Questions budgétaires en voyage (3e partie)

Singapour. On dit qu'il s'y brasse de grosses affaires...

Singapour. On dit qu’il s’y brasse de grosses affaires…

3e et dernier billet de ma série sur les questions budgétaires en voyage. Cette fois, les frais bancaires, les procurations, l’achat d’équipement et les services postaux. Et encore de belles images.

Les fameux frais bancaires

Toute conversation budgétaire sur les voyages doit aborder les frais bancaires. Il n’existe pas de solution miracle pour les éviter (pour les Canadien-nes à tout le moins, à ma connaissance); ces frais sont plus envahissants que les radiations du plutonium. Il existe des banques qui offrent des cartes avec des forfaits plus ou moins avantageux; ces forfaits varient d’une banque à l’autre, d’un pays à l’autre. Je vous suggère de vérifier par vous-mêmes, en fonction de vos besoins, de vos revenus. Oui, c’est emmerdant, mais c’est un mal nécessaire. En outre, pour les Canadien-nes, la Banque Scotia compte beaucoup de succursales en Amérique latine… je dis ça comme ça. J’ai par ailleurs un compte avec la HSBC, une banque au vaste réseau international, mais, en toute franchise, je suis déçu de son service à la clientèle, de l’accessibilité à mes fonds à l’étranger et de son site Web mal foutu. Chaque connexion au site doit s’effectuer avec un numéro unique fourni par un bidule ressemblant à une calculatrice. Pas pratique du tout, en voyage: que faire si l’on perd le bidule (que l’on doit obtenir dans une succursale, en plus)? Quelle mauvaise blague.

Des dongs vietnamiens

Des dongs vietnamiens

Des banques en ligne ont aussi fait leur apparition, comme Tangerine. Je ne l’ai toutefois pas essayée, alors je ne peux vous en donner un retour. En Europe, j’ai vu que la banque en ligne Number26 semblait offrir de bonnes conditions, mais elle serait victime de son succès dans les quelques pays où elle est implantée: elle n’accepterait pas de nouvelles demandes au moment de la publication de ce billet. Revolut est un autre nom que je vois circuler.

Banques à Kuala Lumpur

Banques à Kuala Lumpur

Pour ma part, au cours de mon voyage dans les Amériques, j’effectuais des avances de fonds sur ma carte de crédit. Une fois par semaine, en plein jour, dans un guichet à l’intérieur d’une succursale bancaire. De cette façon, si ma carte restait bloquée dans le guichet, je pouvais la récupérer facilement. J’ai vécu ce scénario à Marrakech: j’avais alors dû présenter mon passeport et remplir des documents pour pouvoir reprendre ma carte. Quand même mieux que de devoir appeler un numéro X, sans trop savoir comment les choses se passeront par la suite. Autre avantage de retirer de l’argent le jour: c’est plus rassurant de se promener avec des sommes importantes dans les poches en plein jour qu’en soirée ou pire, en pleine nuit. Le niveau de sécurité tend généralement à être plus élevé quand le soleil brille. Sitôt que j’ai l’argent en poche, je file à mon auberge et je le laisse dans mon casier. Et le reste du temps, je ne traîne que ce que je crois avoir besoin en liquide. Donc, pas de carte, pas de portefeuille sur moi, surtout si je sors dans un bar.

Ce qui se passe à la banque reste à la banque.

Ce qui se passe à la banque reste à la banque.

Mon émetteur de carte ne m’imposait pas de frais pour les avances elles-mêmes, mais les intérêts commençaient à s’accumuler environ 0,0000028 secondes après le retrait (j’exagère à peine). Et ils montaient vite. C’est pourquoi je remboursais ma carte sur le site de mon émetteur dès mon retour à l’auberge; je payais aussi avant d’aller retirer, quand j’y pensais. Par contre, les avances de fonds étaient soumises à divers frais: frais de conversion d’une devise à une autre, frais d’utilisation de la banque qui possède le guichet, frais d’accès au réseau, etc. Digression: les cartes fonctionnent selon des réseaux, comme Plus, Cirrus ou Maestro. Il suffit de repérer un guichet avec le logo du réseau auquel appartient notre carte pour pouvoir y effectuer des opérations. J’ai eu des problèmes avec cet aspect, à Sanare, le petit bled vénézuelien où j’ai passé trop de temps en 2007. Je ne pouvais retirer de l’argent dans les guichets de la ville, mes cartes n’étaient pas compatibles avec leurs réseaux. Je ne pouvais le faire qu’à Barquisimeto, la grande ville voisine à une heure de route. J’imagine que, depuis cette époque, les banques ont davantage étendu leur emprise sur le monde et que ce genre de situation est plus rare. Bon à savoir, tout de même.

Sanare

Sanare a bien des qualités, mais ses banques n’en forment pas une.

Détail important: je voyage toujours avec au moins 2-3 cartes de crédit et 2-3 de débit; comme ça, si l’une d’elle ne fonctionne pas, est bloquée ou se fait voler, j’ai d’autres options. Je choisis aussi des cartes de crédit d’émetteurs différents, au cas où l’un d’eux éprouve des problèmes. Enfin, dois-je insister sur l’importance de respecter une des astuces les plus élémentaires du monde du voyage, soit séparer les cartes dans ses bagages à des fins de sécurité? Je ne le devrais même pas. Mais je l’ai fait. Y a pas de quoi.

