Bilan: un an plus tard

      37 commentaires sur Bilan: un an plus tard

Il y un an aujourd’hui, je revenais de mon tour du monde. Depuis, j’ai eu du temps pour réfléchir à ce que j’ai vécu, pour distiller les meilleures leçons de mes expériences. J’en suis donc arrivé à certains constats par rapport à mon voyage et à ma vie depuis le retour. Les voici:

– Mon tour du monde fut le voyage le plus extraordinaire de ma vie, mais pas le voyage le plus extraordinaire de l’histoire des voyages. Quand je lis sur des aventuriers mythiques comme Ibn Battûta, ou des grands voyageurs actuels comme André Brugiroux, Françoise et Claude Hervé et Jean Béliveau, je ne peux que ressentir une grande humilité par rapport à ce que j’ai vécu. C’est bien peu, dans le fond. Mais ce peu m’appartient entièrement.

– Par contre, je me sens de moins en moins à l’aise quand j’entends des gens qui parlent de leur dernier voyage comme s’il s’agissait de l’expérience la plus ultime de l’histoire de l’humanité. Je comprends – un peu – cet enthousiasme débordant, mais cette perception ne doit pas devenir une forme d’arrogance (que j’ai nommée “ultimite”). Une telle attitude ne peut que nuire aux voyages subséquents, dans la mesure où elle peut créer une barrière entre les personnes rencontrées et nous; nous, être doué d’un sens inégalé de l’ultime et elles, celles qui ne peuvent rivaliser avec notre vie si exceptionnelle. Sur la route, j’ai rencontrés plusieurs de ces individus en manque de validation sociale et ils m’irritaient – et m’irritent toujours – au plus haut point;

Songkran, à Chiang Mai, Thaïlande (avril 2012). Mon moment préféré de mon tour du monde.

Songkran, à Chiang Mai, Thaïlande (avril 2012). Mon moment préféré de mon tour du monde.

– Quand je repense à mon enthousiasme pré-départ, à son charme puissant, je prends conscience du fait que je n’ai pas travaillé depuis sur un projet qui m’inspirait autant. Pas qu’il en manque, des projets, j’ai même quelques idées pour de prochains longs voyages, je n’en ai juste pas encore trouvé un qui éveillait en moi le même degré de passion que mon tour du monde. Je dois avouer que ce sentiment me pèse, parfois, et j’ai hâte de me lancer dans un nouveau défi qui saura aller chercher le meilleur de moi;

– en attendant, j’ai replongé en mode “épargne”. Je mets de l’argent de côté depuis plusieurs mois déjà, même si je n’ai pas encore de projet défini en vue. Je sais toutefois que, peu importe celui que je choisirai, j’aurais besoin d’un minimum de fonds pour l’accomplir. Mais je constate que j’ai moins de discipline qu’avant mon tour du monde. Je profite plus de la vie au Québec, je me prive moins que lors de mes préparatifs de tour du monde: je sors plus, je mange plus souvent au restaurant, je participe à plus d’activités, etc. Je fais donc moins de sacrifices, oui, mais dans le fond, j’en suis heureux;

Scène de la Nuit blanche à Montréal, le 1er mars 3013.

Scène de la Nuit blanche à Montréal, le 1er mars 3013.

– je crois que j’agis ainsi parce que j’ai pris pleine conscience de ma mortalité, durant mon voyage. Je ne vois plus la vie de la même façon, je sens davantage le temps qui passe, les traces qu’il laisse, je comprends mieux l’importance de faire les meilleurs choix pour moi dans les différentes sphères de ma vie. Je me demande ce que je veux laisser derrière moi. Je vois beaucoup d’ami-es avoir des enfants et entreprendre d’autres projets de vie de grande envergure et je m’aperçois que j’ai moi aussi envie de faire des choses plus significatives. Elles seront peut-être différentes de celles des gens autour de moi, mais elles seront fidèles à qui je suis;

