Bilan: sept mois plus tard

Mon tour du monde entre aujourd’hui dans son septième mois. C’est donc l’heure d’un autre bilan.

Les leçons

La valeur de l’argent prend un autre sens, quand on voyage plusieurs mois en Asie du Sud-Est. Ce constat pourrait aussi s’appliquer à d’autres parties du monde, comme l’Amérique du Sud, mais puisque j’ai surtout visité l’Asie du Sud-Est, au cours des derniers mois, je me concentrerai sur cette région. Ainsi, la notion de “dispendieux” change; on ne voit plus les prix de la même façon. On en vient à croire que tout peut s’acheter à bas prix. Or ce n’est pas toujours le cas: dans certains pays, comme Singapour, les prix sont plus élevés que ceux au Québec. Ceci dit, pour un Canadien, un Européen ou un Japonais (par exemple), les prix dans un pays comme le Cambodge sont tout à fait raisonnables, voire dérisoires. Une chambre d’hôtel à 5 $ CAN la nuit? Quelle aubaine. Cette habitude de payer peu engendre toutefois un effet pervers: on peut en venir à développer des attentes irréalistes par rapport au coût de la vie des endroits visités. On sait qu’on est arrivé à ce point quand on s’indigne de débourser, disons, 3 $ CAN au lieu des 2 $ CAN que l’on estime “habituels” pour un plat X.

Un Singapore Sling à Singapour. 18 $ pour ce verre.

Si on prend alors le recul nécessaire, on réalise le caractère absurde de notre perception déformée. Non, la vie ne coûte pas cher dans la majorité des pays d’Asie du Sud-Est, du moins pas pour les citoyen-nes de pays “industrialisés”. Il ne faut pas oublier que le salaire annuel moyen au Laos est de 2300 $ US (2009). Ce genre de statistiques remet les choses dans une perspective plus réaliste. Et il faut parfois s’efforcer de garder ces chiffres en mémoire, car notre perception déformée peut finir par modifier nos rapports avec les habitants d’un pays. J’ai failli vomir quand j’ai pris conscience que le mec avec qui j’allais passer une journée à me promener dans la région de Battambang continuait de négocier serré avec un chauffeur de taxi qui nous faisait pourtant déjà un bon prix. Le résultat? Le mec a épargné quelque chose comme 0,50 $ CAN de plus. Wow. Quel “exploit”.

Rizières près d'Ubud, lieux de dur labeur pour de maigres salaires.

Oui, c’est bien, de négocier, c’est même attendu, dans de nombreux pays, mais il vient un point où, à trop vouloir sauver quelques sous, on en oublie l’essence d’une négociation: parvenir à un accord qui convienne à toutes les parties impliquées. En outre, une négociation n’est pas qu’uniquement une interaction dans un but mercantile, c’est aussi une rencontre avec l’autre, un moment d’échange, de discussions, de rires, de blagues, etc. L’aspect humain ne doit pas être évacué au détriment des seules considérations pécuniaires. Celles et ceux qui l’évacuent passent à côté d’occasions de vivre une expérience plus complète, plus enrichissante. Et je ne tiens pas à m’entourer de tels individus.

Il y a des trucs qui, peu importe le pays, coûtent cher.

Sur une note plus légère, je ne suis plus accro au café. Avant, je pouvais facilement en boire trois tasses par jour; or aujourd’hui je n’en bois presque plus et, quand j’en bois, c’est maximum une tasse par jour.

Des premières fois

J’ai assisté à une compétition de bateau-dragon, à Singapour (j’aurais préféré en faire, par contre); j’ai fait du surf à Kuta et j’ai bien aimé; j’ai bu un Singapore Sling à Singapour (à 18 $ CAN le verre); j’ai passé dans un scanner corporel au poste frontalier de Singapour; lors d’une journée de snorkeling aux îles Gili, j’ai vu des tortues de mer et j’ai nagé avec elles. Elles bougent dans l’eau comme les oiseaux dans l’air, elles sont gracieuses; j’ai vu – et entendu – des chiens sauvages, sur le mont Rinjani. On aurait dit des loups; j’ai vu mon premier volcan, soit le mont Rinjani, sur l’île de Lombok. Quel spectacle impressionnant; j’ai fait un tour dans un bateau avec un fond transparent, qui permet de voir la vie sous-marine sans se mouiller; j’ai fait un tour de dokar (une carriole typique de l’Indonésie) à Bangsal. Sympathique moyen de transport; j’ai vu et touché de vraies perles noires, à Gili Trawangan; à Kuta, j’ai dormi dans un dortoir avec des lits sur trois étages (en voilà, une drôle d’idée). J’étais heureusement dans le lit du bas. J’ose à peine imaginer la difficulté de grimper jusqu’au troisième lit, surtout après avoir bu quelques bières; j’ai goûté à un lassi à Ubud (mieux vaut tard que jamais); j’ai vu un spectacle de danse legong au palais d’Ubud et j’ai été impressionné par les techniques et les costumes des danseuses et danseurs; j’ai brisé une planche de surf, à Kuta; je suis sorti le premier d’un avion (entre Bali et Kuala Lumpur); je me suis enfin décidé à goûter à un durian, à Bangkok, et j’ai aimé son goût (mais pas son odeur).

