Bilan: 135 jours au Mexique (1ere partie)

La Catedral Metropolitana et une photobombe olympique.

La Catedral Metropolitana de Mexico et une photobombe de calibre olympique.

Et voilà. Après une éternité, je publie tel que promis un bilan sur mon séjour au Mexique, un pays que j’ai adoré. Arrivé en sol mexicain le 21 décembre 2014, j’ai quitté le territoire le 5 mai 2015, après 135 jours passés là-bas, soit 4 mois et 15 jours. Ce fut mon plus long séjour à vie dans un même pays. Je dresse ici un bilan général de mon expérience. Maintenant, il serait impossible de tout raconter, de tout expliquer, car le Mexique est un pays très complexe. Ce bilan ne se veut pas un article prétentieux du genre « Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur le Mexique » ou « Le guide ultime du Mexique » (ou autre titre démontrant l’obsession SEO de son auteur-e), parce que ce serait d’un ridicule abyssal de vouloir résumer un univers aussi riche en quelques centaines de mots. Ce bilan reflète donc mon expérience imparfaite du Mexique. J’espère qu’il vous plaira. J’avais pensé faire une section budget, mais après avoir commencé à la rédiger, j’ai réalisé que ça me prendrait 58 ans pour la compléter. Je vais donc remettre sa publication à bien plus tard, dans une série de billets sur les budgets des différents pays que j’aurai visités. Je n’ai aucune idée quand j’amorcerai la publication de cette série, mais elle est dans les plans. Patience. En attendant, savourez ce bilan.

Observations générales

Guanajuato

Guanajuato

– Je ne peux dire que j’ai senti de danger au Mexique, malgré la mauvaise réputation dont jouit le pays. Par contre, je ne peux dire non plus que le pays n’est pas dangereux, car, à la lueur de mes expériences et de mes discussions avec des Mexicain-es, j’ai constaté qu’il existe des zones risquées, comme les villes de Ciudad Juárez et Tijuana et les États de Guerrero et de Michoacán. Ciudad Juárez et Tijuana sont des villes situées à la frontière avec les États-Unis, elles sont dangereuses en raison de la présence des cartels de la drogue. D’ordinaire, ils ne visent pas les touristes, ils ciblent plutôt leurs concurrents et ils font alors preuve d’une violence inouïe. N’empêche que des innocent-es peuvent se retrouver coincé-es dans les affrontements entre bandes rivales. Pour les États de Guerrero et de Michoacán, le climat de danger découlerait en partie de la terrible histoire des 43 étudiants disparus de l’école d’Ayotzinapa; ce dossier n’est toujours pas clos. J’ai vu plusieurs manifestations antigouvernementales et graffitis qui dénonçaient l’inaction des autorités dans cette histoire. Enfin, j’ai lu des articles qui affirmaient que des cartels de la drogue commencent à être plus actifs dans l’État de Jalisco, où se trouve Guadalajara. Je n’ai pas l’impression que la situation soit catastrophique, à l’heure actuelle, mais j’estime qu’il est bon de connaître ce genre d’information. En résumé, je n’ai jamais vécu de situations potentiellement dangereuses au Mexique, je n’y ai pas eu de problème, même si parfois je sortais seul le soir, et j’en suis très heureux.

– La question du lieu d’entrée au Mexique depuis les États-Unis m’a absorbé pendant un moment. J’ai tenté de trouver un maximum d’informations là-dessus sur Internet, et après mes lectures, j’avais décidé de passer par Nogales, en Arizona. La vile se situe à environ une heure au sud de Tucson. J’avais lu que le passage y était très facile dans la direction États-Unis – Mexique. Je suis donc entré au Mexique en bus (avec la compagnie Tufesa) via Nogales et, en effet, l’expérience fut facile et rapide. Mon premier arrêt au Mexique fut Hermosillo. Mon billet là-dessus;

Cathédrale de Hermosillo

Cathédrale de Hermosillo

– Parler espagnol, ne serait-ce qu’un minimum, change de façon majeure les rapports avec les Mexicain-es. Cette connaissance aide vraiment, vraiment beaucoup, elle facilite les interactions. Les gens apprécient l’effort, même si l’étendue de cette connaissance est limitée. Et, si vous voulez vraiment impressionner les gens, apprenez des mots de langues autochtones comme le tarahumara ou le tzotzil.

– En outre, de nombreux jeunes Mexicain-es parlent anglais et ils sont heureux de pouvoir le pratiquer avec des voyageuses et voyageurs. Comme l’un d’eux m’a affirmé, ils n’ont pas beaucoup d’occasions pour le faire, entre Mexicain-es. Dans de tels cas, je leur parlais anglais. Eux aussi ont le droit de développer leur maîtrise d’autres langues. Quant aux plus âgé-es, à part celles et ceux qui travaillent dans l’industrie du tourisme, j’ai constaté qu’ils ne parlent pas anglais, ou très peu.

