13 questions légères à Marie-Eve

Voyager en monoparentalité peut sembler une expérience inimaginable pour certaines personnes, car elles ne voient que les défis qu’elle pose. Or il y a plus. Marie-Eve Blanchard, du blogue Como la Espuma, connaît bien ce plus et elle nous en parle dans cette deuxième partie d’entrevue.

L’objet dont tu te sers le plus en voyage?

Un crayon et un cahier. C’est un peu un rituel, ce moment où je me délecte en choisissant un cahier relié dans une papeterie. L’odeur des pages blanches et vierges est une prémisse à la rêverie, la contemplation et la découverte. Et le crayon doit être en tout temps accessible et pratique pour noter mes impressions, alors il tient aussi mes cheveux.

L’objet dont tu ne te sers jamais mais que tu apportes toujours quand même?

Un livre. Je me dis toujours que je vais prendre le temps de lire un bon roman dans l’autobus ou le train. Pourtant, je me connais, me sais contemplative et préfère écrire le flot d’émotions et d’impressions qui me traversent. Je devrais uniquement garder les livres pour les vacances au soleil.

L’objet qui n’existe pas encore mais que tu aimerais inventer pour faciliter les voyages?

Une poussette parapluie légère et qui a des grosses roues pour se balader tant dans le bois que dans le sable. Ça existe, mais c’est gros et surtout pas léger.

Le souvenir le plus ridicule que tu as acheté en voyage?

J’achète rarement de souvenirs. Je ramène plutôt dans mes bagages des petits fragments que la nature m’offre sur mon passage: bouts de bois, roches, coquillages, sable. Quand je pense que je me suis entêtée pour ramener de lourds cailloux lors de mon trek dans les Rocheuses, alors que j’étais épuisée, oui ça peut sembler avec le recul un souvenir quelque peu ridicule.

L’aliment, boisson ou mets que tu aimes comparer d’un pays à l’autre?

Du vin (s’il en vaut la peine). Sinon la bière… je suis assez difficile, une amatrice de stout et de IPA principalement, et j’admets avoir beaucoup de difficulté à trouver des coups de cœur.

Le groupe ou musicien-ne que tu préfères écouter en voyage?

J’écoute rarement de la musique en voyage. Je préfère les rythmes ambiants des cafés, les conversations qui fusent de partout, le vent dans les branches, le chant des insectes et des oiseaux. La mer. Surtout la mer. Bien que grande mélomane, j’ai une conception assez romantique sur la route et j’aime me baigner de l’univers sensoriel m’entourant. Sinon je ramène presque toujours des albums d’artistes locaux découverts sur place pour prolonger le plaisir du voyage lors de mon retour.

Des découvertes artistiques que tu as faites durant tes périples que tu aimerais partager avec les lecteurs (peinture, musique, littérature, etc.)?

La rumba catalane, issue du flamenco et de basses rythmiques afro-cubains, dans la Camargue; en peinture les fresques murales de Diego Rivera à Mexico; l’œuvre de sa femme Frida [Kahlo] qui est très connue mais qui se fait autrement signifiante dans leur magnifique maison bleue à Coyoacan. En littérature, je lis énormément avant pour m’imprégner, mais j’ai dévoré Barrico [Alessandro] lors de mon retour d’Italie. En Espagne, évidemment Gaudí, et, plus récemment, j’ai pu apprécier le talent de l’architecte Frank Gehry (créateur du splendide musée Guggenheim à Bilbao!) à Cambridge et Chicago.

Marie-Eve aux Îles-de-la-Madeleine (photo prise par Hugo Larin)

Marie-Eve aux Îles-de-la-Madeleine (photo prise par Hugo Larin)

La superstition dont tu ne peux te débarrasser en voyage, si incongrue soit-elle?

J’ai beau chercher, je n’ai aucune superstition. Je suis du genre à ne pas marcher sur les craques de trottoir… mais je ne crois pas qu’il va m’arriver quoi que ce soit, c’est plutôt un jeu enfantin où je m’amuse avec mon moi-même.

Le pays que tu as préféré et pourquoi?

L’Italie qui fait continuellement vibrer les sens, que ce soit les papilles, les pupilles, le flair, etc. Le Mexique, que je porte en mon cœur comme une histoire d’amour. Le tempérament mexicain passionné, chaud et mélodramatique me parle énormément. Et la musique mexicaine (tout comme le flamenco espagnol) est excessive dans son émotivité. J’adore!

Le pays que tu as le moins aimé et pourquoi?

Aucun. Été un peu déçue du Costa Rica, de son européanisation et du coût exorbitant de la vie…

Ton plus beau souvenir de voyage?

J’en ai plusieurs. Un après-midi seule avec ma fille devant des cascades dans la jungle au Costa Rica. Manger une glace devant la fontaine de Trevi à Rome, je me sentais dans le film de Fellini La dolce vita. Sillonner une plage mexicaine durant plusieurs semaines la nuit à la recherche d’œufs de tortue à protéger (magnifique avec le son de la mer et pour toute lumière la lune!). La promenade des Glaciers dans les Rocheuses. Le mariage druidique, un véritable, de mon frère et de ma copine en Bretagne. Et tant d’autres!

L’expérience de voyage que tu ne souhaites jamais revivre?

J’ai le tempérament assez aventurier, alors pour moi les expériences moins positives disons font intrinsèquement partie du voyage. Mais je dirais: me retrouver à une centaine de mètres d’une maman grizzly et de ses deux bébés dans les Rocheuses, enfoncer mon jeep dans la boue sur la Cerro de la Muerte au Costa Rica avec ma fille.

Un secret de voyage que tu n’as jamais révélé… jusqu’à maintenant?

Ouille… des amours romantiques de jeunesse? Quoique même timide, je suis très transparente, alors j’imagine que j’en ai déjà parlé abondamment à mes proches. Sinon, j’ai traversé le Canada en autobus Greyhound avec un billet aller-retour. Je suis allée faire un trek dans les Rocheuses, seule avec ma tente, mon matériel beaucoup trop lourd et ma cloche à ours quand j’avais 25 ans. Au terme d’un mois, je suis allée rejoindre mon père qui était à Vancouver. Il a vite compris que j’étais non seulement épuisée de mon expérience, mais aussi et surtout en peine d’amour. Il m’a gâté, hébergé dans sa chambre d’hôtel et payé de bonnes bouffes. Il m’a aussi payé un billet d’avion de retour. Je n’ai jamais refais le trajet en autobus ;-)

Alors voilà. Un bref aperçu de la vie d’une voyageuse monoparentale. Je remercie Marie-Eve Blanchard d’avoir accepté de répondre à mes questions. Je tiens à souligner la générosité et la franchise qu’elle a démontrées dans ses réponses, réponses d’autant plus remarquables que Marie-Eve se définit comme une personne timide. Je vous invite à lire son blogue, Como la Espuma, pour en apprendre davantage sur ses expériences et sa vision des voyages. Mais surtout, je lui souhaite bonne chance dans tous ses projets.

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