7 villes mal-aimées pleines de surprises

Certaines villes ont des réputations exécrables auprès des voyageuses et voyageurs. Elles sont généralement des repaires de fêtards et elles représentent pour plusieurs la décadence occidentale poussée à un niveau abyssal. Pourtant, malgré les critiques légitimes que l’on peut leur adresser, elles proposent souvent quantité d’activités intéressantes. Parfois discrètes, ces activités démontrent que, au-delà du sordide, ces lieux peuvent aussi offrir des expériences enrichissantes. Je vous dresse donc une liste de sept de ces villes. Il en existe beaucoup d’autres, mais je crois que cet échantillon démontre bien mon point.

– Bangkok (Thaïlande): Bangkok n’est pas que Khao San Road, Soi Cowboy ou Patpong, trois hauts lieux de débauche reconnus internationalement. Loin de là. Bangkok compte des quartiers assez tranquilles, malgré le trafic incessant (Silom ou Sukhumvit, par exemple), où l’on peut s’imprégner d’un rythme de vie plus « normal ». De plus, le parc Lumphini constitue un havre de paix facile d’accès, où l’on peut flâner un bon moment. On peut même y louer un vélo. Aussi, les vendeurs de nourriture de rue foisonnent un peu partout. La plupart semblent suivre un itinéraire et un horaire prédéterminés, alors on peut finir par savoir quand et où les trouver. Une sorte de chasse au trésor aussi délicieuse qu’amusante. En outre, un tour à Bangkok ne serait pas complet sans un tour au restaurant de poutine de Bruno Blanchet et d’Onicha. Et qui dit Bangkok dit “shopping”, car la ville possède des centres commerciaux qui n’ont rien à envier aux gigantesques boîtes à consommation d’Amérique du Nord. L’un d’eux, Central World Plaza, possède même une patinoire intérieure. Une sortie parfaite pour combattre la canicule;

– Baños (Équateur): avec son secteur des bars, Baños peut sembler un aimant pour fêtards de tout acabit et c’est en partie vrai. Heureusement, les bars se situent dans une zone précise, ce qui confère au reste de la ville une ambiance plus calme. La ville sert aussi de point de transit entre différentes parties du pays et il est facile de n’y faire qu’un bref arrêt, entre deux autobus. Ce serait toutefois dommage, car Baños, de par sa situation exceptionnelle dans les Andes, offre toutes sortes d’activités de plein air pour tous les goûts: randonnée, vélo, parapente, tyrolienne, canyoning, etc. De plus, la ville jouit de la présence de bains thermaux particulièrement agréables. Un moment de détente à ne pas manquer, surtout après une randonnée. L’église Virgen de Agua Santa possède un charme non négligeable et le musée adjacent permet d’en apprendre plus sur le passé de la région et du pays. Et les plus gastronomes pourront déguster du cuy (cochon d’Inde). Force est d’admettre que, comparée à d’autres villes de cette liste, Baños semble léthargique, mais un samedi soir dans la zone des bars amène son lot d’action et de bonne humeur;

Vue de Banos

Vue de Baños

– Kuta (Indonésie): Kuta est le tristement célèbre lieu de l’attentat de Bali, survenu le 12 octobre 2002, tragédie qui avait coûté la vie à 202 personnes (en majorité des Australiens). Un monument a été érigé à la mémoire des victimes et on ne peut le manquer. Kuta dégage une atmosphère de luxure, elle ressemble à Patong, à cet égard. Les bars pullulent aux abords de la plage. Des gens louches qui rôdent le soir et quelques-uns des commerçants les plus agressifs de l’histoire peuplent l’endroit. Alors, pourquoi y aller? D’abord parce que la ville est située à deux pas de l’aéroport international de l’île, de sorte qu’elle constitue un point de chute commode, surtout en cas d’arrivée tardive, mais aussi parce qu’on peut y apprendre le surf à un prix raisonnable. Endroit idéal pour les débutants en la matière, Kuta profite bien de cette situation, comme en témoignent la présence d’écoles de surf et de professeurs privés sur la plage même. En outre, en se promenant dans les ruelles, on peut découvrir de petits restaurants abordables, aux cuisines variées. Du grec en Indonésie? Pourquoi pas? Un souvlaki, ça change du riz. Kuta peut également être un bon endroit pour se ravitailler en diverses marchandises, entre deux Bintang;