– Les guichets automatiques donnent généralement des coupures de 500 et 200 pesos, ce qui est chiant, car la plupart des commerces, surtout les plus petits, n’aiment pas donner de la monnaie ou n’en ont juste pas. Par contre, les guichets de la banque Santander donne l’argent en plusieurs coupures de 50, 100, 200 et 500 pesos.

– La plupart des villes ont de longs noms, mais leurs formes abrégées sont couramment utilisées: Hidalgo de Parral devient Parral, Heroica Puebla de Zaragoza devient Puebla, Oaxaca de Juárez devient Oaxaca, etc. À vrai dire, les gens sont surpris quand ils entendent les noms complets.

Centre historique de Oaxaca

Centre historique de Oaxaca

– La mendicité occupe une place importante dans les grandes villes. Les mendiant-es sont surtout des membres des communautés autochtones. Le contact n’est pas facile avec eux, ils ont été tellement ostracisés depuis des siècles par les conquérants espagnols, puis par leurs descendants, qu’ils semblent aujourd’hui se méfier des gens. Avec de la patience, du tact et beaucoup de respect, il peut être toutefois possible d’entamer une conversation avec ces personnes.

– La culture carnivore est très enracinée ici, ce qui peut compliquer la vie des végétarien-nes. Quelques options s’offrent à eux, comme des chilaquiles, des frijoles et des tamales. Mais elles demeurent limitées. Pour les végétalien-nes, c’est encore plus difficile, car le fromage occupe une place non négligeable dans les cuisines régionales mexicaines. La solution? Choisir des auberges qui possèdent une cuisine, acheter des ingrédients dans les marchés et cuisiner comme jamais. Personnellement, j’adore préparer de la poutine avec du fromage Oaxaca et une sauce maison élaborée avec les ingrédients que je peux dénicher. Et quel plaisir de la faire découvrir à des gens.

Poutine de Sayulita

Poutine de Sayulita

– La chaîne de magasins Milano vend des vêtements à prix raisonnables, si vous avez besoin de vous refaire une garde-robe à peu de frais. Pour les souliers pas chers, la chaîne 3 Hermanos devait vous aider. Autres grandes chaînes de magasins (épiceries et magasins plus généraux): Soriana, Chedraui, Aki, Mega et beaucoup plus de Walmart que vous ne l’imaginez.

– Le groupe mexicain Maná joue vraiment partout. Le groupe existe depuis 1985 et aurait vendu plus de 40 millions d’albums depuis sa formation. Bien des jeunes le trouvent kétaine, ils le considèrent comme un groupe pour les vieux, mais reste qu’il jouit d’une popularité qui ne se dément pas.

– Le Mexique est un pays somme toute conservateur, au plan des moeurs, en raison de la forte influence du catholicisme. La religion occupe une grande place dans la vie de beaucoup de gens et certaines réalités ne sont pas bien acceptées, comme l’homosexualité. Toutefois, quelques villes sont gay-friendly, comme Puerto Vallarta, Guadalajara, Mexico et Playa del Carmen.

– Étant moi-même catholique, j’ai trouvé que les célébrations de Noël auxquelles j’ai assistées ressemblaient beaucoup à celles que j’ai connues quand j’étais enfant: cadeaux, repas gargantuesques, beuverie. Par contre, le karaoke est beaucoup plus populaire ici qu’à Sawyerville. J’ai ainsi chanté Rayando El Sol de Maná avec un oncle saoul de ma Couchsurfeuse. Moment interculturel magique.

– Quelques marques de bières commerciales: Indio, Tecate, Bohemia, Sol et, bien sûr, Corona. Ma préférée? La Indio, mais la Bohemia est plutôt savoureuse, bien que plus dispendieuse.

– TelCel est la principale compagnie de téléphonie cellulaire au pays, mais Movistar a une bonne présence aussi.

Transport

– Les bus interurbains de 1ere classe sont ponctuels. Les retards arrivent parfois, mais ils dépassent rarement 15 – 20 minutes. Pour les bus de 2e classe, je ne saurais commenter, car je n’en ai pas pris beaucoup. Les bus de 1ere classe sont plus rapides, plus directs, plus chers, alors que les bus de 2e classe suivent des routes plus longues, ils arrêtent dans des villes et villages délaissés par les circuits de 1ere classe.

Au terminus de Guanajuato, quelques minutes avant le départ.