– en outre, j’espérais que mon tour du monde m’apporterait la réponse à la question “est-ce que je veux des enfants?”. Non, je n’ai pas trouvé de réponse définitive à cette question. Cependant, pour avoir côtoyé des enfants dans de nombreux pays, sur plusieurs continents, j’ai réalisé que je les aimais davantage qu’avant. J’ai été séduit par leur inépuisable joie de vivre, surtout celle de ceux qui vivent des conditions difficiles. Comme ces enfants cambodgiens qui, en entendant le bruit du moteur du bateau, accouraient sur les rives de la rivière Sangker pour saluer les passagers avec un enthousiasme irrésistible. Comme si c’était le meilleur moment de leur vie. Comment ne pas sourire devant tant de joie? Je me sens plus à l’aise avec les enfants maintenant, je m’amuse beaucoup plus avec eux, on partage plus facilement nos imaginations, et ça, c’est fantastique;

Enfant saluant les passagers du bateau, entre Siem Reap et Battambang

Enfant saluant les passagers du bateau, entre Siem Reap et Battambang

– les choses n’avaient pas changé tant que ça, à mon retour; durant mon absence, les gens avaient continué de suivre leur voie, à quelques détails près. Oh, il y eu quelques grands changements ici et là, comme une nouvelle relation ou un nouveau bébé, mais dans l’ensemble, les choses n’avaient pas bougé de façon importante. Toutefois, un décalage s’était installé entre certaines personnes et moi. J’ai ainsi trié des amitiés, j’en ai abandonnées quelques-unes et j’ai resserré mes liens avec d’autres ami-es que j’avais négligé-es. Je n’ai pas agi par haine ou rancoeur; c’est juste que, après avoir mesuré les changements qui s’étaient opérés en moi, j’ai déterminé ce que je voulais, où je m’en allais, et j’ai jugé pertinent de m’entourer de personnes qui pouvaient m’aider à avancer dans la direction où je souhaitais aller. Bien sûr, je me suis engagé à en faire autant pour eux, la réciprocité étant à mes yeux un fondement de l’amitié;

– je me sens plus libre sur la route que n’importe où où j’ai une adresse permanente. Quand j’ai une adresse, je vis davantage dans un cadre défini et, si ouvert et si agréable soit-il, il l’est toujours moins que celui que j’adopte sur la route;

– mon séjour de quinze jours en Équateur, en juillet dernier, m’a fait comprendre que je ne pourrai jamais plus voyager rapidement avec autant de plaisir que je peux en avoir à voyager plus lentement;

Prendre le temps de prendre le temps...

Prendre le temps de prendre le temps…

– je n’apprécie presque plus les citations de voyage. Rares sont celles qui me touchent, qui me font réfléchir. La plupart me semblent maintenant d’une telle évidence, au mieux, et au pire, elles sonnent à mes oreilles comme de médiocres tentatives de présenter une “vérité profonde”, alors qu’elles ne sont que des truismes élevés en “révélations”. Un exemple: “It’s all about the journey, not the destination after all, the destination of life is death” (Owen Cook, A.K.A. Tyler of RSD). Merci mec, je n’y aurais jamais pensé;

– je réalise que, en relisant ce que j’ai écrit plus haut, je peux avoir l’air déprimé, un an après mon retour. Je le suis un peu, sans doute. Mais je pense surtout que, après avoir digéré mon voyage, je me rends compte qu’un tour du monde comporte des aspects moins lumineux. De nombreuses perceptions changent, c’est inévitable, et ces changements peuvent se heurter à des codes, des valeurs de la société où l’on s’établit au retour. Je me sens parfois déphasé, même aujourd’hui. Par exemple, après avoir voyagé des mois avec un minimum d’objets, je n’éprouve plus de réel plaisir à acquérir de nouvelles possessions. Mais je sais que, en dépit de certains effets secondaires désagréables, mon tour du monde fut la meilleure décision de ma vie et je ne regrette absolument pas ma décision de partir;

– mais surtout, j’ai compris que le désir de repartir pour un long voyage ne s’estompe pas et, vraisemblablement, ne s’estompera jamais.