Kuta, lieu de surf

Kuta, lieu de surf

– Nha Trang (Vietnam): point de départ de “booze cruises”, ces croisières qui gravitent autour de la consommation massive d’alcool, site de plusieurs bars, repaire de prostitution discrète mais bel et bien présente, Nha Trang a tout pour rebuter les personnes à la recherche d’une station balnéaire tranquille. Mais, quand on gratte le vernis scabreux, on découvre un endroit aux multiples attractions. La location d’un vélo permet d’en explorer les rues méconnues et de, notamment, se rendre jusqu’à des ruines Cham perchées sur une colline, par-delà le fleuve dont je ne me souviens plus du nom. De là-haut, on peut profiter de belles vues sur la ville. Par contre, même si la concentration de motos est moins dense ici qu’ailleurs au pays, la circulation demeure intense, alors la prudence est de mise. Il est aussi possible de donner des cours d’anglais, d’aider un organisme comme Hands Off The Kids à lutter contre le tourisme sexuel, visiter la cathédrale du Christ-Roi et, bien sûr, de se faire bronzer sur une plage somme toute assez jolie. Comme dans toute ville côtière festive, plus on s’éloigne de la plage, plus on rencontre une vie « normale »;

Ce qui se passe durant la "booze cruise" reste dans la "booze cruise".

Ce qui se passe durant la “booze cruise” reste dans la “booze cruise”.

– Patong (Thaïlande): l’infâme Patong, avec ses hordes de touristes sexuels et ses spectacles d’un goût discutable, répugne à bien des égards, avec raison. Mais, si on parvient à surmonter le dégoût que de telles réalités peuvent inspirer, on constate que Patong compte son lot d’expériences intéressantes: j’ai ainsi suivi un cours de cuisine avec la charmante Pum (et eu une des plus intenses conversations de voyage avec elle); j’ai assisté à un électrisant gala de muay thaï au stade de boxe sur la route Sainamyen, où j’ai pu apprécier l’enthousiasme de la foule locale; j’ai goûté à l’excellente nourriture de vendeurs ambulants, dont un des meilleurs burgers de ma vie et une fabuleuse soupe aux nouilles et au “red-roasted pork”, j’ai assisté à un spectacle d’un groupe hommage au groupe métal suédois HammerFall (!) dans une salle qui m’a rappelé quelques-uns de mes lieux préférés de Montréal. Et disons-le, la plage de Patong est superbe et l’eau de la mer d’Andaman, chaude. Celles et ceux qui veulent un endroit plus calme et moins sordide peuvent se diriger vers Karon et Kata, juste au sud;

Patong, lieu de tous les excès

Patong, lieu de tous les excès

– Siem Reap (Cambodge): les temples d’Angkor attirent des foules considérables et cet achalandage a bien sûr eu pour conséquence de créer un milieu touristique effervescent, avec des restaurants, des bars et des cafés et autres commerces destinés aux visiteurs. Ainsi, Pub Street saura décourager les chercheurs “d’authenticité”, avec ses happy hours qui débutent en après-midi pour ne se terminer qu’en fin de soirée. Mais Siem Reap peut compter sur plusieurs attraits discrets. Par exemple, le cinéma du Angkor Night Market propose des documentaires percutants sur la période des Khmers rouges. Une sortie qui plaira aux amateurs d’histoire. Un “beer garden” fréquenté par des locaux avides de karaoke se trouve tout près de ce marché; j’y ai été et j’étais alors visiblement le seul “non-Cambodgien”, ce qui a semblé dérouter certains clients. Les spectacles de danse Apsara présentés au Centre des arts sont certes grand public, mais ils sont captivants. En outre, les petits restaurants extérieurs dans le secteur de la rue Sivatha sont très populaires, à juste titre: les plats vendus y sont délicieux et abordables. Enfin, la ville se prête bien au vélo, notamment pour celles et ceux qui veulent aller aux temples. Un de mes billets sur Siem Reap;

Un autre visage de Siem Reap

Un autre visage de Siem Reap

– Vang Vieng (Laos): Vang Vieng a été pendant des années un lieu controversé, en raison des dérapages engendrés par le « tubing » (descente de la rivière Nam Song sur une chambre à air). Les « tubers » s’arrêtaient dans les bars le long de la rivière, consommaient des quantités excessives d’alcool et revenaient en ville dans des états lamentables, provoquant ainsi des situations inconfortables pour la population. Le manque de respect de plusieurs touristes pour les coutumes locales était effectivement pitoyable. Les bars sur la rivière Nam Song sont cependant fermés depuis décembre 2012, si je ne m’abuse. Les autorités en ont eu assez. Malgré tout, le « tubing » était agréable, quand on effectuait le trajet au complet, et les paysages karstiques bordant la rivière restent gravés dans la mémoire. Ceci dit, au-delà du « tubing », Vang Vieng constitue un lieu idéal pour suivre des cours d’escalade, grâce aux formations rocheuses de la région. De plus, de nombreux restaurants offrent des cours de cuisine, qui peuvent s’accompagner d’une visite dans un marché hors des circuits habituels. Il est également possible de donner des cours d’anglais à des moines bouddhistes, un peu à l’extérieur de la ville. Aussi, une visite au Lagon bleu et à la grotte de Phu Kham remplit bien une journée. Enfin, quiconque souhaite parfaire sa connaissance de la série Friends pourra le faire dans les restaurants qui en projettent des épisodes tous les jours depuis des années. Voici un article récent sur la ville du blogue Oiseau Rose.