Une procuration, une sécurité

J’en ai déjà parlé plusieurs fois sur ce blogue, mais j’y reviens. Car ce sujet s’avère crucial, selon moi. Je recommande à toute voyageuse et tout voyageur, avec une force digne de celle de Cesaro qui soulève Big Show à la fin de la Andre the Giant Memorial Battle Royal de Wrestlemania XXX, de faire signer une procuration à des gens de confiance.

Et j’insiste: de confiance. Comme dans « je mettrais ma vie entre leurs mains » genre de confiance. Ainsi, en cas de problème, la ou les personnes que vous aurez désignées pourront accéder à vos comptes bancaires. Elles pourraient par exemple y déposer de l’argent. Pour effectuer cette opération, vous devez vous présenter à votre institution bancaire avec la ou les personnes désignées et remplir les documents appropriés. Ces quelques minutes d’efforts pourraient vous extirper de situations stressantes, en cas de pépin à l’étranger. J’ai moi-même eu besoin d’aide à quelques reprises au cours de mes voyages et j’étais alors très heureux de pouvoir compter sur mes personnes de confiance.

Équipement et dentifrice

En ce qui a trait à l’achat d’équipement, je me limite au minimum avant de partir. Je ne me procure que ce dont j’ai vraiment besoin, que ce que je ne suis pas sûr de pouvoir trouver dans les pays que je visiterai, comme l’indispensable SteriPEN. Cela va de soi, le type de voyage influence l’équipement nécessaire à sa réalisation: auberges et villes? Camping et randonnées? Plongée sous-marine? Alpinisme? « Road trip » en véhicule motorisé? À vélo? En stop? Pour le reste, j’ai réalisé que l’essentiel des petits trucs du quotidien, comme le dentifrice, peut s’acheter partout. Pas besoin donc d’en accumuler d’inutiles réserves avant de partie. C’est d’ailleurs intéressant de constater les parfums/saveurs en vogue dans un lieu donné. Et oui, il y aura des vêtements adaptés au climat local, peu importe où vous vous trouverez. Des gens y vivent, après tout.

Tout ce dont vous avez besoin...

Tout ce dont vous avez besoin à Chihuahua…

Histoires postales

Les bagages, par la force des choses, finissent par devenir plus encombrés au fil des semaines, des mois sur la route. Si je préfère laisser des trucs à des partenaires de voyage qui retournent au Québec, je sais que ce n’est pas toujours possible. Il m’arrive donc d’envoyer des trucs par la poste, à une adresse déterminée avant mon départ. L’envoi de colis coûte bien sûr un certain montant et ce montant varie d’un pays à l’autre. En Australie, on parle d’une petite fortune, mais au Vietnam, on peut s’en tirer à bon compte.

Bureau de poste de Ho-Chi-Minh-Ville, l'oeuvre d'un certain Gustave Eiffel.

Bureau de poste de Ho-Chi-Minh-Ville, dont la charpente métallique est l’oeuvre d’un certain Gustave Eiffel.

Toutefois, la fiabilité des systèmes postaux représente aussi un aspect à considérer: en Asie du Sud-Est, je n’ai pas eu de problème, j’ai envoyé avec succès des colis depuis la Thaïlande et le Vietnam. Mais au Venezuela, le système était imprévisible (du moins quand j’y étais, en 2007-2008, mais étant donné la situation actuelle dans le pays, je doute qu’il se soit amélioré depuis). Les services postaux internationaux à la UPS et DHL sont fiables, mais ils peuvent coûter la peau d’une fesse. Un détail à ne pas négliger avant de recourir à leurs services. Aussi, le poids du colis détermine les coûts, alors il importe de choisir avec soin ce que l’on envoie à la maison. La tentation de conserver un guide voyage peut être grande, mais elle peut engendrer de lourdes dépenses.

Un aveu

Jamais trop endetté pour une poutine avec des piments forts.

Jamais trop endetté pour une poutine avec des piments forts.

J’ai maintenant un aveu à vous faire: je reviens toujours de voyage endetté. Le montant de la dette découlera de la durée de mon voyage, de mes destinations, de mes activités, etc. Je ne le fais pas exprès, mais le désir de profiter au maximum de mon expérience l’emporte – presque – toujours sur la sagesse. Même quand je sais que je n’aurai pas d’emploi assuré à mon retour. J’appelle ça vivre. En cas de doute, ces sages paroles de Social Distortion me reviennent à l’esprit: « Stop contemplating and start celebrating/Yeah you gotta live before you die ». Je ne recommande cependant pas cette habitude à tout le monde. Je l’ai adoptée, elle me convient, mais elle demande une certaine tolérance à la pression financière. Je connais des personnes plus nerveuses, côté finances, et elles ne supporteraient pas une telle insécurité. Fait particulier: je ne trouve presque pas d’articles à propos de cet aspect du voyage dans la blogosphère francophone. Comme si les voyageuses et voyageurs ne s’endettaient jamais. C’est ça ou ils ont honte d’admettre qu’ils défoncent leur budget sur la route. Pas moi. Je le défonce, mon budget. Je m’assume. De toute manière, je rembourse toujours mes dettes.