37 thoughts on “Bilan: un an plus tard

  1. Corinne

    Salut confrère nomade dans l’âme o/
    J’aime beaucoup ce billet, sensible et profond.
    Malgré le fait de ne pas tenir en place, j’ai aujourd’hui l’envie d’avoir une petite caverne à moi, quelque part, où aller me cacher, où trouver un peu de (virtuelle) sécurité entre deux escapades.
    Le voyage m’a privé de beaucoup d’intimité, et c’est très bien car c’est ce que je recherchais, le contact avec les autres… sauf qu’aujourd’hui après ces quelques années, c’est devenu l’inverse, maintenant c’est la solitude que je recherche, une petite bulle personnelle.
    En fait c’est peut-être que plus on voyage plus ça devient compliqué. Plus il y a des lieux qui deviennent “chez nous”, moins il y a de lieux auxquels on est effectivement attachés. Et ça fait tout bizarre, de n’être plus attaché à rien. Cela fait un peu peur. La liberté sans doute, c’est comme un gros vide droit devant.
    Moi aussi, j’ai pris pleine conscience de ma mortalité en voyage, et je crois que les moments où l’on réalise que ce que l’on est en train de vivre à l’instant même précis ne se reproduira jamais, sont parmi les plus exquis qu’il m’ait été donné de traverser. C’est l’essence même du voyage je crois, cette transition (pardon, ça sonne comme une citation à la con :p)

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    1. Stéphane Pageau Post author

      Merci beaucoup, chère Corinne, consoeur véritablement nomade. Content de voir que tu as apprécié mon billet de dur au coeur tendre… ha ha.

      Je peux comprendre ton désir grandissant d’avoir un endroit bien à toi. À force de voyager, on laisse des parties de soi un peu partout. On se dissout, en quelque sorte. Comme si on était partout et nulle part en même temps. C’est une liberté qui peut donner le vertige, à la longue. C’est pour ça que j’aime revenir à mes racines et c’est pour ça que je ne sais pas à quel point je pourrais être un nomade. J’aime savoir que, peu importe où je suis, ce que je fais, il y a un endroit où je serai toujours vraiment chez moi.

      Exact. J’aime essayer de saisir cette exquisité, dans un moment intense. Une brève pensée traverse alors mon esprit, pensée qui dit « c’est ça, la vraie vie ». C’est comme si je sortais de moi pour croquer la scène de l’extérieur pour ensuite l’ajouter au kaléidoscope de mes souvenirs. Et j’aime bien ta “citation à la con”… ha ha.

      J’espère que, dans la bulle que tu recherches, il y aura un peu d’espace pour qu’on aille prendre un café, à quelque part, un de ces jours…

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      1. Corinne

        Pour moi c’est pareil, j’aimerais avoir un endroit que je pourrais appeler chez moi. D’être attachée quelque part, cela me manque, mais cela m’est aussi malheureusement impossible en raison de mes origines doubles, et d’une situation de résidence/citoyenneté compliquée! Je dois faire avec, et je crois que mon nomadisme est la réponse inconsciente à tous ces blocages.

        Dans ma bulle il y a une machine à café :p Elle fait de l’expresso italien bien fort, avec tasse chaude-bouillante, du vrai de vrai, haha (le secret de l’énergie est gardé là, lol).
        Avec plaisir donc pour un café! Dommage que nous soyons un peu loin, pis dommage que je t’aie raté aussi déjà 2x (Songkran + Canada périple II). Ma vie a jusqu’ici été un peu compliquée (j’ai une tendance certaine à me plonger au coeur du drame) mais je fais ce que je peux pour la simplifier :p

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        1. Stéphane Pageau Post author

          En effet, ta situation ne semble pas facile. Elle t’a même causé bien des soucis, on dirait. Bonne chance dans tes démarches pour franchir le labyrinthe des formalités administratives. Je te souhaite de trouver un endroit où tu te sentiras en harmonie avec toi-même et avec le monde environnant.

