13 questions sérieuses à Kevin

Kevin (crédit photo: Kevin Bodin)

Kevin, dans un resto de Bangkok (crédit photo: Kevin Bodin)

Goûter les plats typiques d’un pays constitue certainement l’un des plus grands plaisirs de voyager. Toutes ces saveurs, ces odeurs, ces couleurs, ces textures… Par contre, cette quête de découvertes culinaires peut parfois devenir bien compliquée, quand on souffre d’allergies alimentaires. C’est le cas de Kevin Bodin, auteur des blogues Good Morning Vietnam et Sanuk Thai Food. Dans cette première partie d’entrevue, il parle de ses allergies et de leurs impacts sur ses voyages.

Décris brièvement tes allergies.

Bonjour Stéphane, et bien j’ai la malchance d’être allergique aux fruits de mer, et plus précisément aux crevettes, au crabe et autres coquillages.

Quels sont tes principaux trucs pour éviter de te retrouver dans une situation qui pourrait mener au déclenchement d’une réaction allergique?

Cela faisant plusieurs années que mon allergie s’est déclarée, je connais très bien les aliments et autres plats qui sont susceptibles de contenir des fruits de mer. Cela n’est plus un problème pour moi. Et quand je ne suis pas sûr, je demande toujours à quelqu’un de tester pour moi.

Et puis, si je dois réagir, j’aurai en premier lieu des picotements dans la bouche dès le premier contact avec l’allergène. Donc c’est plutôt un bon test pour savoir si je risque quelque chose ou pas.

Après, lorsque je me rends chez des amis, ils savent tous que je suis allergique donc pas de problème de ce côté-là.

Le cas des restaurants est intéressant, car il n’est pas toujours possible de connaître les méthodes de travail des cuisiniers, ni même d’avoir la certitude que ce qu’ils te disent sur celles-ci est vrai. Devant une telle situation, quelles précautions dois-tu prendre quand tu décides d’aller manger au restaurant?

J’ai longtemps eu peur de manger au restaurant. À chaque fois je vérifiais le menu pour voir s’ils ne proposaient pas de fruits de mer, et si c’était le cas, je demandais à ce qu’ils cuisinent mon plat en premier. Bref, c’était souvent beaucoup de stress. Seulement, je ne voulais pas que mon allergie m’empêche de faire comme tout le monde.

As-tu découvert tes allergies avant de commencer à voyager? Si oui, avais-tu des appréhensions face à tes voyages, à cause de celles-ci?

Oui, mon allergie s’est déclarée avant mon tout premier séjour en Asie. Pour te dire, la première fois que je suis allé au Vietnam, ma pote m’a fait flipper en me disant qu’ils ne mangeaient que des crevettes. Je me voyais déjà en train de faire une cure de riz pendant mes 2 semaines de vacances.

Maintenant, ça va beaucoup mieux car je connais très bien la cuisine et les plats qui y sont cuisinés. Et rassure toi, je n’ai pas mangé que du riz pendant 2 semaines.

Tu voyages plusieurs mois par année en Asie du Sud-Est, une région où les fruits de mer font partie intégrante de nombreuses cuisines locales. Comment fais-tu pour éviter d’entrer en contact avec des aliments potentiellement dangereux?

Pour te dire, lors de mon premier voyage, je vivais 24/24 avec ma seringue d’Anapen. En gros, si je mange des fruits de mer, c’est œdème de Quincke et 10 minutes pour aller à l’hôpital avant d’y passer.

Au début, j’avais même fait écrire une phrase en vietnamien par un ami où il était écrit un truc du genre : « je suis allergique aux produits de la mer, veuillez ne pas cuisiner mes aliments dans les mêmes plats. » C’était carrément de la psychose. Lol

Au cours de tes voyages, as-tu déjà vécu des situations où tu as eu une réaction allergique parce que tu n’as pu savoir ce que tu mangeais exactement?

