13 questions sérieuses à Aurélie

Aurélie à Kochi (crédit photo: **&)

Aurélie à Kochi, en Inde (crédit photo: Anouk Derron)

Dans ma série d’entrevues avec des lectrices et lecteurs de mon blogue, j’ai le plaisir de vous présenter aujourd’hui Aurélie Rawinski, du blogue Ailleurs sur Terre (anciennement En Terre Andine). Passionnée de voyages, elle livre ici ses opinions sur de nombreux sujets liés à cet univers. En espérant que ses réponses vous feront réfléchir. Bonne lecture!

Pourquoi voyages-tu?

Le voyage est ma principale source d’épanouissement. Rencontrer, découvrir, admirer, échanger, comprendre, témoigner… Et bientôt même travailler! J’aime vivre passionnément et voyager est une passion.

Qu’est-ce que tu aimes le plus, dans le fait de voyager?

L’inconnu du lendemain. Les rencontres quotidiennes. L’imprévu des découvertes. La confrontation à un ailleurs encore inconnu, bientôt familier.

Qu’est-ce que tu aimes le moins, dans le fait de voyager?

Le manque d’intimité, la promiscuité. Les prix en Amérique latine m’ont contraint à loger pas mal en dortoir, ce qui a été très difficile. Je suis d’une nature plutôt solitaire et j’ai vraiment besoin de moments seule, de tranquillité en fin de journée. J’aime choisir quand je souhaite faire des rencontres, plutôt qu’elles me soient imposées par une infrastructure collective.

Comment réagis-tu quand tu te perds, en voyage?

Aujourd’hui, après 5 ans de voyage, je m’autorise à me perdre. Et même j’aime ça! Il n’est pas rare que je me balade dans une ville sans guide ou cartes, pour mieux m’imprégner de son ambiance. Si les conditions de sécurité le permettent bien entendu.

Quel rôle les attentes jouent-elles dans un voyage?

J’aime beaucoup la phase de préparation de mes voyage. Plongée dans des blogs, des guides, des cartes. Mes attentes croissent alors au fil des pages ou des routes. Pour autant, trop d’attentes engendrent parfois des rendez-vous manqués, comme en Bolivie par exemple, car il n’y a pas de déception sans attentes.

Comment perçois-tu le débat sémantique « touriste/voyageur »?

Bien que j’utilise l’un ou l’autre de manière égale, j’aime à penser Sylvain Tesson, Alexandra David-Néel, ou encore Anne Bécel comme de plus grands voyageurs. Par l’intensité et l’engagement de leurs périples, l’aventure ou le défi qu’ils impliquent. L’essentiel n’est peut-être pas de se définir comme touriste ou voyageur mais bien de vivre ses voyages comme une grande aventure: notre aventure!

Que signifie le mot « authentique » pour toi?

Une expérience authentique pourrait être une expérience vécue dans le partage et l’équité. Au-delà des rapports dominants/dominés, marchands/acheteurs, etc.

Quel concept a le plus de sens pour toi: la durée d’un voyage ou la densité d’un voyage? Justifie ta réponse.

La durée du voyage. Maintenant que j’ai pris goût aux voyages au long cours (10 mois en Asie, 7 en Amérique du sud, jusqu’à 6 d’affilés en Inde), j’aurai du mal à me réhabituer à la course des escapades de deux ou trois semaines. Ou bien je ferai alors le choix de me concentrer sur une ou deux villes/événements comme ce fut le cas en 2010 avec la Khumba Mela (je suis restée trois semaines au même endroit afin de vivre le plus grand rassemblement religieux au monde).

Où traces-tu la ligne entre ouverture d’esprit et refus de tolérer des valeurs non conformes aux tiennes?

Si je ne tolère pas certains comportements (comme les violences exercées contre les femmes en Inde par exemple), je tente dans la mesure du possible de les comprendre, au travers de lectures ou d’échanges. Cette façon de penser me vient de ma formation d’infirmière en psychiatrie je pense. J’aime chercher par quoi ces faits sont sous-tendus, par quelles traditions, quels textes fondateurs, quelle histoire personnelle, culturelle, sociale, économique ou spirituelle. Cela m’aide ensuite non pas à les excuser, mais à mieux les appréhender, de façon plus juste et moins ethnocentrées. Peut-être est-ce là que tient l’ouverture d’esprit.