Il y a bien plus

Voilà en gros, comment je gère mon budget avant mon départ et une fois sur la route. Évidemment, ma façon de le gérer diffère de celle d’autres voyageuses et voyageurs, en fonction de mes intérêts, de mes envies, de mes destinations, etc. Ce sujet est vaste, complexe et il n’existe pas de réponse universelle à cette question. Ce billet se veut donc un ajout à cette dernière et non une réponse définitive. J’espère qu’il aura réussi à vous apporter quelques éléments de réflexion. Sinon, eh bien, en fin de compte, dépensez comme vous le voulez. Et n’oubliez pas, en cas de doute: un budget, c’est fait pour être défoncé. Car, contrairement à James Bond, on ne vit qu’une seule fois.

6 thoughts on “Questions budgétaires en voyage (3e partie)

  1. Lucie

    Salut!
    Je suis avec Tangerine et je n’ai que des bons mots!
    1) quelle autre banque te donne de l’intérêt (ok, vraiment pas grand chose, mais 0,25% > 0%) sur ton compte chèque!
    2) après les déboires de ING Europe en 2008, ils ont dû se départir de leur ING Canada, et c’est Scotia qui l’a acheté. Bref, Tangerine profite du réseau Scotia (et de l’alliance guichets internationale ou whatever comment ça s’appelle). En Europe, tu peux retirer sans frais aux guichets BNP Paribas, sinon, Barclay (Angleterre et Australie je crois) et Scotia.
    3) Ils ont maintenant une carte de crédit avec remises en argent. (ça peut être pratique) 2% sur 2 catégories d’achat que tu choisis, 1% sur le reste; et si tu choisis de déposer ta remise en argent dans un compte d’épargne Tangerine, ils te donnent une 3e catégorie d’achats à 2%.
    4) Une fois, j’ai eu un problème avec eux; et je n’arrivais pas à les joindre à partir du Mexique (problème de mon côté, pas du leur: je n’arrivais pas à téléphoner à l’extérieur du Mexique à partir de mon cell; et je ne voulais pas appeler ma banque d’un tél. public dans la rue). Par contre, en revenant, ils m’ont remboursé l’argent qui avait été débité de mon compte après une transaction au guichet qui n’avait pas fonctionné. Ça a pris 45 jours (procédure normale), mais je n’ai même pas eu à m’obstiner avec eux.
    5) Bonus: leur centre d’appels est dans le Canada Atlantique (je crois que c’est au N.-B.) alors tu appelles du monde ben d’adon! :)

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    1. Stéphane Pageau Post author

      Merci pour ton commentaire élaboré, Lucie! On pourrait même croire que tu travailles pour Tangerine… ha ha! Intéressant, ce que tu dis. Je vais regarder ça, je songeais à changer d’institution bancaire, alors ton commentaire arrive à point.

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      1. Lucie

        LOL jte jure que c’est pas là que je travaille!
        Full disclosure: j’avoue avoir reçu un foulard ING Direct et une tasse pcq je m’étais pointée au café ING dans le temps que ça s’appelait encore comme ça! :)

        Un seul point négatif avec Tangerine: leurs zesties de guichets (y’en a genre 2 de Tangerine au centre-ville!) donnent des billets de 50$ (je me souviens pu si c’est 50-20-20-10 en retirant 100$ ou 50-50 + 5×20 en retirant 200$, mais bref, ça surprend!)

        … et si tu décides de t’ouvrir un compte Tangerine et que tu déposes au moins 100$ dedans dans les 60 jours en donnant ma clé orange 35099375S1, on reçoit chacun 25$ en bonus! (ça vaut pour tous tes lecteur *tousse, tousse*) (voix de Séraphin Poudrier: d’l’arghhhent gratisssssss…)
        (la première phrase de mon paragraphe est solidement tarabiscotée, et le paragraphe dans son entier abuse des parenthèses, mais WHATEVER!)

        Sérieux, j’ai vraiment juste des bons mots pour Tangerine (ex-ING Direct Canada).

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        1. Stéphane Pageau Post author

          Merci pour ton commentaire, Lucie! Une tasse… un foulard… en voilà des pots de vin. Merci pour ces précisions, ça donne à réfléchir. Je regarderai ça.

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  2. Voyage Nord du Perou

    oui un vrai casse-tête que ces frais bancaires. Je vis au Pérou, j’ai fait des transferts France-Pérou, chaque banque que ce soit en France ou au Pérou te dit qu’ils ne prennent aucun frais, à l’arrivée tu te dis que quelqu’un s’est servi en cours de route. Des intermédiaires cachés?

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    1. Stéphane Pageau Post author

      Il y a des intermédiaires, plus ou moins cachés, alors on ne s’en sort pas. C’est un mal incurable, j’en ai bien peur…

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