Pour l’anecdote, j’ai même été en contact avec de la crevette sans le savoir. Après avoir bien précisé « No Seafood » au serveur, j’ai commandé un set, dont un bouillon. Après en avoir bu la moitié, j’ai eu la bonne surprise d’y voir des crevettes dans le fond. Gros moment de panique, surtout que je n’avais aucun médoc avec moi. J’appelle le serveur et lui demande pourquoi j’ai des crevettes. Il me répond que ce n’est pas des crevettes d’eau de mer « seafood » mais d’eau douce… Comme quoi, il faut faire super attention aux mots qu’on emploie.

Avec cette expérience, je sais que je ne suis pas allergique aux crevettes d’eau douce, mais ce n’est pas pour autant que je retenterais l’expérience. Sans compter que des situations comme celle-ci j’en ai vécu d’autres, notamment avec le calamar…

Comment parviens-tu à communiquer ta condition quand tu manges dans un pays où tu ne parles pas la langue locale?

En général, c’est plutôt facile lorsque les locaux parlent anglais, et puis quand tu as le menu, tu peux sélectionner ce que tu manges. En revanche, lorsque tu vas dans des coins un peu plus reculés, il devient difficile de reconnaître les plats et les ingrédients utilisés.

Maintenant que j’ai l’habitude, je sais direct comment ils cuisinent donc je n’ai vraiment pas de problème de ce côté-là. Après si je ne connais vraiment pas, je ne préfère pas m’y risquer.

Est-ce que tes allergies influencent le choix de tes destinations?

Eh bien pas du tout, je ne me priverais pas d’une destination juste parce que je ne peux pas avaler une crevette. Je prévois en conséquence, quitte à lister des plats avec lesquels je suis sûr que je n’aurais aucun problème.

As-tu remarqué des différences dans la perception des allergies, selon le pays?

Je dirais que la plupart des gens n’ont pas conscience de ce que représente une allergie de ce type-là. Tu as beau leur dire que s’ils mettent de la crevette dans mon plat, je risque fort d’y passer avant même d’avoir quitté leur resto, ils ne réalisent pas vraiment.

Et puis, ce n’est pas uniquement propre aux pays dans lesquels j’ai voyagé, c’est aussi vrai en France. D’ailleurs, je me méfie beaucoup plus en France que dans les pays asiatiques. Comme quoi.

Si tu n’avais pas d’allergies, quel serait ton plat de rêve?

Crois-moi si tu veux, mais ça fait tellement longtemps que je n’ai pas mangé de fruits de mer que ça ne me manque même plus. Peut-être un bon plat d’huîtres et encore, je ne pense pas y être allergique. C’est ça aussi le problème, c’est de ne pas savoir exactement ce à quoi tu as le droit ou pas. Par exemple, je peux manger de la pâte de crevettes, de la sauce aux huîtres. Ce qui étonnait d’ailleurs mon allergologue de l’époque.

Tu as deux blogues, Good Morning Vietnam (sur le Vietnam, comme son nom l’indique) et Sanuk Thai Food (sur la nourriture en Thaïlande). Pourquoi avoir créé deux blogues au lieu d’en tenir un seul?

Tout simplement, car je ne voulais pas tout mélanger. Ce sont 2 pays différents sur bien des points. J’avais d’ailleurs commencé à traiter la Thaïlande sur Good Morning Vietnam, mais j’ai très vite arrêté.

Un de tes blogues parle de nourriture. Quand tu rédiges tes articles, tiens-tu compte avant tout de tes allergies ou essaies-tu de rejoindre un public plus large, qui ne souffre pas forcément d’allergie? 


J’ai la chance d’avoir une copine qui adore les fruits de mer et autres crevettes. Ce qui fait que je peux faire un retour d’expérience via la sienne. Il serait dommage de ne pas parler de ce pan de la cuisine thaïe, juste par ce que je ne peux pas en manger.

D’ailleurs, beaucoup de voyageurs viennent aussi en Thaïlande pour se faire un bon resto de fruits de mer.

Quels sont tes projets?

Niveau projet, il y a la sortie prochaine d’un guide consacré à la gastronomie thaïe. J’ai passé en revue plus de 100 plats, dont des plats à base de « seafood », des restaurants, des desserts, des spots de street food… En gros, si vous venez en Thaïlande pour manger et vous remplir l’estomac, ce guide vous sera très utile.

La suite de cette entrevue sera publiée ce jeudi

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