Mon chantier jeunesse à Berlin: le travail

Le travail, c’est la santé

Dans mon billet précédent, je vous ai présenté les participant-es de mon Chantier jeunesse, à Berlin, en juillet 1998. Dans ce nouveau billet, je vous parle du volet travail du chantier. Car oui, on a travaillé.

Un chantier, c’est du travail, après tout

En gros, on devait refaire la décoration de la maison de jeunes Maxim (Kinder und Jugendkulturzentrum Maxim) du quartier Weißensee, dans le centre-est de la ville. On a commencé par des réunions, histoire de préciser les objectifs du projet, de lancer des idées pour le nouveau design, d’évaluer les talents et les intérêts de chacun-e, etc. Peu à peu, une vision s’est dessinée et on a pu commencer à attribuer des tâches. J’étais en charge de créer une grosse sphère, qui représentait une planète. Pourquoi une planète? Je ne m’en souviens plus. Sans doute le fruit d’une volonté d’intégrer des symboles mystiques/spirituels/gnangnan dans la démarche artistique. Et, comme tout le monde, je devais peinturer murs et plafond.

Au moins, on ne pouvait faire pire que cela

Les gens prenaient leurs tâches au sérieux. Sauf Tobias, trop occupé à faire le clown et exprimer son humour puéril de mille façons. Il a d’ailleurs été vertement engueulé par Piotr, après une nébuleuse histoire de vol/emprunt sans permission d’un truc appartenant à Piotr. Tout le monde appuyait Piotr. Tobias était un crétin. Ce dernier a affiché un profil bas, par la suite, car plus personne ne le respectait. Et plus personne ne cachait son mépris envers lui.

Prendre le travail au sérieux

À part ça, Alona chantait avec passion quand l’album Suicidal for Life de Suicidal Tendencies ne décapait pas les tympans. Je connaissais le groupe, je le respectais pour son influence dans le développement du style crossover, mais je n’ai jamais été un grand fan (même si la chanson You Can’t Bring Me Down – du 5e album du groupe Lights… Camera… Revolution!, paru en 1990 – est un classique, à mes oreilles). Mais, visiblement, quelqu’un sur ce chantier ne pouvait passer une journée sans écouter ce disque. J’ai fini par le connaître par coeur, malgré moi. En voici un charmant extrait:

Les travaux avançaient ainsi à un rythme constant, sous le regard attentif de Martin. On voyait l’évolution du projet jour après jour. Les murs et plafonds se couvraient de peinture. Les éléments décoratifs prenaient forme. Ma sphère tentait tant bien que mal de ressembler à une sphère. Les heures demeuraient flexibles, mais on baignait dans une dynamique de 9 à 5. L’alcool était présent à tout moment, mais personne ne sombrait dans les excès. Or, durant les rencontres préparatoires au Stade olympique de Montréal, j’avais entendu parler de certains chantiers qui se transformaient en beuverie ininterrompue; par exemple, un ancien participant avait raconté que, lors de son chantier au Bélarus, la vodka commençait à couler tôt le matin pour ne s’arrêter que tard le soir. Il devait nettoyer les berges d’une rivière, mais il a surtout développé une tolérance à la vodka. Quand même dommage que ce soit le principal bénéfice de son expérience.

Détritus sur Marina Beach, à Chennai. La vodka aurait peut-être aidé, dans ce cas, car la plage mesure 13 kilomètres…

Le soir, on socialisait. Pas qu’on s’en privait le jour, mais bon. On échangeait alors sur à peu près tous les sujets imaginables. Des occasions en or d’en apprendre plus sur la culture de chacun-e. Un sujet en apparence insignifiant, comme la description du son d’un éternuement, devenait prétexte à des débats animés. C’était le véritable but du chantier, en fait. Je peux confirmer que cet objectif fut largement atteint, en ce qui me concerne. J’ai beaucoup appris. Et j’ai aussi compris que le voyage ferait partie intégrante de ma vie. J’étais devenu accro.

Un résultat décevant

Puis, la fin des travaux est arrivée. En toute franchise, la maison de jeunes était plus belle avant qu’on ne retouche la déco. Je n’ai pas compris le besoin de refaire tout ça, mais je me doute qu’il devait y avoir des partenariats à respecter, des ententes à honorer, etc. J’aurais aimé vous montrer des photos avant/après, mais elles végètent dans une boîte que j’ai confiée à une unité d’entreposage à Montréal. Enfin. Je me suis détaché du résultat final pour ne conserver que les moments plus constructifs, mais il a amorcé en moi un questionnement sur la pertinence de telles initiatives. Ce questionnement allait connaître son aboutissement après mon stage au Venezuela, où j’ai pu voir l’envers de la médaille du volontourisme. Et ce n’est pas toujours joli, croyez-moi.

Prochain billet: activités et attractions de Berlin, en 1998.

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