Trinidad: un guide incomplet

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Trinidad, après la pluie

La ville de Trinidad, à Cuba, est réputée pour sa beauté. Et oui, elle est belle. Inscrite sur la liste du Patrimoine mondial de l’UNESCO en 1988, avec la Valle de los Ingenios, Trinidad attire l’oeil grâce à son architecture coloniale et ses couleurs éclatantes. Mais qu’est-ce qu’on peut y faire? Bon, je n’y suis pas resté longtemps, mais je répondrais « pas autant que l’on pourrait imaginer ». Voici tout de même un guide incomplet de Trinidad, inspiré par mon bref séjour là-bas, du 10 au 12 juin 2017.

Observations générales

Iglesia Parroquial de la Santísima Trinidad

Trinidad a été fondée le 23 décembre 1541, par Diego Velázquez de Cuéllar, sous le nom de Villa de la Santísima Trinidad. Elle a connu la prospérité grâce à la culture de la canne à sucre et l’esclavage; elle a en outre servi de campement aux troupes de Hernán Cortés, dans sa préparation à la conquête du Mexique. Aujourd’hui, le tabac et le tourisme constituent les principales sources de revenus de cette municipalité de la province de Sancti Spíritus. Par ailleurs, Trinidad ne se trouve qu’à cinq kilomètres de la mer des Caraïbes et de plages comme Ancón, María Aguilar ou La Boca. Elle compte environ 52 000 habitant-es (2005), en plus d’attirer quantités de touristes.

Le soleil se couche sur Trinidad…

En vérité, je n’ai pas eu l’impression que la ville offrait une grande variété d’activités, à part visiter des musées ou aller cuire à la plage. Cependant, j’ai senti que c’était le genre d’endroit où il peut faire bon rester quelques jours pour jouir de son ambiance et faire de la photo. Surtout que la marche se prête bien à la découverte des lieux. Pas besoin de taxi pour la plupart des déplacements.

Joli contraste.

Côté argent, un guichet automatique a été installé à l’extérieur de la banque Banco de Crédito y Comercio (64, calle Jesús María). D’ordinaire, j’ai horreur des guichets extérieurs, mais bon, quand on n’a pas d’autres choix… je chiais donc dans mes culottes, lorsque j’ai inséré ma carte, d’autant plus que la succursale attenante était fermée. Ma carte allait-elle fonctionner? Allais-je la récupérer ou resterait-elle prisonnière du guichet? L’éternité, ça doit ressembler à un tel moment d’attente. Eh ben, non seulement j’ai retiré l’argent voulu, mais en plus j’ai récupéré ma carte. Le soulagement. Comme une bonne pisse après des heures de retenue dans un bus bondé d’Asie du Sud-Est.

L’infâme guichet extérieur

J’ai d’abord mentionné le guichet, parce que, les samedis du moins, le bureau de change (« casa de cambio ») Cadeca ferme avant 15 h. Prévoir des fonds en liquide avant d’arriver dans la ville devient alors une solution intelligente, si l’option « guichet automatique dans la rue » ne vous enthousiasme guère.

Belle bagnole

Un centre de télécommunications Etecsa accueille les accros d’internet à la Plaza Carrillo (côté calle San Procopio). Une carte d’accès à internet y coûte 1,5 CUC (environ 1,83 $ CAN) pour une heure. Il est possible de l’utiliser dans la salle d’ordinateurs adjacente. J’ai aussi eu à téléphoner au Canada depuis Trinidad, et après avoir posé plusieurs questions, j’ai obtenu les infos sur la procédure d’appel. Important: attention à la foutue marche DANS le centre, car les chevilles pourraient ne pas apprécier une chute aussi subite.

Centre de communication Ectesa

J’ai acheté des cartes postales préaffranchies à 1,50 CUC (environ 1,83 $ CAN) chacune dans une boutique en face de la Plaza Carrillo (côté calle San Procopio). J’aime ce concept, puisqu’il élimine une étape parfois frustrante, soit trouver un timbre. Ne reste alors que l’étape la plus agréable: écrire.

Plaza Carrillo

Enfin, j’ai acheté des aimants de frigidaire à 1 CUC chacun (environ 1,22 $ CAN). Probablement mes souvenirs de voyage préférés: petits, abordables et créatifs. J’aime les poser sur mon frigo et me rappeler d’émouvants souvenirs chaque fois que j’ouvre la porte pour prendre le pot de relish.

