Bilan: trois mois sur la route

Teotihuacan

Teotihuacan

Le 3 mars marque mon troisième mois sur la route. J’ai passé plus de deux de ces mois au Mexique. Mon bilan sera donc très mexicain.

Les leçons

– J’ai trouvé mon rythme de voyage: flexible et lent. Ainsi, j’ai passé 7 jours à Guadalajara, 9 à Guanajuato, 12 à Mexico City… et j’aime ça comme ça. J’ai l’impression de mieux profiter de chaque endroit. Et je dois avouer que j’aime travailler sur la route;

– J’ai révisé mon budget quotidien à 40 dollars canadiens par jour, au lieu de 30 (le budget quotidien que je me fixais quand j’étais en Asie). Ce montant inclut l’hébergement (15 à 20 $ par nuit, en moyenne), la nourriture (5 à 10 $ par jour, en moyenne) et le reste, qui va aux sorties, activités, achats de trucs utiles (ex. brosse à dents), etc. L’hébergement et le transport sont de loin mes principales dépenses, mais j’économise sur la nourriture en mangeant dans la rue ou dans des restaurants familiaux peu dispendieux. Et comme la cuisine mexicaine est fantastique, je me réjouis de pouvoir à la fois sauver des sous et goûter des plats délicieux;

Mole poblano, Puebla

Mole poblano, Puebla

– Je ne rencontre presque pas de voyageurs au long cours. Soit je croise des expatriés ou des gens en vacances pour une durée limitée (2 semaines, 1 mois, 2 mois, 3 mois);

– Jusqu’à présent, je n’ai jamais senti de danger au Mexique. Je resterai vigilant quand même;

– Même si mon espagnol s’améliore de façon continue, je mélange parfois des éléments de français et d’espagnol (« sfranish »), d’anglais et d’espagnol (« spanglish ») et de français, anglais et espagnol (« sfranglish »);

– Je ne bois presque plus de café. Pas une mauvaise chose, considérant que, des mois avant mon départ, un médecin m’avait recommandé de diminuer ma consommation;

– Je n’ai toujours pas acheté une seule bouteille d’eau depuis mon départ. Merci SteriPEN;

– Cette chanson de La Quinta Estación est toujours la préférée de mon voyage. Je l’écoute souvent et je ne m’en lasse pas;

Des premières

Quelques premières attendues ce mois-ci, en particulier mon premier gala de lucha libre en sol mexicain, à Guadalajara. J’attendais ce moment depuis des années et il a dépassé mes attentes; ce soir-là, j’ai aussi fait un tour de « bus de party », avec DJ et bar; j’ai suivi un cortège de fête à Guanajuato, une « callejoneada »; j’ai eu ma première rencontre avec un harmonipan, un genre d’orgue de barbarie aux sons irritants qui infeste les rues du centre historique de Mexico City; j’ai vu mes premiers vestiges aztèques, au Templo Mayor; j’ai goûté à ma première lasagne au cactus et j’en voulais plus; j’ai assisté à un cours de dressage de chiens, à Puebla;

Lucha Libre

Lucha Libre

Les meilleurs moments

Ma folle soirée de lucha libre à Guadalajara; mon séjour à Guanajuato, ma tournée des bars là-bas avec une sympathique Bulgare et une bande de Français-es ivres, ma soirée dans un karaoke avec une Couchsurfeuse, mes visites au Museo de las Momias et à la Museo Casa Diego Rivera, entre autres; mon séjour à Mexico City, mes visites au Museo Nacional de Antropología, au Templo Mayor, aux musées sur Léon Trotski et Frida Kahlo, à Coyoacán, entre autres; ma visite à Teotihuacan, légendaire site aztèque; mes trois galas de lucha libre (Guadalajara, Guanajuato et Mexico City); ma soirée à manger des ailes de poulet et boire de la bière à Cholula; toute la bouffe de rue que j’ai mangée; et comme toujours, les gens que j’ai rencontrés;

Guanajuato

Guanajuato

Les pires moments

– À Guanajuato, dans un club, un mec de la ville m’a fait un discours enflammé sur « l’importance de respecter les territoires ». Autrement dit, « bas les pattes sur nos femmes, gringo ». Connard;

– J’ai aidé une Couchsurfeuse qui a dû gérer des situations personnelles très difficiles. Je n’entrerai pas dans les détails, mais elle a vécu en quelques jours deux situations qui peuvent profondément marquer une vie. Je l’ai aidée du mieux que j’ai pu. Ce fut intense. Je lui ai demandé de ses nouvelles par la suite et elle m’a affirmé qu’elle allait très bien, que tout était rentré dans l’ordre. Tant mieux;

