13 questions sérieuses à Jennifer

Jennifer (photo prise par Laure Caillot)

Beaucoup de blogues ont été créés dans le simple but de raconter un voyage. Je sais de quoi je parle, j’ai lancé La page à Pageau pour cette raison. Dans la grande majorité des cas, une fois revenus à la maison, les auteurs de ces blogues cessent de les alimenter. C’est qu’écrire en voyage et écrire sur les voyages sont deux choses distinctes, quoique souvent reliées. Or certaines personnes éprouvent autant de facilité à écrire sur l’une que sur l’autre, car elles ont assimilé cette distinction. Ainsi, entre deux voyages, Jennifer a créé Moi, mes souliers… Ce site québécois « […] se veut un lien de partage pour les globe-trotters de ce monde », car, selon elle, « [i]l existe trop peu de sites de voyage francophones non spécialisés dans un type de voyage ou pour un type de voyageur! ». Je suis bien d’accord avec cette observation. C’est pourquoi j’ai demandé à Jennifer de bien vouloir nous exposer plus longuement son point de vue dans le cadre d’une entrevue. Vous trouverez donc ses réponses ci-dessous. Bonne lecture.

– Pourquoi voyager?

Pour découvrir ce qui existe ailleurs, pour se confronter à d’autres réalités et à d’autres mentalités de façon respectueuse et ne pas avoir le choix d’y réfléchir alors qu’à la maison on passerait peut-être à autre chose. Pour changer d’air, de routine, de bonheur et de malheur. Pour grandir et penser autrement.

– Quels voyages as-tu effectués?

J’ai d’abord fait quelques voyages avec mes parents (au Québec, en Colombie-Britannique, à Walt Disney World), mais la vraie piqûre, la folie du voyage, je l’ai attrapée lors d’un voyage à Paris pendant mes études secondaires. Après, je ne cessais de rêver d’ailleurs!

J’ai visité l’Allemagne au cégep et j’ai pris quelques mois sabbatiques pour parcourir l’Europe en solo, avec mon sac à dos (République tchèque, Allemagne, Autriche, Suisse, Belgique, Hollande). J’en suis revenue chroniquement insatisfaite et ma liste ne fait que s’allonger depuis!

En 2006, j’ai vécu 5 mois en Allemagne et j’ai voyagé dans plusieurs pays (Suisse, France, Belgique, Irlande, Autriche). Ensuite, une amie est venue me rejoindre et nous avons passé trois semaines en République tchèque, en Hongrie et en Slovaquie.

J’ai également été 3 semaines en Espagne et 1 semaine aux Antilles (Cuba) en 2008 et 2 semaines en France en 2009. Faute de pouvoir faire d’autres longs voyages, j’ai profité de longues fins de semaine pour visiter plusieurs villes des États-Unis (New York, Boston, Philadelphie).

Cette année, j’ai vécu une expérience incroyable que j’attendais depuis longtemps : un safari-photos au Kenya et en Tanzanie! Quelle merveille!

– Quelles leçons ces voyages t’ont-elles apprises?

D’abord, j’ai appris qu’il faut arrêter de croire que pauvreté rime nécessairement avec malheur. Je n’ai jamais vu autant de sourires qu’en Afrique. Mes aventures m’ont également apporté beaucoup de culture, d’indépendance, de capacité à me débrouiller, de facilité à socialiser, mais, surtout, une envie de comprendre, de poser des questions, de me mettre dans la peau d’une personne différente plutôt que de la juger. Je suis plus ouverte à ce qui se passe autour de moi.

– Comment ces leçons s’inscrivent-elles aujourd’hui dans ton quotidien
?

Parfois, on ne se rend pas compte des leçons qui influencent notre comportement ou nos pensées et je crois que c’est mon cas. Je suis revenue changée, passionnée, rêveuse et chaque jour, j’apporte une partie de la mentalité décrite à la question précédente avec moi au travail, dans le métro, dans mes rencontres, etc. Je ne saurais te dire exactement en quoi ou comment, mais un voyage ne laisse jamais indifférent. Il nous suit et les leçons, souvenirs, images et odeurs restent avec nous toute notre vie. C’est d’ailleurs ce que je réponds à ceux qui me disent souvent qu’un voyage est un plaisir éphémère, qu’une fois le périple terminé, plus rien, alors il vaut mieux acheter une maison ou une auto avec le montant déboursé. C’est totalement faux!

– Quelles ressources utilises-tu dans la préparation de tes voyages?

D’abord, je suis une grande consommatrice de romans et récits de voyage, d’émissions et de conférences. J’en tire donc une grande inspiration et c’est de là que germent la plupart de mes idées. Lorsque le projet de partir devient plus concret, j’achète un guide de voyage (généralement Lonely Planet on a Shoestring, s’il existe pour l’endroit visé) et je le lis en entier, même les sections ennuyantes. Je consulte ensuite des sites, blogues et autres ressources en ligne pour approfondir mes informations. À mon avis, la meilleure source est un voyageur comme toi et moi qui relate son expérience réelle, non révisée avant publication.

Pour les plus longs séjours, je crée un chiffrier Excel (sans commentaire… hihihi!) avec les endroits à voir, les prix, les budgets à prévoir, etc. Je compile toutes les informations utiles dans ce fichier et j’imprime les feuilles avant de partir. Par contre, une fois sur place, je conserve une totale liberté et j’y vais au jour le jour. Je me sers de mon fichier uniquement à titre de référence, comme mon guide à moi de choses que je voudrais voir.

