a expliqué que l’on ne souffre pas du vertige en parapente car le vertige est causé par un décalage entre les informations fournies par les yeux (le vide) et celles transmises par nos pieds (le contact avec le sol). Or en parapente, on ne peut pas souffrir du vertige puisque nos pieds comme nos yeux transmettent tous 2 une information de vide.

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