Activités et attractions

En bas de la Casa de la Música, sur la Plaza Mayor

La Casa de la Músíca bénéficie d’une évidente popularité. De l’extérieur, j’ai estimé, à l’aide de préjugés triés sur le volet, que la Casa affichait toutes les caractéristiques d’un bar pour touristes aux prix trop élevés pour la valeur réelle de son offre. Je n’y ai donc pas été, convaincu que je m’amuserais davantage sur la Plaza Mayor, juste en bas, à observer les quidams boire, parler et crouzer. De toute manière, on entend la musique de la Casa depuis la Plaza. De plus, de nombreux guichets vendent drinks et bières sur la Plaza. Prix moyen d’une bière: 2 CUC (environ 2,44 $ CAN); un mojito/Cuba Libre/autre drink: 2,50 CUC (environ 3,04 $ CAN). Constat après une soirée: la soif des gens ne connaît pas de limites. L’absence de toilettes dans le secteur doit toutefois être prise en compte. Prévoyez des couches, au besoin.

En bas de la Casa de la Música, sur la Plaza Mayor, mais la nuit

Connue aussi sous son véritable nom, Parque Céspedes, la Plaza Carrillo est l’un des rares endroits de Trinidad avec du Wi-Fi. Les gens, tant les « locaux » que les touristes, y accourent ainsi comme des papillons de nuit vers la lumière pour consulter frénétiquement Facebook, Instagram, Snapshit et autres réseaux sociaux. L’addiction au téléphone, un phénomène international. Construite en 1818 par l’architecte Manuel Pastor, sous la désignation de Plaza del Mercado, la Plaza porte aujourd’hui le nom de l’ancien gouverneur Pedro Carrillo de Albornoz. Elle regroupe quelques attractions célèbres de Trinidad, comme l’Ayuntamiento (la mairie), la Iglesia de San Francisco de Paula et le buste de Carlos Manuel de Céspedes (1819-1874; il est considéré comme le père de la patrie cubaine, pour son rôle dans la Guerre d’Indépendance de Cuba). Un lieu propice pour observer les foules, même si l’ombre tend à manquer, à certaines heures de la journée.

L’Ayuntamiento

Le duo Iré chante et joue de la guitare sèche au restaurant Taberna Ochún Yemaya (Calle Boca, près du terminus Víazul). Dayana et Yoana possèdent des voix remarquables. Une note et tout le monde s’arrête de manger, bouche ouverte, nourriture à peine mastiquée. Et ces deux voix, lors que harmonisées, créent de confiantes interprétations de classiques cubains/latins, comme l’increvable Guantanamera. Détail inusité: l’une des deux artistes est une guitariste gauchère qui joue sur une guitare droitière, à la Rand Burkey, du groupe de death métal/prog/jazz Atheist. Autrement dit, elle joue à l’envers, les grosses cordes se retrouvant en bas du manche. C’est fascinant de regarder une telle manière de jouer, c’est si inhabituel. Bon, le matériel joué par ces dames n’était pas aussi labyrinthique que l’impossible musique d’Atheist, mais quand même.

Digression: fans de death métal/prog/jazz, vous devez écouter ce groupe. Les trois premiers albums, Piece of Time (1990), Unquestionable Presence (1991) et Elements (1993) sont tous des classiques. « Unquestionable Presence » est largement considéré comme l’un des albums les plus importants du style. Encore aujourd’hui, ces disques bottent des kilotonnes de culs. Ceci dit… il est possible d’acheter le CD de Iré pour 10 CUC (environ 12,18 $ CAN), mais le prix s’avère négociable, surtout si vous avez déjà effectué un don à la fin d’un de ses sets. J’ai eu le disque à 8 CUC (environ 9,74 $ CAN). Autre digression: je choisis toujours des ordinateurs portables AVEC lecteur CD/DVD, parce que, dans nombre de pays, les CDs sont les seuls moyens d’accéder à la musique d’artistes locaux. Laissez tomber Spotify et autres, si vous voulez découvrir l’underground musical d’une région, vous devez acheter des CDs. Ou, plus rarement, des cassettes audio.

Le duo Iré

Le sympathique bar/restaurant Parrilla Che Tango, sur la calle Boca (tout près du terminus Víazul), honore les relations cubano-argentines de plusieurs façons: par la décoration, le menu et le nom, entre autres. J’ai été attiré par les mojitos en formule Happy Hour annoncés sur un panneau posé à l’extérieur. Comme quoi le bon vieux marketing fonctionne toujours. J’étais seul avec la serveuse et la télévision lors de mon passage, mais j’imagine l’ambiance survoltée qui doit régner ici quand Messi déchire les équipes adverses. Il ne manquait que l’accent et un Fernet-Coca et je me retrouvais dans en Argentine, un pays que j’adore.