          Elle a l’air très bien, ta machine à café… ha ha. C’est vrai que c’est dommage qu’on soit un peu loin l’un de l’autre, mais on finira bien par se revoir. Même ta vie “compliquée” ne sera pas un obstacle assez grand pour empêcher nos retrouvailles. Je te le promets.

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    1. Stéphane Pageau Post author

      Merci beaucoup pour ton commentaire, Fabrice! J’ai hésité avant de parler de « la » question, c’est le genre de truc dont je discute seulement avec des ami-es intimes, mais je me suis dit que je ne devais pas être la seule personne dans la blogosphère de voyage à se la poser. Content de voir que c’est le cas. Bonne chance dans ta recherche de la bonne réponse pour toi.

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  2. Le tour du monde de mes pieds

    Je suis en train d’écrire et j’ai l’impression de faire un peu le même genre de bilan en ce moment dans ma niche (capsule mais en bois) à Tokyo. Sauf que ça n’est pas un an plus tard mais en plein de milieu du voyage… Peut-être parce que je n’ai pas envie (peur) de faire ce bilan en ayant “l’air déprimé” dans quelques mois.
    J’ai aussi fini par me rendre compte que les voyages de deux semaines ne me faisait plus le même effet après être rentré de mon premier voyage au long court. Par contre niveau enfants, c’est plutôt tout le contraire, j’ai l’impression de les aimer de moins en moins ;) Mais peut-être que la suite en Asie changera la donne.

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    1. Stéphane Pageau Post author

      Merci beaucoup pour ton commentaire, Thibaut! J’avais moi aussi réalisé certaines de ces leçons il y a un bon moment, même durant mon voyage. Elles se sont confirmées, avec le temps. D’autres sont apparues par la suite et d’autres apparaîtront. Le processus est sans fin…

      La différence entre les voyages courts et les voyages au long cours est comme la différence entre le “fast food” et la gastronomie; les deux comblent un besoin, mais l’un est beaucoup plus satisfaisant.

      Ha ha… pour ce qui est des enfants, il suffit d’un seul pour te faire craquer.

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  3. Martin Claude

    Ce billet est très inspirant et, comme toujours, très bien rédigé. Merci Stéphane de partager tout ça avec nous.

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    1. Stéphane Pageau Post author

      Merci pour tes bons mots, Martin, mais surtout, merci de me suivre depuis aussi longtemps! Au plaisir!

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  4. Laura

    Merci de partager avec le plus grand nombre ses réflexions très personnelles. Actuellement en plein voyage au long cours, je me pose déjà parfois beaucoup de questions sur le temps qui passe, sur le retour (même s’il est encore lointain) et c’est rassurant d’avoir des retours d’expériences serein et juste.
    Bonne route à toi

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    1. Stéphane Pageau Post author

      Merci pour ton commentaire, Laura! Content de voir que tu apprécies mes réflexions. Je me suis demandé si je devais toutes les écrire, parce que justement, elles sont très personnelles, mais je me suis dit qu’elles pourraient peut-être rejoindre celles d’autres voyageurs. Et, de toute évidence, c’est le cas. Merci à toi et bonne chance dans tous tes projets!

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  5. Laurent

    J’adhère à 500% aux 2 premiers points et les lis presque comme un soulagement. J’aime toujours autant voyager, mais j’avoue me lasser de plus en plus des rencontres ou un tel se vante d’aventures extraordinaires qui n’existent plus ou pavane d’avoir visiter tant de pays. So what ? C’était d’ailleurs le sujet du tout tout premier billet de mon blog : http://onechai.fr/2012/11/la-fin-du-mythe-du-voyageur/
    Voyager est une expérience extraordinaire pour soi, mais restons modeste.
    Les citations, oui, ça finit par sembler un peu creux, sauf je dois bien l’avouer celles de Nicolas Bouvier. Je ressens à chaque fois quelque chose qui est certes devenu pour ainsi dire une évidence, sauf que je n’ai pas le talent qu’avait Bouvier pour l’exprimer. J’avais d’ailleurs lu “L’usage du Monde” à mon retour de voyage et ça avait été une révélation. Comme d’entendre quelqu’un qui avait compris ce que j’avais vécu. Même si en revenant au premier point, je n’aurais pas la prétention du dire que j’ai fait la même chose que Bouvier. J’ai peut-être ressenti les mêmes émotions, c’est déjà ça !

