Bilan: six mois plus tard

Six mois. La moitié d’une année. Déjà. Autant je trouve que ça a passé vite, autant je vois tout le chemin que j’ai parcouru depuis le début de mon tour du monde. J’ai l’impression d’avoir vécu assez d’expériences pour remplir quelques années de vie “normale”. C’est donc le moment d’un bilan:

Les leçons

Coucher de soleil sur Chiang Mai

Après des mois sur la route, j’ai appris à mieux deviner les gens. C’est une habileté très importante, en voyage. Il faut savoir à qui l’on peut faire confiance: l’issue heureuse de plusieurs situations repose sur cette habileté. L’intuition constitue souvent le seul outil à notre disposition pour évaluer les intentions réelles des personnes rencontrées, surtout lorsqu’on n’a que quelques instants pour effectuer cette évaluation. Or, maintenant, je perçois sur-le-champ le degré d’amitié possible avec une personne que je viens de rencontrer. Sans tomber dans de farfelues théories ésotériques, je ressens une certaine énergie quand je croise quelqu’un avec qui je partage des affinités. Une énergie très agréable, un chaud rayonnement qui circule entre nos regards. Je reconnais à coup sûr ce rayonnement, je le recherche, car il garantit des relations avec un fort potentiel d’amitié.

Wat Chedi Luang Wora Wiharn (Chiang Mai)

Bien sûr, l’intuition n’est pas infaillible et on peut faire des erreurs de jugement. Pire, parfois, ces intuitions peuvent revêtir l’apparence de préjugés. C’est déplorable, d’un certain sens, mais en même temps, mieux vaut mal juger et faire une erreur de bonne foi (quitte à s’excuser, le cas échéant) que de ne pas avoir assez jugé et se retrouver dans la merde.

Gentil éléphant, près de Chiang Mai.

Aussi, je suis devenu un lève-tôt. Après avoir été un lève-tard pendant des années (à vrai dire, depuis mes années universitaires), j’ai maintenant changé de camp. Je me réveille en même temps que le soleil se lève. Je n’aurais jamais cru cela possible, avant mon voyage. J’adorais faire la grasse matinée. Prendre mon temps pour sortir du lit. Aujourd’hui, si je me réveille à 8 h, je me trouve paresseux. Dans le fond, c’est une bonne chose: dans plusieurs pays, le matin constitue le meilleur moment pour effectuer certaines activités, car la chaleur n’est alors pas encore accablante. Et je dois avouer que les rayons du soleil matinal possèdent un éclat magnifique.

Des premières fois

La plage à Mount Lavinia

J’ai suivi un cours de yoga anusapara à Chiang Mai, cours donné par un sympathique Torontois (on a bien sûr échangé des blagues sur nos équipes de hockey respectives). C’était plus difficile que ce à quoi je m’attendais. J’ai bien aimé. Je serai ouvert à en essayer différentes écoles; j’ai fait du rafting pour la première fois, soit du rafting en eaux vives et du rafting sur un radeau de bambou. Sans surprise, j’ai préféré celui en eaux vives. Plus intense; j’ai lu un livre au complet en une journée (L’ultime secret, de Bernard Werber). J’ai ainsi dévoré environ 370 pages en cinq heures, durant le trajet en bus entre Sukhothaï et Bangkok; j’ai ressenti une température de plus de 40 degrés Celsius à l’ombre, à Chiang Mai. Mon record précédent était de 38 degrés Celsius, un jour de juillet 2010 (je crois) à Montréal, alors que je me rendais au travail, dans le centre-ville; je me suis baigné dans l’océan Indien, à Mount Lavinia, au Sri Lanka. Il avait plu la journée de mon arrivée, mais le lendemain matin, j’ai profité d’une éclaircie pour me tremper les pieds dans l’eau salée; j’ai fait une première vraie épicerie depuis le début de mon voyage, à Mount Lavinia. Elle n’était pas digne des courses que je fais quand je suis à Montréal, mais l’esprit y était; j’ai été entouré par un groupe de macaques à toque, à Dambulla. Ils sont sortis des fourrés pour se regrouper sur un chemin, avant de tous repartir dans la même direction, à travers un buisson; j’ai visité une plantation de thé à Ella et une usine de transformation du thé à Haputale.

Les meilleurs moments

Plantation de thé à Ella

Ce fut un mois bien garni en moments d’excellence, tels que les trois délirants jours de Songkran, à Chiang Mai; mes deux semaines de voyage avec Isabelle; mes retrouvailles avec Yu Pei, à Chiang Mai, plus de deux mois après notre première rencontre à Phnom Penh; le souper BBQ avec une bande de jeunes Thaïlandais, à Chiang Mai; ma rencontre avec Kirana, une Couchsurfeuse de Bangkok; ma première baignade dans l’océan Indien; la soirée passée avec Fernando, un propriétaire de dépanneur de Kandy; ma visite de Sigirîya; ma visite du Temple du rocher et du Temple doré de Dambulla; ma rencontre avec un groupe de macaques à toque, sur un chemin de Dambulla; ma visite des sites archéologiques de Polonnaruwa à vélo; ma promenade à vélo sur des chemins secondaires de Polonnaruwa, durant laquelle j’ai vu des gens se baigner dans un canal, m’envoyer la main et me saluer avec enthousiasme; ma rencontre avec un Sud-Africain dont la grand-mère a aidé Nelson Mandela à organiser des rencontres politiques clandestines; mes nombreuses conversations avec des Sri Lankais; ma promenade à travers une plantation de thé d’Ella pour parvenir au sommet d’une montagne dominant une vallée; le trajet en train entre Ella et Haputale; ma visite d’une usine de transformation de thé à Haputale; mon trajet en train entre Haputale et Negombo, dans un wagon bondé, durant lequel des jeunes sifflaient et hurlaient à chaque passage dans un tunnel; ma soirée à Negombo passée à boire de l’arrack avec Rob, un Californien, tout en écoutant Rome, un Sri Lankais, nous parler de son expérience de la guerre civile qui a déchiré le pays; ma rencontre à Kuala Lumpur avec Daniela, une Chilienne avec qui je partage un vif intérêt pour la scène pop/rock en espagnol (surtout celle de l’Argentine).

