13 questions sérieuses à Julie

Parfois une passion peut nous mener loin, littéralement. Ce fut le cas pour Julie Sénécal, pagayeuse au sein d’une équipe championne de bateau-dragon. Ce qui au départ n’était qu’une activité pour le plaisir s’est transformée en véritable passion. Julie a ainsi participé à plusieurs compétitions internationales, grâce à sa passion. Voyager pour le plaisir et voyager pour prendre part à une compétition sont deux choses bien différentes, comme vous le constaterez dans l’entrevue qui suit. Incursion dans l’univers des compétitions sportives internationales.

Pourquoi le bateau-dragon?

J’adore l’eau! C’est simplement ma passion, tirer de l’eau. Que ce soit le bateau-dragon, le kayak d’eau vive ou la natation, je suis bien lorsque je suis près de l’eau. C’est une amie qui m’a fait découvrir le bateau-dragon, il y a maintenant six ans. Aussitôt assise dans l’embarcation j’ai tout de suite adoré. C’est un véritable sport d’équipe qui demande le maximum de tous les pagayeurs au même moment. La gloire et la défaite sont vécues par tous, de façon égale. Il n’y a pas de superstar dans une équipe, car nous avons tous la même tâche : faire avancer le bateau. Pendant les courses on réussit à puiser l’énergie de ses partenaires et à faire confiance en leur effort et leur capacité. Le bateau-dragon fait appel à des valeurs de confiance, de partage et d’entraide.

Comment en es-tu venue à faire des compétitions internationales de bateau-dragon?

C’est en faisant la connaissance de mon entraineur, Julie Beaumont. Elle s’occupait de l’équipe Adrénaline Women. À l’époque, je cherchais une équipe un peu plus compétitive, soit qui était inscrite à trois ou quatre compétitions par année. J’ai donc fait la connaissance des membres de l’équipage et j’ai décidé de rester, sans trop connaître les objectifs du Club.

C’est seulement après quelques semaines qu’une des membres de l’équipe me dit : « Julie, on va se qualifier au championnat canadien pour les mondiaux. Tu verras, on ira en Chine ! » À ce moment, je n’y croyais pas vraiment, mais j’aimais l’idée et surtout son enthousiasme. Petit à petit, je devenais meilleure en entrainement, autant sur l’eau qu’en salle de gym. J’ai donc pris goût à la compétition et j’ai commencé, moi aussi, à croire aux mondiaux.

Quelle est ton expérience en matière de compétitions internationales?

Je reviens tout juste de mon troisième championnat du monde. J’ai participé à deux championnats par équipage et un autre par pays. En 2010, mon équipe et moi nous sommes classées 4e au mondiaux de Macau en Chine. En 2011, j’ai fait partie de l’équipe nationale et nous avons remporté l’or à Tampa Bay, aux États-Unis. Cet été, les mondiaux par équipe étaient à Hong Kong, véritable capitale du bateau-dragon. C’est comme participer à la Coupe Stanley à Montréal [le trophée le plus convoité de la Ligue nationale de hockey]. Nous avons gagné la médaille de bronze au 500 mètres.

Quelles sont les ressemblances et les différences entre un voyage pour le plaisir et un voyage pour une compétition?

La spontanéïté. Lorsque l’on voyage pour le plaisir, on ne se pose pas de question. Un voyage de compétition est tellement différent. On doit s’assurer d’être au meilleur de sa forme dans des conditions totalement différentes. Il y a tant de facteurs qui peuvent affecter la performance. D’abord le décalage horaire, la nourriture, la température, le soleil…. [on se pose des questions comme] Est-ce que je peux goûter à ça? Est-ce que j’ai bu assez d’eau? Je ne peux pas trop marcher aujourd’hui et je dois éviter de demeurer trop longtemps au soleil.

D’un autre côté, on veut visiter un peu. Ce n’est pas tous les jours que l’on peut voir Hong Kong ou Macau. Il est important de faire de bons choix, d’écouter son corps et de se reposer. Il y a tant de travail en amont d’une compétition de ce genre que l’on doit se tenir alerte et éviter les écarts. Ce que j’apprécie dans les voyages de compétition est le moment vécu. Les souvenirs sont tellement plus intenses avec l’intensité des dixièmes de seconde et la préoccupation de performance. Le panaroma semble encore plus coloré. :)

Comment te prépares-tu à une compétition internationale?