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    1. Stéphane Pageau Post author

      Merci beaucoup pour ton commentaire, Laurent! Content de voir qu’on se comprend. Pour ce qui est des citations, j’en apprécie certaines bien sûr, mais beaucoup me semblent peu inspirantes. Ceci dit, plusieurs auteurs parviennent mieux que d’autres à m’émouvoir (Henry Miller, par exemple), alors j’imagine qu’il y a aussi une question de personnalité, quant à l’appréciation des citations. J’avais déjà entendu le nom de Nicolas Bouvier, mais je ne l’ai jamais lu. Je vais regarder ça, merci pour la suggestion!

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  6. bobby

    Bon résumé dans le fond a-t-on besoin de faire le tour de la planète pour avoir une vision global du monde et de notre vie…j’ai remarqué que tu as choisi plusieurs photos d’asie pour illustrer ton billet des raisons particulière ou pur hasard.

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    1. Stéphane Pageau Post author

      Merci beaucoup pour ton commentaire, Bobby. Je ne pense pas qu’on ait besoin de faire le tour de la planète pour avoir une vision globale du monde et de notre vie: par exemple, Emmanuel Kant n’a jamais voyagé, mais il en est arrivé à concevoir une vision complexe de l’humain. Mais personnellement, je crois que voyager apporte beaucoup à la personne qui s’y adonne. Oui, j’ai mis plusieurs photos de l’Asie (et des îles Fidji), parce que j’y ai passé plusieurs mois et que j’ai adoré cette région du monde. Voilà.

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  7. Jennifer

    Non, mais! T’as fini de voler mes pensées, oui? :) hehehe
    Je ne suis pas encore revenue que je te lis et que je me dis que c’est exactement ce que je ressens… Ça nous change sans qu’on ne s’en rende vraiment compte. Il y a quelque chose qui se forme, qui se déforme. C’est beau le voyage, hein? :)

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    1. Stéphane Pageau Post author

      Ha ha… à en juger par les réactions suscitées par mon billet, on est plusieurs à partager les mêmes pensées. Merci pour ton commentaire, Jennifer. Content de voir que tu te reconnais dans mes mots. Et oui, c’est une des beautés du voyage, que de se rendre compte des transformations qui s’opèrent en nous, sur la route.

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  8. annick

    moi je suis, en mode…pré-préparation, et l’euphorie est toujours présente dès que je pose un doigts sur une carte, ce billet me déprime un peu, dans le sens ou tu fais remonter à la surface une sorte de mélancolie, et je constate que les retours ne sont pas toujours glorieux, pour l’instant je voyage en mode découverte courte, de 15 jours à 1 mois, et sans me “vanter” ça reste chaque fois de belles découvertes, j’ai aussi la chance de recevoir des voyageurs chez moi pour leur montrer ma belle région.
    C’est vrai que l’on rencontre parfois des voyageurs pénibles, pas à l’aise dans leur voyage, ce qui avait pour but de m’énerver et je m’évertuais à essayer (ah! naïve que j’étais) de leur chercher des excuses ( pas de préparation, égoïsme, ou tout simplement ayant la même attitude que chez eux, cette arrogance…l’enfer en fait c’est toujours l’autre…) Mais nous n’avons pas toutes les réponses et comme dans toute cohabitation il faut apprendre à vivre ensemble. Il faut souvent prendre les gens comme ils sont “en voyage, comme dans la “vraie” vie, et l’on est pas obliger de les serrer de trop près, il faut trier sec ! ce qui me fait le plus de mal, ce sont certains comportements qui peuvent donner une mauvaise image du voyageur dans le pays que je visite.
    on peu en parler des heures, voyager restera toujours positif pour moi et un choix aussi,
    je sais que va vie va prendre un sacré tournant dans 3 ans lorsque nous partirons pour …un temps indéterminé car nous aurons la chance de partir pour autant de temps que nous le souhaiterons ( merci la retraite..) et nous comptons bien “vivre le monde” le plus longtemps possible, mais notre prochain voyage, nous passerons par Montréal pour y voir un hiver bien blanc et rendre visite à tous nos amis. Je me réjouis déjà !
    Il y a aussi une réflexion qui me saute aux yeux, beaucoup de jeunes voyageurs sont célibataires, n’ont pas de vie de famille, pas d’enfants, donc pas d’attaches. Lorsque nous avions votre âge, nous avions déjà des enfants, on pensait aux voyages, mais faire grandir des enfants prenait toute notre énergie et notre “budget” , le jour où vous fonderez une famille ce sera d’autres aventures aussi excitantes qui se présenteront à vous et pourquoi pas leur inculquer le goût des autres et des voyages……..