Les pires moments

Mon engueulade avec un chauffeur de tuk tuk de Kandy fut un moment plutôt merdique; on avait convenu d’un prix pour aller à ma maison d’hôtes et, une fois à destination, il me demande le double. Dix minutes et quelques menaces d’appeler la police plus tard, je lui ai finalement donné l’argent en lui disant de partir, en précisant que je ne voulais pas le revoir et que je ne le remerciais pas. Or le lendemain, il me voit dans les rues de Kandy et il vient me voir, souriant, enthousiaste, et il se met à me parler comme si on était amis. J’ai été glacial avec lui. J’espère qu’il a compris que le respect va dans les deux sens. Connard.

Haputale

J’ai aussi peu apprécié ma rencontre avec un Sri Lankais complètement saoul, un matin à mon auberge de Polonnaruwa. Un ivrogne, c’est internationalement désagréable.

En conclusion

Les six premiers mois de mon tour du monde ont été très riches en expériences de toutes sortes. Je ne sais pas encore exactement pendant combien de temps je continuerai de voyager, mais je sais ceci: j’ai encore le goût de vivre des tonnes de nouvelles péripéties. Et c’est que je ferai.

18 thoughts on “Bilan: six mois plus tard

  1. Corinne

    Ah oui, apprendre à faire confiance (ou non) en un clin d’oeil :) Un truc salvateur sans lequel je ne sais pas comment j’ai pu vivre jusqu’ici! Sans parler de l’impression d’avoir vécu 3 de mes vies précédentes! Contente de voir que tu profites à fond :) Et puis désolée de t’avoir raté, ouin ouin ouin.

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    1. Stéphane Pageau Post author

      C’est vraiment une habileté essentielle, c’est très important de la développer, surtout lorsque l’on voyage dans des pays où les risques en tous genres sont plus grands. Elle peut nous aider à éviter bien des ennuis. Et elle peut aussi nous aider une fois qu’on est revenus chez soi. On ne sait jamais ce qui peut nous arriver, après tout.

      Je pense qu’un voyage réussi ne se mesure pas en temps, mais en densité. C’est pour ça que, oui, j’en profite à fond. Je sais que tu me comprends là-dessus.

      Ha ha… je devrais te punir de m’avoir raté; je m’achèterai donc un fusil à eau et je t’arroserai généreusement quand je te croiserai enfin, peu importe où, peu importe le moment de l’année.

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    1. Stéphane Pageau Post author

      Oui, j’ai de la difficulté à réaliser que cela fait déjà six mois que je suis parti. Merci pour tes bons mots et merci de me lire. À plus.

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    1. Stéphane Pageau Post author

      C’est tellement vrai: quand je travaillais, je pensais beaucoup à ce voyage, je me disais que j’avais beaucoup de temps pour tout planifier, etc. J’ai aujourd’hui l’impression de l’avoir rêvé pendant tellement longtemps, alors que, maintenant que je suis sur la route, je ne vois pas le temps passer, tout va très vite, tout est un tourbillon. C’est génial, mais c’est un rythme tellement différent de celui qui caractérisait ma vie pré-voyage. Bonne observation, merci.

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  2. Tiphanya

    Je découvre discrètement mais là, une question me taraude : as-tu appris à faire la sieste en apprenant à te lever tôt ? Car c’est en général l’atout des pays chauds en journée : un temps de calme un peu partout, idéal pour piquer du nez… (à moins que ce ne soit pas l’habitude en Asie)

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    1. Stéphane Pageau Post author

      Non, je ne fais jamais de sieste. J’ai essayé, mais j’ai généralement trop d’énergie pour être capable de m’arrêter en milieu de journée. Je fais alors des trucs plus décontractés, comme écrire. Je me lève tôt surtout parce que je me couche plus tôt que d’habitude.

      Mais tu as raison, beaucoup de gens en Asie font la sieste en après-midi, d’après ce que j’ai pu voir. À tout le moins, tout tourne au ralenti jusqu’en fin d’après-midi. Dans les grandes villes (ex. Bangkok), par contre, l’intensité ne semble jamais s”estomper.

      Merci pour ton commentaire. J’invite par ailleurs mes lectrices et lecteurs à découvrir ton blogue: http://avenue-reine-mathilde.over-blog.com/

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      1. Tiphanya

        Merci pour cette petite pub.
        C’est marrant, je m’attendais à plus de “pause” dans les villes, du genre beaucoup de magasins fermés.
        J’ai passé un mois en Malaisie, mais je n’arrive pas à m’en souvenir. Par contre je confirme, les formalités à l’arrivée à Kuala Lumpur sont hyper bien gérés. Pas d’attente, une sortie très rapide, une arrivée tout en douceur (mais tout s’est vite compliqué quand j’ai cherché à comprendre comment acheter un billet de train/métro sur une machine automatique).

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        1. Stéphane Pageau Post author

          Y a pas de quoi! Merci pour tes commentaires. C’est vrai que les machines automatiques demandent une certaine capacité de compréhension.

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