Día de Muertos: soirée à Janitzio et fin

Le cimetière de Janitzio, en soirée…

Le 2 novembre 2017 fut ma dernière journée complète au Mexique. Comme de fait, c’était aussi la dernière journée de Día de Muertos. Coïncidence? Non. J’avais passé l’après-midi à Tzintzuntzan (vous pouvez d’ailleurs lire mon billet sur cette visite), mais j’étais revenu à Pátzcuaro, en fin d’après-midi, pour la raison suivante: je voulais retourner à Janitzio, mais cette fois, en soirée. C’était le jour de la commémoration des fidèles défunts, alors j’espérais assister à des activités en lien avec ce rituel catholique.

Retour à Janitzio

Donc, après ce bref passage à Tzintzuntzan, je suis rentré chez mes hôtes Airbnb, je me suis préparé et je me suis rendu au muelle general, le quai général, d’où partent les bateaux qui circulent sur le lac de Pátzcuaro. J’ai alors croisé mon Buffalonien de Morelia. Lui aussi voulait aller à Janitzio, il pensait même dormir là-bas. On a ainsi acheté nos billets et on a attendu le départ de notre navire. Entre-temps, un bateau avec un panneau publicitaire a défilé sous nos yeux. Vraiment? De la pub? Jusqu’ici? Misère…

Un bateau-panneau publicitaire?

L’embarquement a eu lieu pendant que le soleil quittait son poste, autour de 18 h 19. Buffalo et moi avons pris place sur un banc en bois. Le départ fut retardé parce qu’un des passagers avait échappé son téléphone dans un interstice du plancher. Un tohu-bohu s’ensuivit, jusqu’à ce qu’un des employés du rafiot ne parvienne à défaire d’autres planches pour récupérer le fameux téléphone. Éclats de joie démesurés. Comme si la vie du mec dépendait de son appareil.

En attendant le départ… de la pub

Alors que le navire filait quasi aveugle dans ce pot d’encre appelé lac de Pátzcuaro, une bande de passagers ont chahuté. Le téléphone perdu appartenait d’ailleurs à un membre de cette bande. De plus, le « Oh la la la la » répétitif du quidam en visible manque d’attention parvenait à entamer le blindage de n’importe quelle patience. Pourquoi certaines personnes deviennent de fieffés imbéciles quand elles se retrouvent en groupe? J’ai mes théories là-dessus, mais je les garderai pour un autre billet.

On se croirait dans un film de la franchise Star Wars…

Nonobstant ces crétins, j’ai aimé cette traversée. Comme quoi même les désagréments ont leur charme. Les ténèbres avaient à cette heure-ci enrobé toute la région. Seules les lumières des bateaux et de Janitzio perçaient ce rideau impénétrable. J’ai perdu l’habitude des espaces aussi sombres. Sur ma ferme natale, le noir était total, une fois la nuit tombée. Il était encore plus dense à mesure que l’on s’approchait de la terrifiante forêt et ses bruits inexpliqués. Aujourd’hui, j’habite dans une ville d’environ deux millions d’habitant-es, alors pour dénicher des lieux sans lumière, je dois m’éloigner. Et encore…

Un « Lite-Brite » lacustre

Après un trajet d’une trentaine de minutes, Buffalo et moi avons débarqué à Janitzio. Or, avant de retourner sur l’île, je m’étais renseigné: le dernier bateau partait de Janitzio à 20 h. Ça ne nous laissait qu’une heure de liberté, peu ou prou. J’avais estimé, à tort, que le dernier bateau repartirait plus tard, comme la veille. Erreur de jugement. Cette information en tête, j’ai recalibré mes plans. Le cimetière est alors devenu notre objectif principal. On n’a donc pas perdu de temps, une fois à destination, et on a été droit au but. Comme j’avais déjà visité l’île, je savais comment y arriver en moins de temps qu’il n’en faut pour dire « Oh la la la la » huit fois.

Des chandelles pour l’ambiance…

Je m’attendais en toute franchise à ce qu’il soit plus achalandé – d’êtres vivants, du moins. C’était plutôt désert. Pas une mauvaise chose, dans le fond. Buffalo et moi avons pu nous promener sans se piler sur les pieds. Et, à mes yeux, un cimetière se veut un lieu de silence. Une foule massive aurait gâché ce calme. Même si, au départ, j’avais espéré assister à une cérémonie spéciale, j’étais tout de même conquis par le caractère solennel mais sans prétention de cet instant. Les chandelles, discrètes dans l’obscurité ambiante, y conféraient un cachet mystique. Puis, dans un élan de lucidité, j’ai constaté que le moment était venu pour attraper le dernier bateau.

Une tombe décorée pour l’occasion

J’ai annoncé à Buffalo que je repartais. Il a alors hésité. Il se demandait s’il devait passer la nuit ici. Je lui ai exposé les faits. En gros: il pourrait certes rencontrer de bons samaritains et ainsi être hébergé. Mais il pourrait aussi se retrouver seul dans la nuit, alors que les rues se drapent dans le silence et l’absence d’action. Il dormirait alors peut-être dans la rue ou dans un recoin. Il ne connaissait pas le niveau de danger des lieux. Après une intense réflexion, il a décidé de revenir avec moi. Je crois qu’il a réalisé que, au fond, il avait déjà vu ce qu’il désirait voir.

Dans une rue de Janitzio… un autel.

On est donc revenus avec le dernier bateau. Épuisé par ma nuit précédente et sachant que je devais quitter Pátzcuaro tôt le lendemain pour aller prendre mon vol à Morelia, j’ai décidé de rentrer sagement chez mon hôte Airbnb. J’ai salué Buffalo, je lui ai souhaité bonne chance. Encore une fois, il ne savait pas où il allait dormir. Mais il ne s’en faisait pas avec ça. Il dégageait cette aisance propre au voyageur qui en avait vu d’autres. Je suis par conséquent sûr qu’il s’est débrouillé.

Une dernière photo du cimetière pour la route…

Toute bonne chose a une fin

Et c’est là-dessus que se termine le récit de mon expérience de Día de Muertos. J’ai adoré, même si je n’ai pu assister à une parade. Une prochaine fois. Ceci dit, je caressais ce rêve depuis mon premier passage au Mexique, en 2014-2015. Je suis heureux d’avoir pu le réaliser, d’avoir pu retourner dans mon pays préféré, d’avoir pu découvrir – un très tout petit peu – une région que je ne connaissais pas, le Michoacán. J’aime le Mexique, malgré ses travers, ses problèmes. Je compte y revenir un jour, dans un avenir pas si lointain…

Mon imitation d’Abbath… en rappel.

J’ai ainsi passé près d’une semaine au Mexique en octobre et en novembre; or je termine la description de ce périple en avril. J’ai vraiment pris mon temps pour rédiger. J’ai publié neuf billets (incluant celui-ci) sur ce voyage, soit plus d’un texte par jour de voyage. D’aucuns diraient que j’ai étiré la sauce. Oui, absolument. Mais j’ai eu du plaisir à le faire. Et je le referai.

Oh, et pour l’amour d’El Santo, allez regarder le touchant film Coco (2017), si ce n’est déjà fait.

Prochaine destination: le Suriname. Départ: 23 avril 2018.

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