Pour les aspects techniques, ma meilleure ressource est ma super agente de voyage et amie de mon cœur, Marie-Pier des Voyages MV. Elle me remet sur les rails côté finances et est presque toujours prête à m’accompagner dans mes délires. 

– Qu’est-ce qui t’a poussée à créer Moi, mes souliers…?

a) Au fil de mes recherches préparatoires, j’ai souvent constaté que les ressources québécoises et francophones sont plutôt rares. Il m’est arrivé de trouver de l’information uniquement en anglais et ça me décevait chaque fois.
b) Je travaille dans le grand monde corporatif et j’œuvre dans un domaine qui n’a rien à voir avec mes passions premières (langues, cultures et voyages). Je cherchais un exutoire et une façon de rester groundée à mes amours.
c) J’adore écrire et j’avais envie de partager mes histoires.

a+b+c = Moi, mes souliers…

– La question que tout le monde se pose: pourquoi le nom Moi, mes souliers?

En décidant de créer le site, je cherchais désespérément un nom. J’ai demandé de l’inspiration par-ci, par-là, et Moi, mes souliers… est ressorti. Comme j’adore la chanson du même nom [une chanson de Félix Leclerc] et que l’image des souliers exprime bien le voyage, je n’ai pas cherché plus loin!


– Quand on lit ton blogue, on sent ta volonté d’en faire une ressource incontournable sur les voyages. Quels sont tes objectifs par rapport à Moi, mes souliers…?

L’objectif premier est que Moi, mes souliers… conserve des proportions humaines, qu’on puisse y lire des histoires qu’on aurait pu vivre et écrire soi-même. Également, je voudrais que le site devienne une référence incontournable et que les gens répondent « Moi, mes souliers » lorsqu’on leur demande où ils s’inspirent et trouvent de l’information pour leurs voyages.

– Ton blogue a une apparence soignée et un ton professionnel, comme le démontre l’accent mis sur la qualité du français. Selon toi, quelles compétences doit posséder une personne qui souhaite créer un blogue plus sérieux, surtout dans un domaine aussi vaste et populaire que les voyages?

Selon moi, un blogueur et un éditeur de site Web sont deux fonctions différentes, mais les compétences requises sont les mêmes. L’essentiel est d’abord de trouver sa spécialité, le créneau et l’objectif du site ou du blogue afin de se démarquer des autres. Tout a déjà été fait de nos jours, alors il faut être certain de varier ses méthodes.

De plus, il est important d’être humain, professionnel et de posséder des compétences rédactionnelles. Rien ne me dérange plus en pleine lecture que des fautes d’orthographe horribles, en effet! Si on est moins doué de ce côté, il faut se trouver un ami réviseur!

Des notions de programmation s’avèrent également très pratiques, mais ça s’apprend aussi (si j’en suis capable, tout est possible!).

Dans le fond, il faut être un peu fou et passionné et ne pas compter ses heures pour réussir!

– Tu invites tes lecteurs à participer à ton blogue. Pourquoi?

Parce que Moi, mes souliers…, ce n’est pas pour moi, c’est pour tout le monde. Je ne saurais prétendre avoir la science infuse et avoir tout vu. Comment pourrais-je faire du site une plateforme variée si les articles ne traitaient que de ma propre façon de voyager et de mes propres expériences? Je pense que plus les sources d’informations sont variées et proviennent de types de voyageurs variés, mieux c’est!

Par exemple, je ne suis pas attirée par le voyage sportif ou la randonnée, alors comment pourrais-je en parler mieux que quelqu’un qui en raffole? C’est la même chose pour un pays que je n’ai pas encore eu la chance de visiter!

Et, entre nous, j’ai encore tant de choses à apprendre de tous les autres aventuriers!

– Puisque tu y es activement impliquée, que penses-tu de l’état actuel de la communauté francophone des blogueurs de voyage?

Elle n’est certes pas aussi faible qu’elle était en 2003 quand j’ai commencé mes recherches pour mon tour d’Europe. Avec la contribution des médias sociaux, les ressources francophones sont à la hausse et il existe de plus en plus de blogues et de sites de voyage intéressants et bien construits. Je pense aussi que la facilité avec laquelle on peut se créer un blogue personnel pour la famille et les amis a contribué à cet essor. Il reste toutefois du travail à faire pour concurrencer sérieusement nos voisins du sud!

– Quels sont tes projets de voyage?

Je pars en Italie pour un voyage mère-fille de trois semaines le 23 septembre prochain. Ma mère n’a jamais mis les pieds en Europe et c’est pour moi l’occasion de lui faire comprendre ma maladie du voyage. Je suis contente de pouvoir lui faire découvrir le Vieux-Continent et peut-être lui transmettre ma passion!

À plus longue échéance, j’ai l’intention de partir en tour du monde pendant 8 à 12 mois, mais disons que j’en suis encore au stade des économies!

– Quand tu voyages, combien de paires de souliers apportes-tu habituellement?

Hum, je sens un petit jeu de mots avec mon site ici, n’est-ce pas? En fait, je ne suis pas une vraie fille, donc je laisse à mon chum le plaisir de la collection de chaussures!

Quand je pars, j’y vais selon la saison. Généralement, une paire de sandales et une paire de chaussures de marche se retrouvent dans mon sac à dos, sans plus. Toutefois, les gougounes sont également de mise lorsque je prévois aller à la plage ou prendre des douches dans des endroits moins chics, mais je suis incapable de me promener avec ce genre de souliers comme le font pourtant tant de backpackers!

La suite de cette entrevue sera publiée ce jeudi.

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