Il en va de même pour moi en ce qui concerne pour la pédophilie, ou les meurtres en série par exemple. Je ne les tolère pas mais j’aime tenter des les comprendre.

On ne peut imaginer aucun changement sans s’attacher à comprendre les fondamentaux.

Quelle place la spiritualité (sous toutes ses formes possibles) occupe-t-elle dans un voyage, selon toi?

La spiritualité a une place importante dans ma vie et donc dans mes voyages aussi. Je profite de mes découvertes de cultures différentes pour me confronter à la spiritualité/religion présente dans le pays en question. Cela passe par des lectures, des échanges, mais parfois aussi par des expérimentations (retraite bouddhiste, séjour en ashram, pratique du yoga ou du reiki, prise de plantes hallucinogènes etc.). Je construis ma pensée, mes croyances, aux prismes de tout cela, pour vivre en harmonie avec moi-même, les autres et le Monde.

Quelle est ta plus grande peur liée aux voyages?

En tant que voyageuse solo, je crains particulièrement une maladie grave ou un accident qui me laisserait inconsciente ou gravement blessée. Pour avoir accompagné à plusieurs reprises des compagnons de route dans cette situation, je me questionne sur ma capacité à gérer un tel fait en étant seule: contacter l’assurance, se rendre dans un hôpital décent, contrôler la qualité des soins, prendre des décisions engageantes (opération, amputation etc.), tout cela dans un état de vulnérabilité avancée…

Quel serait ton voyage de rêve?

N’ayant connu que les voyages seules ou plus rarement entre amis, j’aimerais un jour avoir la possibilité de vivre cette aventure avec l’homme que j’aime. Peu importerait alors la destination. Seulement l’intention.

Quels sont tes projets de voyage?

Je suis actuellement au coeur d’une année sabbatique. Je viens de passer 7 mois en Amérique latine et j’entame un nouveau séjour de 4 mois en Inde. Si dans les faits, je suis sensée rentrer en France en août et reprendre mon travail d’infirmière en septembre, tout peut encore arriver! C’est d’ailleurs ainsi que j’ai décidé d’écourter mon année en Amérique du Sud pour revenir à mon premier amour! Alors, difficile de faire des projets… L’Inde reste bien sûr au coeur de mes préoccupations mais l’Afrique m’envoie des signaux depuis plusieurs mois maintenant alors… qui sait?!

La suite de cette entrevue sera publiée ce jeudi.

4 thoughts on “13 questions sérieuses à Aurélie

  1. Laurent

    C’est toujours sympa de lire des interviews de blogueuse qu’on apprécie. Tu portes la poisse ou quoi Aurélie pour avoir du accompagner des compagnons de route en mauvais état ;-) Je n’ai pas souvenir que ça ne me soit jamais arrivé en fait. Mais c’est vrai que c’est un peu le problème en solo, quand on est vraiment malade, c’est un peu dur de devoir se débrouiller seul, surtout si le moral est bas.
    Je me reconnais également un peu dans ce besoin de solitude, mais j’apprécie également les dortoirs de temps à autre pour en sortir un peu en fait.

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    1. Stéphane Pageau Post author

      Merci Laurent! D’accord avec toi que ce n’est pas facile de se débrouiller seul, quand on est malade. Et moi aussi j’aime alterner entre dortoirs et chambres, pour profiter des avantages de chacun.

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  2. Lily@AilleursSurTerre

    Merci Stéphane de m’avoir permis de m’exprimer ici!

    A Laurent : en tant qu’infirmière, j’attire comme un aimant les malades de tout poil! Les gens bancals, cassés, décousus ou tout simplement les gens mal en point! J’ai donc accompagné en Thaïlande puis au Laos ma meilleure amie atteinte d’une double pneumonie. Et quelques semaines plus tôt, ce fut un ami victime d’une double hernie discale en Inde! L’occasion de découvrir les systèmes de soins asiatiques ;)

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