– Dans une auberge, j’ai rencontré un mec de 38 ans qui n’arrêtait pas de me parler de sa vie sexuelle. Chaque fois que je le voyais, il sentait le besoin de me raconter ses histoires, malgré le fait que je démontrais une totale indifférence à ses récits. Un matin, au déjeuner, alors qu’il s’apprêtait à partager une autre tranche de ses « exploits », je l’ai interrompu et je lui ai demandé pourquoi il me racontait tout ça, pourquoi il avait tellement besoin que je le valide, pourquoi il s’imaginait que ça intéressait les gens, qu’est-ce que cette manie cachait réellement, etc. Mohamed Ali n’aurait pu réaliser un meilleur K.O. Le mec était tellement sonné qu’il n’a pas parlé pendant plusieurs minutes. Je percevais le hamster qui courait dans sa tête. On a fini le déjeuner dans une ambiance de malaise. Or le soir même, il était saoul et gelé et il essayait encore de se taper les nouvelles arrivantes (alias la viande fraîche) sans discernement, sans montrer le moindre critère de sélection. En outre, il avait même l’air heureux de me voir, comme si on était des amis. Comme quoi mon discours n’avait finalement eu aucun effet. Le lendemain, il s’est surpassé: non seulement il était très saoul et très gelé, mais il crouzait avec tout le charme qu’une voix inarticulée peut générer. Et là, le clou du – minable – spectacle: il a essayé d’embrasser de force une femme qui, visiblement, n’éprouvait aucun intérêt envers lui. Elle l’a repoussé et lui a demandé quel était son problème. Mais la question n’a pas atteint le cerveau de l’australopithèque. Je l’ai ensuite engueulé; une vague lueur de conscience a alors légèrement éclairé ses yeux hébétés. Quelques minutes plus tard, il a disparu, à la grande joie de tout le monde. Quand, à 38 ans, ta seule ambition est digne de celle qu’aurait n’importe quel chat de gouttière, je crois qu’un seul mot peut résumer cette situation: pathétique.

En conclusion

Et voilà. Le 4e mois de ce voyage a commencé à Puebla. Il devrait se dérouler dans le Sud du Mexique. Ensuite, ce sera le Belize ou le Guatemala. À suivre…

12 thoughts on “Bilan: trois mois sur la route

  1. Stéphane Pageau Post author

    Le SteriPEN est fantastique. Pour ce qui est des dames, elles sont capables de se défendre toutes seules. Mais quand un mec ne respecte même pas les femmes, alors parfois ça prend un mec pour lui botter le cul.

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  2. Sixtine

    Je trouve ça intéressant de faire un bilan de ton voyage après 3 mois ! Ça te permets de te souvenir du voyageur que tu étais au début et de voir comment tu as évolué. Et pas cool le gars qui raconte sa vie sexuelle à tous les jours… Enfin bon, les bons moments surpassent les mauvais !

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    1. Stéphane Pageau Post author

      Merci Sixtine! Tu as très bien saisi le but de cet exercice. J’aime aussi montrer les différents aspects d’un voyage, au fil du temps…

      Ce gars était l’un des voyageurs les plus désagréables que j’ai rencontrés dans ma vie. J’espère ne jamais le croiser à nouveau… mais oui, les bons moments surpassent les mauvais.

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    1. Stéphane Pageau Post author

      Ha ha! Stéphane fait très bien l’affaire aussi…

      Belize semble être un pays magnifique… merci Annick!

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    1. Stéphane Pageau Post author

      Merci pour le commentaire, Helena! Mais la prochaine fois, je préférerais que tu n’inclus pas de lien vers ton site, mon blogue n’est pas un espace promotionnel. Merci de ta compréhension.

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  3. Aurélie

    Salut Stéphane,
    C’est une bonne idée de ce bilan. :) Est-ce que cela veut dire qu’il n’y a aucun voyageur au long court au Mexique ? C’est fou ça. Peut-être les voyageurs privilégient l’Amérique du Sud et l’Asie (qui sont en général les régions les plus visitées par les tourdumondistes).
    Cocasse le mec qui raconte sa vie sexuelle… On rencontre de drôle de phénomène en voyage quand même…

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    1. Stéphane Pageau Post author

      Merci pour ton commentaire, Aurélie! Je ne dirais pas qu’il n’y a pas de voyageur au long cours au Mexique, je dis que je n’en ai pratiquement pas rencontrés. Je pense aussi que le Mexique, à part certaines régions (comme le Yucatán), n’est pas une destination aussi populaire que l’Amérique centrale ou l’Amérique du Sud. Et pourtant, le pays a tellement à offrir…

      Je rencontre ce genre de mecs à l’occasion. Ils sont tous désagréables, ils sont tous profondément malheureux, ils ont tous des problèmes personnels non réglés. Ce ne sont pas de mauvaises personnes, mais ils cherchent à compenser un ou des manques dans leur vie par la validation sociale que pourrait leur apporter une vie à la James Bond (du moins, c’est ce qu’ils croient. Mais ils ne réalisent pas que, au fond, James Bond est un être malheureux et pathétique). C’est dommage. J’adore parler de sexe, mais de façon intelligente, honnête et respectueuse, pas à la manière macho.

      Où es-tu en ce moment? Tu as des projets de voyage?

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  4. Tiphanya

    Les lasagnes au cactus me donnent envie. Ma fille regarde un dessin animé où les héros (qui font le tour du monde à vélo) s’arrête dans le sud des Etats-Unis et découvrent combien les cactus sont fantastiques. ça a beau être un dessin animé à vocation pédagogique, y a toujours un moment où tu te dis “ils mangent vraiment les cactus… ?”

    Profite bien de ton rythme plus lent. Je trouve qu’au final on commence à pouvoir dire que l’on a vu une ville et pas seulement ses atouts touristiques que si on prend son temps de s’y ennuyer.
    Bonne continuation

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    1. Stéphane Pageau Post author

      Merci, Tiphanya! Oui, on mange les cactus ici. Ceux que l’on peut manger sont désignés sous le nom de « nopales » dans les menus; on prend les « feuilles », on enlève leurs épines, on fait bouillir ces « feuilles » quelques minutes et on peut ensuite les cuisiner. La texture me rappelle celle du poivron vert, mais le goût est plus prononcé. J’aime bien.

      Merci pour tes bons mots! J’en profite. Moi aussi je préfère partir quand je sens qu’il est temps de vivre autre chose, pas quand je dois suivre un plan.

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