Le calme de la grotte de Phu Kham, près de Vang Vieng

Le calme de la grotte de Phu Kham, près de Vang Vieng

12 thoughts on “7 villes mal-aimées pleines de surprises

  1. Jennifer

    Ah ben moi j’ai adoré Bangkok et Siem Reap. Je pense qu’il y a du mauvais dans chaque ville, peu importe où on se trouve sur le globe, mais ça vaut vraiment le coup de les explorer quand même et d’y dénicher de nouveaux trésors!

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    1. Stéphane Pageau Post author

      Moi aussi j’ai adoré ces deux villes, mais j’ai déjà entendu des gens se plaindre d’elles. Je pense moi aussi qu’il est important d’explorer une ville, si sordide soit-elle, afin d’en découvrir les trésors. Merci Jennifer!

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  2. Amandine@Unsacsurledos

    Salut Stéphane,
    intéressant de prendre le contre-pieds des jugements habituels et de montrer qu’il y a du “bon” dans ces villes.

    De ton classement, je ne connais que Siem Reap. Vu sa réputation, je n’en attendais rien, et en découvrant la “Pub Street”, cela a confirmé les a prioris que j’avais sur la ville. Puis, heureusement, j’ai rencontré deux voyageurs qui habitent à Siem Reap depuis 2 ans, et qui aiment cet endroit : j’ai découvert alors Siem Reap autrement. Il nous ont amené à vélo, sur les petites routes aux alentours, découvrant des villages de pêcheurs inconnus encore du tourisme de masse, à des temples éloignés, des petits marchés et restaurants typiques sur pilotis, à travers les routes de terre …. Dans mes meilleurs souvenirs du Cambodge !

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    1. Stéphane Pageau Post author

      Salut Amandine,

      Merci pour ton commentaire. J’avais envie d’écrire ce billet parce que, justement, c’est facile de critiquer un endroit déjà affublé d’une mauvaise réputation, alors qu’il peut très bien offrir son lot d’expériences intéressantes. Je voulais montrer l’envers de la médaille. Content de voir que tu as apprécié. Ton anecdote sur Siem Reap corrobore l’idée que, pour mieux connaître un lieu, il faut explorer, sortir des circuits habituels et essayer diverses expériences. Alors là seulement on peut avoir une meilleure perspective dudit lieu. En outre, j’ai beaucoup aimé le Cambodge, et ça semble être ton cas aussi. Bonne chance dans tous tes projets!

      Stéphane

      P.S.: d’habitude, je ne tolère pas liens d’autopromotion, mais le tien était pertinent, alors j’ai choisi de le laisser.

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  3. Dana@moi à l'étranger

    Chaque ville a toujours ses bons et ses mauvais côtés. Quand on est touriste, les gens nous dirigent exclusivement vers ces lieux qu’ils pensent que les touristes adorent. Quand on a de la chance, on peut tomber sur quelqu’un qui adore sa ville et qui souhaite nous la faire voir autrement que comme une immense usine à touristes.
    Euh…sympa la jupe rose…

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    1. Stéphane Pageau Post author

      Merci pour ton commentaire, Dana! En effet, on est souvent dirigés vers le plus évident. D’où l’importance de faire des efforts pour sortir des sentiers battus…

      En effet, pas mal, la jupe.

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  4. Chris

    C’est marrant, je n’ai pas du tout eu une image négative de Siem Reap. Certes, ce n’est qu’une ville “dortoir” pour les touristes, mais une une ville vraiment pas chère, avec tout autour, les temps d’Angkor et une magnifique campagne à découvrir à vélo. Un gros coup de cœur pour moi !

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    1. Stéphane Pageau Post author

      Merci Chris! Moi aussi j’avais une vision positive de Siem Reap, mais j’ai réalisé en parlant avec d’autres voyageurs qu’elle n’était appréciée de tous, notamment à cause de Pub Street. Je suis d’accord avec toi: ça vaut la peine de découvrir la campagne à vélo…

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    1. Stéphane Pageau Post author

      Merci Thomas! Je pense que, même si on essaie de ne pas avoir d’à-priori, il est parfois difficile de les éviter. En autant qu’on reste assez ouvert pour les lever…

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