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    1. Stéphane Pageau Post author

      Merci beaucoup pour ton commentaire, Annick. Profite des préparatifs, c’est un moment exaltant, et ne pensez surtout pas au retour. Il viendra bien assez vite…

      En effet, il faut trier sec. J’essaie d’éviter autant que possible les voyageurs désagréables, vantards, irrespectueux, etc. Pour moi aussi, voyager restera toujours positif, malgré tout.

      C’est vrai qu’avoir des enfants change tout, dans une vie. Comme tu le dis, fonder une famille, c’est vivre d’autres aventures excitantes. C’est même le plus grand voyage possible, car il dure toute une vie. Bonne chance dans tous vos projets, et si vous passez par Montréal, faites-moi signe, on ira boire un café…

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  9. Chris

    Bonjour Stéphane,

    Ton billet est très vrai – et je me permettrai juste une petite remarque sur ta dernière phrase. Personnellement, j’ai compris l’inverse : je sais que mon désir de longs voyages s’estompera, et commence déjà à s’estomper. Car les limites de cette façon de découvrir le monde, m’apparaissent de plus en plus insupportables : la maison dans le sac à dos, les relations éphémères – fortes, certes, mais éphémères ; le manque de stabilité, le manque d’intimité, n’avoir personne qui t’attend quelque part.

    Alors, j’ai trouvé une solution différente pour continuer à vivre tout cela, tout en diminuant les “inconvénients” pré-cités : m’installer un an, deux ans, dans des endroits intéressants et stratégiques – Istanbul, Bangkok, Medellin, Rio, par exemple, à partir desquels il est facile de voyager dans une région assez large, tout en gardant une base ferme, un quotidien, des relations fortes et profondes, à portée de main.

    Reply
    1. Stéphane Pageau Post author

      Merci beaucoup pour ton commentaire, Chris. En effet, ce mode de voyage peut devenir pénible, à la longue. Je n’en suis pas encore lassé, mais je comprends ton point de vue. Ta solution est excellente, je me vois l’adopter, si un jour je recherche autre chose. Merci et bonne chance dans tous tes projets!

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  10. Lydia

    Bonjour Stéphane,
    Je découvre ton article via le partage de Corinne, et je me retrouve dans déjà pas mal de points que tu cites…et pourtant nous ne sommes rentrés que depuis 3 mois. Dur, dans 9 mois, cette nostalgique mélancolie qui nous assaille en ce moment ne sera donc pas partie? :)
    Merci pour ces bons mots…
    Lydia

    Reply
    1. Stéphane Pageau Post author

      Bonjour Lydia,

      Merci pour ton commentaire. Content de voir que tu te reconnais dans mes mots. J’imagine que le degré de persistance de la mélancolie varie d’une personne à l’autre, mais en même temps, j’ai le sentiment que, plus on part longtemps, plus on a besoin de temps pour atterrir, au retour. Un peu comme le principe selon lequel il faut une journée par heure de décalage horaire pour que le corps se remette d’un voyage, je crois qu’il faut un mois pour chaque mois de voyage pour que l’âme se remette. L’important, c’est de prendre soin de soi. Bonne chance!