Au Che Tango

Dire que le El Fruty Fruty, sur la Calle Jesús María, est un bar/restaurant sans prétention relève de l’euphémisme. Même s’il n’est pas le genre d’établissement où recréer les meilleurs moves de danse du vidéoclip Too Legit to Quit, il demeure malgré tout un endroit idéal pour écluser des bières froides qui deviennent chaudes en deux claquements de doigts, en regardant pensivement dans le vide, pendant qu’un ventilateur lutte en vain pour générer une illusion de fraîcheur. Je suais au moins autant que ma bouteille. La torpeur provoquée par la chaleur et la vitesse d’ingestion de la bière provoquent un délicieux engourdissement pré-ivresse.

El Fruty Fruty

Je suis passé sans m’y arrêter devant un bar qui s’appelle Yesterday, sur la calle Gloria (entre la calle Desengaño et la calle Rosario). Comme vous le devinez, le bar rend hommage… aux Beatles. Après un parc à Santa Clara, un bar à Trinidad. Je devrais vraiment sonder cette obsession cubaine pour le groupe de Liverpool. J’ai pris une photo des statues des quatre légendaires musiciens dans l’entrée, juste pour vous.

Bar Yesterday

Hébergement

Je recommande chaudement la casa particular Hostal Calleyro (calle Santiago Escobar #165 – ou callejón del Olvido -, entre Frank País et Jesús María). Super bien située, la casa se situe à 3 minutes à pied du terminus Víazul, à 4 de la Plaza Carrillo et à 8 de la Plaza Mayor. La casa baigne dans le calme. Ma chambre était confortable, avec une salle de bain privée et climatisation (un must). Copieux déjeuners à bons prix. J’ai payé 18,83 $ CAN la nuit pour une chambre de trois lits (soit 6,27 $ CAN par lit). La meilleure raison d’y aller? Le peintre Raúl Lugones León. Il sera enchanté de vous montrer ses toiles. Il pourra même vous en vendre, si vous le souhaitez. Raúl et son épouse (j’ai hélas oublié son nom) sont charmants, attentionnés. Grâce à eux, j’ai vécu une expérience d’hébergement mémorable à Trinidad.

Ma chambre

Nourriture

Sans être un foodie accro à Instagram, j’aime essayer des restaurants. Et je me suis particulièrement régalé au susmentionné restaurant Taberna Ochún Yemaya; excellents plats sur fond de solides performances musicales tous les jours (voir note sur le duo Iré, ci-haut). J’y ai été deux soirs de suite. J’ai pris deux fois de la langouste. Ciboire, j’en mangerais au moins quatre fois par semaine. Avec l’alcool, la facture d’un repas grimpe vite à 10 – 15 CUC (environ 12,18 $ CAN – 18,26 $ CAN); c’est élevé pour un budget de routard, oui, surtout quand on a l’habitude de manger dans les restaurants non touristiques, mais ça vaut le coup et le coût. Mon restaurant préféré de tous ceux que j’ai essayés à Cuba. Et à en juger les critiques élogieuses sur un certain site dont le nom commence par « T», je ne suis pas le seul fan du restaurant.

Hmm… langouste.

Transport

J’ai pris un bus Víazul à partir de Santa Clara; j’ai payé mon billet 8 $ US (environ 9,75 $ CAN), pour 2 h 42 de route, incluant des arrêts à Palmira et Cienfuegos. Le trajet devait durer 3 h 15, mais, en raison d’un retard à Santa Clara, le chauffeur a eu le pied pesant pour compenser. Le terminus Víazul se trouve au coin des calles Boca et Gloria.

Terminus Víazul de Trinidad

Alors voilà pour la jolie Trinidad. Prochaine destination: Cienfuegos.

2 thoughts on “Trinidad: un guide incomplet

  1. Alexandra

    Alors, tu as dansé la salsa sur la plaza ?
    C’est de la que j’ai eu envie d’apprendre à danser la salsa… finalement portoricaine !
    Pas mal les cartes prétimbrées, en effet c’est toujours galère de trouver des timbres et on finit par poster ses cartes… à l’aéroport presque

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    1. Stéphane Pageau Post author

      En fait, non, ç’aurait été difficile de bouger avec un mojito dans la main. Et j’ai eu l’impression que je n’étais pas le seul dans cette situation.

      Oui, les cartes préaffranchies sont une excellente option. Elles enlèvent le stress d’avoir à tout régler à l’aéroport, comme tu le mentionnes. Et comme j’aime envoyer des tas de cartes postales, ça fait pas mal de stress en moins.

      Merci Alexandra!

      Reply

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