Khiva, entre mausolées, médersas, minarets et musées

Minaret Islom **

Minaret Islam Khodja

Khiva, on y va pour ses mausolées, médersas, minarets et musées. La ville est photogénique, pas de doute là-dessus. C’était l’une des raisons qui m’avaient attiré là-bas. Je voulais surtout admirer le minaret Kalta Minor, il m’a séduit à la seconde où je l’ai vu sur des photos. Et je n’ai pas été déçu quand je me suis arrêté devant lui pour la 1ere fois. Mais il y a plus que ce minaret à Khiva…

Activités

Le premier réflexe du touriste qui se promène dans Itchan Kala, le centre historique fortifié, consiste à mitrailler tout ce qu’il rencontre avec son appareil photo. Or il faut un permis pour photographier dans le secteur. Et il faut aussi une passe – valide pour 2 jours – pour visiter une trentaine d’attractions (33, si je me souviens bien). Maintenant, je ne sais pas à quel point la règle du permis photo est appliquée. Quoi qu’il en soit, on obtient la passe et le permis à la porte Ouest, à l’un des commerces incrustés dans le structure. Ne vous en faites pas, « ils » vous trouveront. La passe coûte 27 000 soms (environ 11,06 $ CAN, au taux officiel), mais il faut ajouter 10 000 soms (environ 4,10 $ CAN, au taux officiel) pour le permis photo. Mon avis? Tant qu’à venir dans une ville aussi photogénique que Khiva, aussi bien payer cette somme. Ça ne sert à rien d’être chiche, sauf si on est un pois. À noter que la plupart des attractions sont situées dans la partie sud d’Itchan Kala.

Vue de Khiva depuis le minaret Islom Khodja

Vue de Khiva depuis le minaret Islam Khodja

La liste des attractions accessibles avec la passe est affichée sur le document. Toutefois, certaines des plus importantes n’y sont pas incluses. Il faut donc payer un supplément pour visiter chacune d’elle. De plus, la passe est exigée à l’entrée de chaque attraction; une personne cochera alors la case appropriée sur le papier. Et maintenant, je vous présente quelques-unes de ces vedettes, en commençant par le minaret Kalta Minor.

Kalta Minor

Kalta Minor

La médersa Mohammed Amin Khan a été construite entre 1852 et 1855 par, vous l’aurez deviné, Mohammed Amin Khan, l’un des khans les plus célèbres de Khiva. 250 étudiants pouvaient y suivre les enseignements coraniques. Aujourd’hui, la médersa abrite un hôtel. Juste à côté de la médersa se trouve le fameux minaret Kalta Minor (« le minaret court »), LE symbole de Khiva, à mes yeux. Il n’est pas le plus haut minaret de la ville, avec ses 35 mètres, mais il est le plus impressionnant, tant par sa forme que par ses couleurs. Son sommet tronqué lui confère un style étonnant. Cette troncature s’expliquerait par l’arrêt de la construction du minaret, à la mort du khan. Autre hypothèse de cet arrêt: l’architecte aurait réalisé que son oeuvre se serait effondrée si les travaux avaient continué. C’est qu’il – le minaret, pas le khan – devait mesurer 70 mètres. Et ses couleurs… ses couleurs! Elles prennent différents éclats, selon la course du soleil. Le minaret est inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 1990. Il semblerait que l’on peut y monter, mais pour les meilleures vues de Khiva, il affronte une féroce compétition… le minaret Islam Khodja.

La médersa Islam Khodja peut s’enorgueillir de la présence à ses côtés du minaret le plus haut d’Ouzbékistan, à 57 mètres. On peut même y grimper, via un escalier étroit et sombre, pour 5000 soms (environ 2,05 $ CAN, au taux officiel). Les vues de là-haut valent les quelques collisions entre tête et marches lors de l’ascension. Les panoramas montrent non seulement la vastitude de la plaine où la ville a été fondée, mais aussi le contraste entre divers monuments colorés et les autres édifices aux tons d’ocre. Un régal pour tout appareil photo. En outre, la médersa propose des artefacts culturels de la région. La médersa date de 1908 et son minaret, de 1910.

Minaret Islam Khodja

Minaret Islam Khodja

Les murailles ceinturant Itchan Kala font partie d’une forteresse appelée Kounya-Ark. Sa construction a débuté en 1686 sous le règne d’Arang Khan, mais sa structure actuelle remonte aux années 1804-1806, sous le règne d’Altuzar Khan. On peut y accéder pour 5000 soms (environ 2,05 $ CAN, au taux officiel); l’entrée jouxte la porte Ouest. Je recommande d’y aller en fin d’après-midi et de monter tout en haut, dans la tour de garde, lors du lent coucher de soleil, pour des vues époustouflantes soulignées par la lumière dorée. Cependant, des groupes risquent d’avoir la même idée, alors la patience est de mise pour croquer les clichés parfaits. L’ensemble compte aussi plusieurs pièces, dont une mosquée et une prison.

Vue de Khiva depuis la forteresse

Vue de Khiva depuis la forteresse

Le Musée de la musique porte sans surprise sur les musiques ouzbèques. On y voit ainsi des instruments, des vidéos, des panneaux explicatifs, des photos de musiciennes et musiciens et autres objets tirés de cet univers. Dans une salle, on peut même regarder des extraits de DVD montrant des exemples de musiques traditionnelles. On peut acheter ces DVD, à partir de 35 000 soms (environ 14,56 $ CAN, au taux officiel). Un disquaire s’est installé à côté de la porte d’entrée du musée, pour celles et ceux qui souhaitent garnir leur collection. Je suis d’ailleurs surpris de ne pas avoir croisé davantage de musées sur la musique, au cours de mes voyages. Un musée du gamelan en Indonésie serait un must.