Étant donné que les températures d’Hong Kong sont assez impressionnantes, j’ai profité de la canicule de juin [à Montréal] pour courir sous le chaud soleil avec des températures qui avoisinaient les 35 degrés. Aussi, je crois beaucoup à la visualisation. Je me transporte sur le site de compétition et je visualise mon équipe en pleine performance. Pour ce qui est du reste, il faut laisser les choses se faire. Nous nous sommes beaucoup entraînées, sur l’eau, en salle de musculation, en course, en crossfit. Nous étions prêtes.

Quels sont les impacts du décalage horaire sur tes performances sportives?

Je suis bien chanceuse. Je n’ai pas ressenti les malaises du décalage horaire à mon arrivée à Hong Kong. Aussitôt, assise dans l’avion, j’ai tenté de me mettre au diapason chinois, et cela a fonctionné. C’est au retour au Québec que je ressens davantage de fatigue….

Comment est l’ambiance hors-compétition? Comment définirais-tu les rapports entre les athlètes des différents pays?

Durant les compétitions, nous ne parlons pas beaucoup aux athlètes des autres équipes rivales. Je dois admettre que nous tentons de garder la tête dans notre bateau. Cela ne nous empêche pas de féliciter les autres équipes. Cependant le temps libre passé en dehors des courses est partagé avec nos partenaires. C’est lors des célébrations que nous levons les verres à notre passion.

Quels sont les meilleurs côtés de voyager grâce à ton sport?

Pour moi, le sport est la meilleure façon de voyager. Que ce soit pour la compétition ou simplement pour le plaisir. Jouer dehors est ma meilleure façon de décrocher et de profiter du plein air. C’est une façon différente de profiter des paysages et de vivre un moment exceptionnel. Bouger est ma raison.

Quels sont les moins bons côtés de voyager grâce à ton sport?

Ce sont les valises !!!!! Elles sont tellement grosses ! Il y a les vêtements d’entrainements, les uniformes, l’équipement, les trousses de premiers soins ou de récupération. En plus de tout ça, j’apporte des vêtements de voyage et de sortie…. :) Une vraie valise de fille.

Qu’est-ce que tes compétitions t’ont apporté, tant aux plans professionnel que personnel?

La détermination et le dépassement de soi. C’est en vivant les entraînements, la préparation et les compétitions que je me suis rendue compte que mes limites étaient encore plus loin que je ne le croyais… Ce dépassement est la preuve que les limites sont faites pour être brisées. Je n’ai plus peur des objectifs. Je sais que j’ai suffisamment de volonté pour les atteindre. J’ai franchi des barrières simplement pour mieux les repousser plus loin.

Quels conseils donnerais-tu à une personne qui souhaite faire des compétitions sportives internationales?

Il faut bien se préparer. Cela demande beaucoup de travail et énormément de sacrifices. C’est le temps et la volonté alloués à l’entrainement qui déterminera qui sera le vainqueur. En préparation aux mondiaux, je m’entrainais près de 20 heures par semaine, en plus de me soumettre à un programme alimentaire strict et à un mode de vie rigoureux. Cela demande beaucoup d’efforts, mais je n’étais pas seule. Je pouvais compter sur 24 autres coéquipières.

Quelle serait ta compétition de rêve et pourquoi?

LA COMPÉTITION de rêve est certainement les Jeux olympiques. Néanmoins, j’ai découvert ma passion pour le canoë-kayak un peu tard. C’est formidable de voir tous ces athlètes du monde entier se réunir et mettre à profit tant de travail. Ils travaillent des années pour quelques fractions de secondes.

Quels sont tes projets de voyage?

Mon prochain voyage prévu est le tour de la Gaspésie! Simple et chez nous. Je pars avec un groupe d’amis profiter de la bonne bouffe et de la bonne bière. Sinon, je compte tenter de me qualifier une fois de plus sur l’équipe nationale canadienne afin de défendre notre titre de championnes du monde aux mondiaux en Hongrie. Je rêve depuis un bon moment d’aller au Costa Rica pour faire quelques descentes de rivière en kayak d’eau vive. C’est donc un autre truc sur ma « to-do list ».

La suite de cette entrevue sera publiée ce jeudi.

2 thoughts on “13 questions sérieuses à Julie

Laisser un commentaire

Votre adresse courriel ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire le pourriel. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.