Comme billet complémentaire à celui que j’avais écrit sur 7 attractions célèbres qui méritent leur réputation, j’écris cette fois un billet sur 7 d’entre elles qui m’ont déçu. Oui, je sais, j’ouvre un débat potentiellement infini. Bonne lecture!

– Sexmuseum, Amsterdam (Pays-Bas): s’il n’est pas aussi célèbre que d’autres attractions mentionnées dans ce billet, ce musée au nom certes intrigant nous laisse toutefois croire qu’on y percera des secrets millénaires sur cet aspect si fondamental de la vie. Mais une fois qu’on y a pénétré (oui, le choix de ce mot est voulu), on déchante. Le musée s’avère superficiel: ses éléments pigés ça et là dans diverses cultures (comme des extraits du Kâmasûtra) ne sont pas appuyés par une réflexion appropriée. Par exemple, la section la plus populaire semble être celle des photos érotiques. J’ai cependant trouvé que les réactions choquées de certain-es touristes étaient plus intéressantes que les photos elles-mêmes. Elles auraient pu être accompagnées de textes expliquant les contextes propres à chaque pratique sexuelle à travers les siècles, les cultures. On fait donc rapidement le tour du musée, mais on n’a pas l’impression d’avoir beaucoup appris. Dommage;

Un joyeux gaillard au Sexmuseum d’Amsterdam

– Bouddha d’émeraude, Bangkok (Thaïlande): l’attraction principale de la superbe chapelle royale du Grand Palais (Wat Phra Si Ratana Satsadaram), le Bouddha d’émeraude attire les foules. La statue et son socle ont été sculptés dans un bloc de jadéite de 75 centimètres de hauteur; la statue elle-même ne mesure que 60 centimètres de haut et elle trône au sommet d’un piédestal en or, lui-même posé sur un autel de 11 mètres de haut. Elle repose dans une cage de verre et sous un parasol doré à 9 étages, qui symbolise la royauté universelle. En outre, il est interdit de photographier la statue, mais cette interdiction n’est pas respectée par tous. De plus, quand la chapelle est bondée, on peut avoir de la difficulté à s’approcher de la statue sans déranger les fidèles qui prient. Et une fois tout près de celle-ci, on doit lever la tête pour l’apercevoir, mais comme elle ne mesure que 60 centimètres de haut, à plus de 11 mètres dans les airs, on ne la voit pas très bien. Bref, une expérience pas aussi satisfaisante qu’on peut l’espérer;

Chapelle royale du Grand Palais, qui contient le Bouddha d’émeraude

– Manneken-Pis, Bruxelles (Belgique): à en croire certaines photos promotionnelles, le Manneken-Pis possède une taille impressionnante. Or non. La statue est toute petite. On peut passer devant sans même s’en rendre compte. Ça m’est déjà arrivé. Ainsi, la meilleure façon de la trouver consiste à suivre les autres touristes qui la cherchent, à partir de la Grand-Place. Par contre, quand les hordes de photographes en herbe affluent autour d’elle, l’endroit devient pénible, les coudes se bousculent et le “photobombing” devient inévitable, malgré les efforts pour l’éviter. Pire encore, certaines personnes agissent comme si elles étaient seules devant la statue, ce qui peut rendre l’expérience encore plus désagréable. Je reconnais toutefois que les costumes occasionnels du Manneken-Pis sont amusants. Et, au moins, l’activité est gratuite;

Manneken-Pis

– temples du secteur sud, Khajurâho (Inde): les temples aux sculptures érotiques de Khajurâho méritent une visite. Ils sont divisés en trois groupes: celui de l’ouest, qui contient les temples les mieux conservés; celui de l’est, aux temples plus sobres, mais aussi intéressants, et celui du Sud. Mais l’ensemble sud a peu à offrir. En fait, deux temples subsistent, même si je me souviens de n’en avoir vu qu’un (appelé Duladeo). En plus, ce temple dégage un air de décrépitude qui contraste avec le soin évident apporté aux autres édifices. Pourtant, le temple a fait l’objet de travaux de réfection, mais ils ne se fondent pas du tout avec les ornements originaux, on peut facilement voir le travail bâclé sur plusieurs de ses sections. À ne visiter que si on a du temps devant soi (ce qui, honnêtement, ne manque pas, à Khajurâho);

Temple décrépit du groupe sud, Khajurâho

– Trafalgar Square, Londres (Angleterre): Londres regorge de places célèbres, dont Trafalgar Square. Cette place jouit d’une importance historique indéniable, mais comparée à d’autres places de grandes villes européennes, comme la place des Vosges à Paris, la Grand-Place de Bruxelles ou la place Venceslas à Prague, elle n’a rien de remarquable. Du béton à profusion, une colonne respectable, deux jolies fontaines, mais c’est tout. Cette description banale pourrait convenir à tant d’autres lieux. L’ensemble manque aussi de couleurs; les divers tons de gris qui saturent le champ de vision quand on y accède enlèvent la chaleur qui rend une place publique charmante. Les plus férus d’histoire devraient quand même la visiter pour satisfaire leur curiosité, mais ils ne devraient pas espérer y sentir la splendeur d’autres places renommées;

Trafalgar Square

– La Joconde, Paris (France): la présence d’une peinture aussi légendaire dans un musée aussi prestigieux que le Louvre devrait constituer la garantie d’une expérience marquante. Eh bien, non. En plus d’avoir à jouer du coude comme dans un match de rugby pour parvenir à une distance suffisante pour voir la fameuse peinture, on réalise une fois près d’elle la petitesse de sa taille. À vrai dire, La Joconde est beaucoup plus petite que de nombreuses toiles connues exposées ailleurs dans le musée. De plus, une barrière empêche les gens de l’approcher de trop près, de sorte qu’on peut presque se croire dans un spectacle de Slayer quand on veut se tailler une place le long de la barrière. Et même une fois arrivé à la hauteur de celle-ci, on doit faire vite pour croquer le chef-d’oeuvre sous son meilleur jour, tant on sent la pression des autres touristes. Pour motivé-es seulement;

La “meilleure” photo de La Joconde que j’ai prise avec mon appareil de l’époque.

– Mitad del Mundo, Quito (Équateur): je tiens d’abord à préciser que j’ai beaucoup aimé ma visite là-bas et je la recommande. Par contre, contrairement à ce que laisse entendre son nom, le monument n’indique pas réellement la ligne d’équateur. Elle se trouve en fait à environ 240 mètres au nord de celui-ci. On a bien tenté de corriger cette erreur au musée Inti Ñan, juste à côté du monument, mais encore là, la nouvelle ligne tracée sur le sol ne correspond pas à la véritable ligne d’équateur. Donc, de ce point de vue, Mitad del Mundo ne remplit pas ses promesses et peut décevoir les personnes qui espéraient poser le pied sur cette mythique ligne. Mais si on y va sans cette attente, alors la visite vaut le coup, pour son côté ludique, pour la curiosité de découvrir un lieu marqué par des erreurs factuelles importantes et pour le monument lui-même, qui fait 30 mètres de haut;

Mitad del Mundo