Il m’est arrivé à quelques reprises de participer à une conversation où l’affirmation d’une de mes opinions sur une destination a choqué un ou des interlocuteurs. Par exemple, une fois, je parlais avec d’autres voyageurs de Hanoi, une ville que je n’ai pas aimée pour diverses raisons, et j’ai constaté que l’un d’entre eux semblait personnellement offensé par mon opinion. Comme si je l’avais insulté à propos d’un aspect très intime de sa vie. Cette attitude immature revient parfois dans mes conversations. Et elle est très désagréable.

Hanoi

Je ne comprends pas une telle réaction de colère. Chacun-e vit ses propres expériences en un lieu donné. Bonnes ou mauvaises, elles deviendront notre lien avec celui-ci: elles évoqueront des souvenirs forts, elles éveilleront des émotions intenses, elles définiront donc NOTRE expérience globale du lieu et non une vérité immuable à laquelle tout le monde devrait adhérer. Or de nombreuses personnes semblent éprouver de la difficulté à dissocier leur expérience d’un lieu du lieu lui-même. Je n’ai pas aimé Hanoi, et alors? Ça n’enlève rien à la ville pour autant, ça ne signifie pas que celles et ceux qui ont au contraire apprécié leur séjour là-bas sont des imbéciles, ça veut juste dire que mes péripéties “hanoïennes” n’ont pas été des plus positives (à quelques exceptions près). En outre, depuis mon passage à Hanoi, j’ai rencontré des gens qui m’ont déclaré avoir adoré l’endroit. J’ai trouvé très intéressant d’entendre un point de vue opposé au mien, car il m’aidait à tracer un portrait plus nuancé de la ville.

Un autre visage de Hanoi

Par conséquent, je considère que toute critique adressée à une destination liée à ma vie ne me vise pas en tant qu’individu. Mon jugement n’est pas remis en question parce que X pense le contraire de mon opinion sur un lieu précis. La critique porte sur ce lieu. Point. Se sentir personnellement attaqué par l’opinion d’autrui sur un sujet qui ne nous touche pas directement révèle un manque de confiance en soi.

Du gris pour tous les goûts

Les opinions divergentes devraient plutôt être perçues comme des sources d’inspiration pour renforcer nos propres idées. Notre capacité d’extraire les points forts des opinions des autres dépend toutefois de notre degré d’ouverture d’esprit; il doit être assez élevé pour saisir qu’une vision différente ne constitue pas une insulte, qu’un désaccord n’est pas forcément un désaveu de notre esprit critique. En fait, je crois que les différences d’opinions contribuent à créer la palette de gris nécessaire à une compréhension plus aiguisée de la complexité du monde. Et juste pour ça, je ne peux que me réjouir de ces différences.