Agression à Granada

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L'avertissement émis par notre auberge, au lendemain de notre agression.

L’avertissement émis par notre auberge, au lendemain de notre agression.

J’ai déjà écrit sur les vols dont j’ai été victime, en voyage (1 et 2). Chaque fois, ce ne fut pas trop grave, je n’ai que perdu mon appareil photo, je n’ai pas été blessé. Mais dans la nuit du 26 juillet 2015, à Granada, au Nicaragua, pour la première fois de ma vie, j’ai été attaqué par des bandits.

La chaîne des évènements

J’étais avec une amie, on revenait de la Calle Calzada, la zone festive, on était devant notre auberge (Hostel Oasis), on terminait une conversation quand, tout d’un coup, j’ai senti un homme passer son bras autour de mon cou. Il voulait m’étrangler et me retenir, pendant que son complice s’en prenait à mon amie. J’ai aussitôt appliqué une technique apprise lors de mes cours de kung fu: donner des coups de coude dans les côtes de mon assaillant, tout en tournant sur moi-même afin de lui faire perdre l’équilibre. Ça a fonctionné. Mon assaillant est tombé par terre. Visage contre le sol, les jambes bien écartées. Et je lui ai ensuite donné un coup de pied dans les schnolles. De toutes mes forces. Sur un terrain de football américain, j’aurais réussi un placement de 57 verges. Mais ici, dans la vraie vie, j’ai réussi le plus impressionnant botté d’une verge… ever.

Le soir tombe sur Granada...

Le lieu de l’agression

Je me suis alors tourné vers l’autre assaillant. Il fuyait déjà à moto, avec le sac de mon amie. Elle est donc partie à courir vers lui… et elle a trébuché, en raison de ses sandales. Elle s’est alors blessée, elle a subi plusieurs éraflures. Mon assaillant avait quant à lui profité de cette diversion pour fuir. La police est arrivée à peine une minute plus tard. Deux employés de mon auberge sont aussi sortis pour comprendre ce qui venait de se produire. C’était la confusion totale. On est alors entrés dans l’auberge; la police ne pouvait pas grand chose pour nous.

En fin de compte, plus de peur que de mal.

En fin de compte, plus de peur que de mal.

Je n’ai pas eu peur, au moment de l’agression, tout comme chaque fois j’ai été volé. Mais le lendemain, j’étais sonné, je prenais conscience des risques insensés encourus. J’ai alors discuté avec mon amie, on a décanté tout ça ensemble et on a fini par en rire. On a choisi de ne pas se laisser abattre par cet incident. En outre, selon la gérante de mon auberge, d’autres agressions ont été commises ce soir-là dans le quartier. Un voyageur aurait même été pourchassé jusque dans son auberge par son assaillant!!!! Je n’avais jamais entendu une histoire semblable. Ceci dit, Granada reste toujours une ville formidable à mes yeux. Cet incident ne gâchera pas mes impressions, mes souvenirs de l’endroit.

Avec du recul

Maintenant, je ne recommande pas le combat, je ne le recommanderai jamais, car c’est une option de dernier recours. Mais quand j’ai réalisé que mon amie pouvait être en difficulté, j’ai pété les plombs et, instinctivement, je me suis rappelé de la technique appropriée, même si ça faisait presque quatre ans que je ne l’avais pas pratiquée. Ce fut une décision éclair. Je n’ai pas réfléchi. Je ne pouvais juste pas laisser les choses aller plus loin. Je ne le voulais pas. Et j’ai agi, malgré les énormes risques que comportait cette décision. Les choses auraient pu tellement déraper. Bon, mon amie s’est fait voler son téléphone intelligent, elle a eu quelques éraflures, mais, en fin de compte, on s’en est bien tirés tous les deux.

Un savoir qui implique de grandes responsabilités

Un savoir qui implique de grandes responsabilités

J’ai perdu une innocence cette nuit-là; je ne crains plus autant la violence. Je sais que je peux la maîtriser. J’ai constaté que mes années de kung fu ont laissé une trace profonde en moi et que, si nécessaire, à l’avenir, je saurai comment me défendre, comment me sortir de telles situations. Ou à tout le moins, je saurai que j’aurais une chance de m’en tirer indemne. Ça me rassure autant que ça me terrifie, parce que la violence est un pouvoir tellement immense, tellement redoutable, un pouvoir qui implique tant de responsabilités. À partir de maintenant, je devrai m’efforcer de ne jamais oublier une réalité toute simple: je ne suis pas invulnérable. Je n’ai pas le droit de négliger les dangers posés par tout acte violent. Je ne peux agir par orgueil, par bravade, je ne peux défier la vie juste pour éprouver la sensation de puissance qui accompagne la victoire contre l’assaillant. J’aime trop la vie pour chercher à la risquer dans de puériles mais dangereuses péripéties. Je réfléchis beaucoup, depuis cet incident, il m’a forcé à réévaluer mes croyances. Je ne dirais pas que je suis heureux d’avoir été agressé, mais je dois admettre que je suis aujourd’hui un homme plus sage, plus conscient. Et si c’est le meilleur que je puisse tirer de cette mésaventure, alors je vais l’apprécier. Mais, malgré cette nouvelle sagesse, j’espère ne jamais revivre une telle expérience. Le jeu n’en vaut pas la chandelle.

4 thoughts on “Agression à Granada

  1. Ameloche Voyage

    Je viens de lire ton histoire, en effet le principale est qu’il n’y a rien de grave.
    Mais tu penses qu’il faut faire attention pour conserver son cellulaire et son appareil photo ? Car j’ai envie quand même de prendre des photos quand j’ai envie mais je ne veux pas perdre tous mes souvenirs.

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    1. Stéphane Pageau Post author

      En fait, je pense que la ville est plutôt sécuritaire, de façon générale, mais il faut tout de même rester vigilant. Les précautions habituelles s’imposent donc. Et si tu sors le soir, essaie de le faire en groupe et de rester en groupe quand tu te déplaces. Pour le reste, profite bien de la ville (et de la Calzada, surtout), amuse-toi à prendre des photos. Si tu as des questions, n’hésite pas, j’ai passé trois semaines là-bas (et dans la même auberge, en plus).

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  2. Lauriane

    Oh dis donc… en effet c’est le meilleur conseil; se laisser faire et ne pas résister. Mais sur le coup (ça ne m’est jamais arrivé) j’imagine que ce n’est pas si facile que ça.

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    1. Stéphane Pageau Post author

      Ça dépend vraiment des situations, mais coopérer règle habituellement les problèmes. Mais bon, on ne choisit pas ce qui arrivera, dans ces cas-là… alors mieux vaut tout faire pour les éviter. Merci Lauriane!

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