Au terminus de Guanajuato

– Je n’ai jamais eu de problème avec les bus, sauf lorsque j’ai perdu ma trousse de premiers soins. Je soupçonne qu’un employé de la compagnie de bus me l’a volé, mais je n’ai pas de preuve, à part l’absence de ma trousse à l’arrivée.

– Lors de l’achat d’un billet de bus, on vous proposera de choisir votre siège. Or j’ai remarqué que bien des Mexicain-es ne le choisissaient pas, au moment d’acheter leur billet; ils s’assoient n’importe où et, quand quelqu’un leur mentionne qu’ils sont assis à leur siège, ils changent de place (parfois en maugréant). C’est un peu désagréable, à vrai dire, car ces interactions sont parfois tendues.

– Je n’ai pu vérifier cette théorie autant que je l’aurais souhaité, mais je la présente quand même: d’ordinaire, quand j’achetais des billets de bus, je le faisais au terminus, quelques minutes avant de monter dans le véhicule. Or, à quelques reprises, j’ai acheté des billets à l’avance à un guichet du terminus et, dans certains cas, comme à Puebla, j’ai obtenu d’importants rabais, le genre de rabais que l’on peut obtenir habituellement sur Internet (car oui, de bons rabais sont offerts sur les sites des compagnies; quand on connaît ses dates de déplacements, cette option peut s’avérer intéressante). Une amie a vécu la même situation. Ça vaudrait donc la peine d’approfondir cette théorie.

– Voici quelques compagnies de bus fiables, par région: Tufesa (nord-ouest et nord); Transportes Chihuahuenses (centre-nord); Estrella Blanca (nord et centre), Primera Plus (centre); ADO (centre-sud et sud).

Arrivée au poste frontalier.

Bus de la compagnie Tufesa, à Nogales

– On peut acheter des billets de bus dans les Oxxo, ces dépanneurs semblables aux 7-Eleven, mais en mieux. Il y a aussi des 7/Eleven au Mexique, mais les Oxxo offrent plus de choix pour à peu près tout. Fait amusant: ils constituent de rares endroits où l’on peut manger des nachos au Mexique.

– Les colectivos sont des fourgonnettes utilisées comme des bus; ils effectuent des trajets parfois très précis, ils sont utiles pour des déplacements en ville ou des excursions, mais vu leur volume restreint, je ne les conseille pas pour de longues distances avec des bagages.

Hébergement

– J’ai constaté qu’il n’y a pas de véritable culture d’auberges de jeunesse dans le nord/nord-ouest, à part à Hermosillo. La première ville du nord du pays que l’on pourrait considérer comme ayant une culture d’auberges est Durango, et encore, elle est embryonnaire. C’est vraiment à partir de villes comme Mazatlán et Puerto Vallarta que le choix augmente. Les hôtels et le Couchsurfing constituent donc les meilleures options dans le nord. D’ailleurs le Couchsurfing fonctionnait plutôt bien, dans le pays. D’ailleurs, Hermosillo compte une scène Couchsurfing plutôt vivante, pour une ville si peu touristique.

– Beaucoup d’auberges ont des cuisines à la disposition des invité-es. Toutefois, la qualité et la quantité de l’équipement varient beaucoup d’un établissement à l’autre. La meilleure cuisine que j’ai utilisée fut celle du Funky Monkey Hostel de Mazatlán; j’y ai cuisiné de la poutine pour environ 12 personnes.

– Les auberges dans le sud du pays ou sur la côte Pacifique ont parfois des piscines, comme l’Hostel Losodeli (Puerto Escondido), The Amazing Hostel Sayulita (Sayulita) ou le Nómadas Hostel (Mérida).

La piscine

La piscine du Nómadas Hostel, à Mérida

– Le Wi-Fi est généralement bon dans les auberges, mais il peut arriver que certaines d’entre elles connaissent des problèmes à ce chapitre, comme l’Hostel Mundo Joven Cancún.

Voilà pour cette première partie du bilan de mon séjour au Mexique. Je publierai la suite de ce bilan sous peu: il contiendra des chiffres et les palmarès de mes trucs préférés. À bientôt…

2 thoughts on “Bilan: 135 jours au Mexique (1ere partie)

  1. Florian

    Waou quel voyage ! Merci pour ce bilan c’est vraiment très intéressant, et surtout ce que tu dis sur la sécurité là-bas. Je pense que dans tout pays il y a des endroits dangereux. Après c’est vrai qu’on diabolise peut être un peu trop ce qu’il se passe dans le pays…

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    1. Stéphane Pageau Post author

      Y a pas de quoi, Florian, merci pour ton commentaire! En effet, le risque zéro n’existe pas, mais il ne faut pas tomber dans la paranoïa non plus…

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