      Stéphane

      Reply
  11. Pierre

    Difficile de ne pas se retrouver dans ton article.
    Je crois que c’est un blues qui arrive à beaucoup de voyageurs ou d’étudiants qui ont passé une année à l’étranger.
    Je suis reparti une troisième fois en Amérique du Sud cette année et j’avoue avoir parfois eu du mal à partager l’enthoussiame de certains qui faisait leur première découverte alors que j’essayais plus d’approfondir ma connaissance du pays..
    J’essaie vraiment de lutter contre cette tentation “arrogante” à être blasé alors que je suis privilégié dans le fonds.
    Je crois que beaucoup auront envie de repartir. J’ai essayé depuis mon premier tour du monde de me donner la possibilité de travailler depuis n’importe quel endroit du monde. C’est moins stable, moins rémunérateur mais c’est une liberté incroyable et ça me permet de continuer à rêver et faire des projets car avoir des projets est vraiment la clé pour éviter ces mélancolies récurrentes.
    Bravo pour ce partage de pensées en tout cas!

    Reply
    1. Stéphane Pageau Post author

      Merci beaucoup pour ton commentaire, Pierre! En effet, moi aussi j’ai constaté ce blues, chez moi comme chez d’autres personnes. La vie sur la route est tellement libre, c’est difficile de retrouver une telle liberté dans un mode de vie plus sédentaire.

      C’est vrai que plus on accumule d’expérience, en tant que voyageur, plus il est difficile de revenir à l’enthousiasme du début. En 1998, j’ai été à Bruxelles pour la première fois, c’était la première ville d’Europe que je visitais, j’étais surexcité; j’y suis retournée en 2012 et j’étais un homme bien différent. J’ai alors apprécié la ville avec toute l’expérience que j’ai acquise depuis et non avec la candeur de l’époque. Deux belles expériences, mais différentes.

      “Blasé” est un mot qu’on n’aime pas utiliser pour se décrire, mais c’est vrai que parfois, on peut l’être. Beaucoup cherchent la nouveauté, toujours, et cette quête peut nous faire oublier le plaisir qu’on a éprouvé lors de nos premières fois. Je comprends tes efforts pour te rappeler ta chance, c’est une bonne attitude.

      Oui, travailler et voyager peut constituer une solution idéale. Internet a énormément facilité les choses, en ce sens. Et comme tu le dis, l’important, c’est d’avoir des projets. C’est l’étape où je me trouve, en ce moment: trouver de nouveaux projets.

      Merci encore, on sent le vécu dans ton commentaire.

      Reply
  12. Curieuse Voyageuse

    Un article bien personnel que tu nous livres ici… c’est bien de pouvoir mesurer ainsi ses “évolution” post-voyage, un blog est un bel espace pour ça.
    Je partage l’avis de Chris: au voyage avec toute ma vie dans mon sac, je préfère me poser dans un nouvel ailleurs et explorer ledit ailleurs et la zone alentours, en y vivant, en prenant le temps etc…
    Je te souhaite de trouver le rythme qui te va le mieux et le projet qui te fera à nouveau vibrer :)
    Si ça peut aider: un podcast sur le thème du Retour de Voyages, auquel j’ai participé avec de sympathiques gens: http://www.curieusevoyageuse.com/les-retours-de-voyage/!
    A bientôt !

    Reply
    1. Stéphane Pageau Post author

      Merci pour ton commentaire, Aurélie! Oui, c’est un article très personnel. Ça m’a fait du bien de l’écrire, de pouvoir mettre des mots sur mes impressions, de constater le chemin parcouru depuis mon retour.

      J’aime moi aussi l’idée de Chris de se poser en un lieu pour un certain temps, pour mieux en explorer les différentes facettes. Il y a des endroits qui nous interpellent plus que d’autres, alors quel plaisir de prendre le temps de profiter pleinement de ceux-ci.

      Merci pour tes bons mots et merci pour le lien vers le podcast, je vais l’écouter. À bientôt!

      Reply

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