Musée de la musique

Musée de la musique

Le mausolée du poète, guerrier et lutteur (!) Pakhlavan Mahmoud (1247-1325), le saint patron de Khiva, attire les foules et les nouveaux mariés en quête du lieu idéal pour une séance photo. Son prix d’entrée n’est cependant pas inclus dans la passe. Il en coûte 6000 soms (environ 2,46 $ CAN, au taux officiel) pour y pénétrer. Les pièces sont superbement décorées, avec des mosaïques complexes aux remarquables tons de bleus. Quand j’y suis passé, un imam (je suppose) prêchait aux visiteurs attentifs. On doit enlever ses souliers avant d’entrer dans le tombeau. Un lutteur… le fan en moi était comblé.

Mausolée

Mausolée Pakhlavan Mahmoud

La mosquée Djouma (ou mosquée du Vendredi) se caractérise par la présence en son intérieur de 13 rangées de 17 colonnes en bois, dont quelques-unes remonteraient au Xe siècle. En fait, elles proviennent d’époques variées, témoignant par le fait même des cycles de restaurations de l’édifice. Le dernier d’importance s’est déroulé en 1789. J’ai été surpris de constater que le plancher n’était pas recouvert d’un tapis. Il paraîtrait que la configuration de la mosquée a été élaborée en fonction des conditions hivernales. C’est qu’il neige, à Khiva, et je ne parle pas ici de la ville fantôme en Ontario.

Mosquée Djouma

Mosquée Djouma

La médersa Mohammed Rakhim Khan se trouve en face de l’entrée de la forteresse. La médersa met l’accent sur l’histoire locale, avec de vieilles photos de Khiva et des artefacts racontant la trame des siècles passés. On peut entre autres y voir une porte du mausolée Pakhlavan-Makhmud datant de… 1353. Pour les amateurs d’histoire.

Médersa Mohammed Rakhim Khan

Médersa Mohammed Rakhim Khan

La Craftsmen Center Master Class School dévoile le travail de nombreuses catégories de créateurs, comme les forgerons. La cour intérieure impressionne, avec ses plaques en céramique aux motifs envoûtants. Quand j’y suis passé, je n’y ai croisé personne, je n’ai eu pour seule compagnie que des artefacts et des photos. Je ne sais pas à quel point l’endroit bourdonne d’activités, en d’autres circonstances, mais je présume que, comme son nom l’indique, il doit servir d’école pour plusieurs métiers.

Cour intérieure de la Craftsmen Center Master Class School

Cour intérieure de la Craftsmen Center Master Class School

Le mausolée Saïd Allaouddine est le plus vieil édifice de Khiva encore debout; il a été construit en 1303 pour un important cheikh soufi. Le céramiste responsable de sa construction devait y être enterré, mais il est décédé à Boukhara. Par conséquent, même si deux tombes ont été installées dans le mausolée, un seul corps y a été inhumé. Le mausolée est d’ailleurs petit: on y entre, on fait un tour et on en ressort en moins de temps qu’il n’en faut pour épeler son nom.

Mausolée de ***

Mausolée Saïd Allaouddine

Le bazar de la porte Est possède une ambiance vivante, avec ses cris, ses couleurs, ses odeurs et ses milliers de babioles e tous genres. Pas besoin d’y acheter quelque chose pour l’apprécier toutefois; une simple promenade devrait satisfaire celles et ceux qui veulent expérimenter une tranche de vie plus « normale » de la ville. Le bazar a déjà accueilli un marché aux esclaves, par le passé. Les temps ont bien changé. Du moins, je l’espère.

Le bazar de la porte Est

Le bazar de la porte Est

Si vous sortez d’Itchan Kala par la porte Ouest et que vous vous dirigez vers votre gauche, vous tomberez sur la statue de Al-Khawarizmi (783-850). Natif de Khiva, il fut mathématicien, géographe, astrologue et astronome. Les traductions latines de ses travaux ont permis l’introduction de l’algèbre en Europe, à partir du XIIe siècle. J’ai dû apprendre un peu d’algèbre au secondaire, contre ma volonté, alors j’imagine que je dois remercier Al-Khawarizmi pour ça.

Statue du mathématicien Al-Khwarizmi

Statue du mathématicien Al-Khwarizmi

Il est bien sûr possible de sortir d’Itchan Kala et de se promener autour du quartier. Le secteur entourant Itchan Kala se nomme Dishon Kala. Par exemple, tout près de la porte Nord se trouve l’Académie Khorezm Mamun; elle était fermée lors de mon passage, mais j’aurais aimé y aller. J’y ai aussi aperçu des espaces verts, spectacles inattendus dans ce monde beige, et une grande roue.

À suivre…

Je n’ai fait qu’effleurer les attractions accessibles avec la passe, car je ne les ai pas toutes visitées. J’ai réussi à en découvrir près de la moitié en une journée. À vrai dire, certaines sont plutôt fades. J’ai donc préféré, pour ce billet, me concentrer sur celles qui m’ont davantage marqué. Il n’y a pas d’ordre précis pour les visiter, c’est laissé à la discrétion des gens. J’ai en outre discuté avec un couple qui les avait toutes visitées. Ils ont dû effectuer une sacrée course pour accomplir cet « exploit ». Alors voilà pour Khiva. Prochaine destination: Boukhara, via la route qui longe la frontière avec le Turkménistan.

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