Tout a commencé par une cigarette

Et c’est un départ…

**Les conversations ont été traduites de l’espagnol, sauf indications contraires

Je ne fume pas. Et pourtant, j’ai fumé une cigarette entière dès mon arrivée à Cuba, le 6 juin 2017. Après deux vols sans histoire (YUL-YYZ et YYZ-HAV), je suis arrivé à La Havane. J’ai franchi l’immigration avec l’agilité d’un jeune Rey Mysterio Jr. (pour exemple, voir ci-dessous son match contre Eddie Guerrero au gala Halloween Havoc 1997) et j’ai récupéré mon sac à dos enregistré. D’ailleurs, on ne le dira jamais assez: le soulagement, le vrai, c’est de voir son sac à dos apparaître sur le convoyeur.

J’ai ensuite changé de l’argent, au bureau de change situé tout juste à la droite de la sortie de l’aéroport international José-Martí (et non celui au deuxième étage). Interminable file d’attente dans la chaleur épaisse comme une coulée de mélasse. L’humidité me léchait comme un chien trop enthousiaste. Je suais. Et même dans des régions de mon corps peu habituées à la sudation. Vint enfin mon tour. J’ai changé mes dollars canadiens pour des pesos convertibles (CUC). Cuba compte deux monnaies officielles: le peso cubain convertible (CUC) et le peso cubain (CUP). Je reviendrai sur le sujet dans un billet plus pratico-pratique. Là, je veux pérorer.

Changement d’avion à Toronto… j’approche de La Havane.

Bref, un homme m’avait vu attendre dans la file. Comme il se doutait que je n’allais pas dormir sur le terrain de l’aéroport, il m’a proposé un taxi. Comme de fait, j’en avais besoin d’un. Comme de fait, je subodorais que le prix allait être trop élevé. D’autant plus qu’il était passé 23 heures.

– Taxi?
– Peut-être. Combien pour aller à telle adresse?
– 30 CUC (environ 38.93 $ CAN).
– C’est 25 (environ 32,44 $ CAN).
– C’est 30.

Je voyais déjà où ça me mènerait. Dialogue de sourds qui aurait pu se poursuivre pendant de longues et inutiles minutes. Il possédait la voiture, il connaissait tous les autres chauffeurs dans le secteur, je ne savais rien de ce même secteur, il faisait noir, j’étais baisé. J’ai cédé.

– OK. Allons-y.

On s’est dirigés vers sa voiture. Une fillette s’y trouvait déjà.

– Je te présente ma fille.
– Allo.

Pas de réponse, seulement un regard en coin, soit la réponse typique d’une fillette gênée par l’arrivée d’un inconnu dans son univers. Je n’ai pas insisté. Je me suis assis à l’arrière.

– Tu veux une cigarette?

Je n’avais pas fumé de cigarette depuis, oh, disons, mes folles années d’université. Jadis, je prenais à l’occasion quelques bouffées pour faire rire mes ami-es, car je manie la cigarette avec toute l’élégance d’une personne qui feint l’expertise dans un domaine qu’elle ne connaît pas. Cary Grant se retourne dans sa tombe chaque fois que je fume.

– Oui, bien sûr.

Il m’a tendu le paquet, j’ai pris une cigarette. Je me suis senti comme un adolescent en train de braver un interdit parental. Sauf que j’étais alors à la fois le parent et l’adolescent. Je lui ai rendu le paquet, j’ai emprunté son briquet et j’ai allumé. Première bouffée.

On ne peut fumer dans un avion, mais on peut boire pour passer le temps…

C’était bon.

Vraiment.

– Wow… d’habitude, je ne fume pas, mais c’est bon.
– Cuba a le meilleur tabac au monde.

Je fumais, fenêtre entrouverte, tout en essayant de ne pas envoyer de cendres dans la voiture. Perdu dans mes pensées, entre deux échanges sur le fait que le Canada est un pays où le frette conditionne le quotidien, je savourais cette fumée que, d’ordinaire, je fuis sans effort. Chose étonnante, je ne me suis pas étouffé une seule fois. Je dirais même que j’ai apprécié mon expérience. Quelque part, Cary Grant souriait, fier de constater que je n’étais pas si plouc que ça.

Puis, après environ trente minutes de route, on est arrivés à mon auberge, à la frontière entre les quartiers Vedado/Centro Habana. J’ai payé l’homme, je lui ai donné un pourboire, j’ai ramassé mes sacs à dos et je suis descendu du véhicule. Et c’est ainsi que mes aventures cubaines ont commencé. Par une cigarette.

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