Une danse legong, à Ubud

Les meilleurs moments

Les retrouvailles avec mon amie Rachel, à Singapour, et le partage d’un Singapore Sling; mes deux semaines de voyage avec mon amie Mélanie, en Indonésie; mon bain de minuit dans la piscine d’une auberge de Kuta; ma première leçon de surf, à Kuta; la soirée passée à écouter plusieurs Indonésiens jouer de la musique et à boire du vin de riz, à Gili Trawangan; le bonheur de pouvoir marcher à Gili Trawangan et Gili Air sans avoir à me soucier d’être happé par des véhicules motorisés; l’excursion de snorkeling à Gili Trawangan; le trek au mont Rinjani; les heures passées sur différentes plages d’Indonésie, dont celles de Gili Trawangan et Gili Air; ma rencontre avec un vendeur de perles sur la plage de Gili Trawangan (j’ai beaucoup appris sur les perles et leur production); la soirée de fête à Ubud, avec des gens de différents pays, de différents âges; les multiples rencontres effectuées à Ubud; ma visite dans la Monkey Forest, à Ubud, où j’ai pu voir des singes vivant en liberté; le spectacle de danse legong auquel j’ai assisté à Ubud; ma promenade à vélo dans les environs d’Ubud et le plaisir de m’y perdre; ma folle soirée à Kuala Lumpur durant laquelle, en l’espace de quelques heures, j’ai revu par hasard des ami-es rencontré-es au Vietnam et à Gili Air; le dépôt des documents nécessaires pour obtenir le visa indien; les soirées passées sur Soi Cowboy, à Bangkok.

Un macaque à longue queue de la Monkey Forest

Les pires moments

J’ai brisé une planche de surf à Kuta et j’ai dû payer pour la réparation de celle-ci. Bleh. En même temps, on m’a dit que ce genre d’incident était plutôt rare. C’est un exploit, en quelque sorte.

Oui, on peut briser une planche de surf.

J’ai eu mal aux jambes et aux genoux pendant plusieurs jours, après mon trek au mont Rinjani. Je marchais alors comme C-3P0, faisant ainsi sourire les gens qui me croisaient.

Coucher de soleil sur le mont Rinjani. Cette vue vaut les efforts déployés pour se rendre au bord du cratère.

Enfin, je me suis déplacé beaucoup plus ce mois-ci qu’au cours des derniers mois. Ce fut très intense et j’ai réalisé à quel point je n’aime plus bouger autant en si peu de temps. Je préfère maintenant un rythme de voyage plus lent.

En conclusion

Ça fait déjà un bon moment que ce voyage est le plus long de ma vie. Ainsi, je vois une énorme différence entre ce voyage et ceux que j’ai faits auparavant. Puisque j’ai pu prendre mon temps, cette fois, j’ai pu vivre plus d’expériences, dans plus de domaines différents. J’ai par conséquent l’impression aujourd’hui d’être un bien meilleur homme que celui que j’étais au moment de mon départ. J’ai tellement appris, depuis sept mois. Et ce n’est pas terminé. J’ai réglé mes plans pour les prochains mois et j’en retirerai le maximum.

8 thoughts on “Bilan: sept mois plus tard

  1. dumas

    Salut oh toi globe-trotter!!!!!

    je n’ai qu’une chose a dire wow, pis wow….tu prends de superbe photo et les commentaires que tu y laisses nous donne souvent envie d’être dans tes souliers!!!!

    Continue de nous émerveiller, l’asie c’est vraiment un ti coin de paradis!!!

    Vas-tu passer par le Népal? si oui prend un max de photo…..je rêve d’y mettre les pieds!!!

    a un de ses 4…..prend bien soin…caro duma!!

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    1. Stéphane Pageau Post author

      Salut toi ô Caro Dumas!!

      Merci pour tes bons mots, ils font plaisir à lire. Ce blogue compte beaucoup pour moi, alors j’apprécie au plus haut point les commentaires constructifs (et positifs) comme le tien.

      Oui, l’Asie est une région merveilleuse, j’adore y voyager. Mais non, je ne passerai pas par le Népal cette fois. Je devrai donc revenir en Asie… ce que je ferai avec beaucoup, beaucoup de plaisir. Je te souhaite d’aller au Népal et de prendre toi-même de belles photos.

      À un de ces 4, oui… d’ici-là, prends soin de toi et de ta famille, je t’embrasse.

      Stéphane xxx

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  2. Jennifer

    Tu le sais, j’adore te suivre et tu me donnes envie de partir à l’instant, mais j’ai fait le saut quand j’ai vu 7 mois. Déjà! C’est fou!

    Profite de chaque instant et continue à écrire pour nous :) mais pas trop, profite du temps là-bas :)

    À+

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    1. Stéphane Pageau Post author

      Merci pour ton commentaire, Jennifer. Oui, c’est fou de réaliser que ça fait déjà sept mois que je suis parti. Le temps passe très vite, sur la route. C’est pourquoi je suivrai tes sages conseils et je continuerai de profiter de mon voyage et d’écrire (entre deux activités, bien sûr). Prends soin de toi, à plus.

      Stéphane xxx

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    1. Stéphane Pageau Post author

      Merci pour ton commentaire, Stefan. En effet, quelle région charmante, que l’Asie du Sud-Est. Je vois que tu l’as beaucoup aimée toi aussi. Oui, l’Indonésie fut un pays très intéressant. Je n’en ai toutefois visité qu’une infime partie, alors je devrai faire comme toi et y retourner, un de ces jours. Je comprends ta hâte d’y remettre les pieds…

      Content de voir que tu apprécies mes textes. Je viens de découvrir ton site et j’invite mes lectrices et lecteurs à en faire autant. Et bonne route, où que tu ailles.

      http://www.conseil-voyageur.fr/

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    1. Stéphane Pageau Post author

      Oui, je suis heureux d’avoir fait ce trek. Le coucher de soleil fut l’un des plus beaux que j’ai vus dans ma vie…

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