Rio de Janeiro: jolies plages, mankini manqué et fiévreuse Macarena

Plage de Copacabana

Rio et les plages. Comme frites, fromage en grains et sauce brune. Des concepts inséparables. Je tenais à profiter des plages, lors de mon passage à Rio, et, en raison d’une météo peu favorable au début de mon voyage, je n’ai pu le faire autant que je le voulais. Heureusement, à mon deuxième séjour à Rio (après des arrêts à Paraty et Trindade), du 15 au 19 septembre 2019, j’ai eu plus de chance: le soleil a été au rendez-vous tous les jours. La chaleur, aussi. 38 °C? Une température idéale pour me donner un hâle en vue de l’hiver. J’avais de nombreuses options, mais je me suis contenté des plages de Copacabana et d’Ipanema.

Plage d’Ipanema. Je me suis demande si la fille d’Ipanema s’y trouvait alors.

Impressions générales

Les plages font partie intégrante de la ville; pas besoin donc de se rendre à l’extérieur de l’agglomération (sauf si l’on le souhaite). Plusieurs stations de métro permettent de s’y rendre et l’accès est gratuit. Si quelqu’un ne réussit pas à trouver les plages à Rio, il devrait renoncer à voyager, il n’y pas d’espoir pour elle ou lui.

Suivez les indications.

J’ai eu l’impression que les plages attiraient tant les locaux que les touristes. Autre impression: peu importe leur statut socio-économique, tous les Cariocas peuvent y aller, en théorie. Dans la pratique… j’imagine que ça dépend de facteurs comme l’accès au transport en commun et la possibilité de payer cet accès. De ce que j’ai compris, une proportion non négligeable des personnes les plus pauvres de Rio vivent dans des quartiers éloignés des zones touristiques. Elles ne doivent donc pas pouvoir fréquenter les plages de façon assidue. L’aspect « ouvert à tout le monde » des plages est ainsi peut-être davantage un mythe qu’une réalité. Ou, à tout le moins, pas aussi simple qu’on peut bien le croire.

Incroyable, mais vrai: Copacabana sans un chat. Et sans Photoshop.

Ceci dit, on retrouve sur les plages un microcosme fascinant de la société brésilienne et, par extension, du monde. C’est un univers particulier et j’imagine qu’il doit exister des telenovelas dans lesquelles il occupe un rôle important. Sinon, il faudrait en créer. C’est un lieu fabuleux pour faire du « people-watching ». Dans une perspective sociologique, bien sûr.

Copacabana, en fin d’après-midi. Microcosme fascinant.

Enfin, je ne pouvais m’empêcher de penser, le derrière dans le sable, au film Blame It on Rio (1984), avec Michael Caine. Ce genre de fantasme de quarantenaire lubrique ne passerait certes pas bien aujourd’hui en cette ère post-Weinstein, mais, à l’époque, il avait été jugé d’assez bon goût pour être présenté à Ciné-Quiz. Je n’ai pas vu la version française originale, Un moment d’égarement (1977), mais je ne conçois pas qu’elle puisse être moins pire.

Copacabana

Sans doute la plage la plus connue et la plus accessible depuis les quartiers touristiques. Surtout si l’on se fie à l’achalandage. En même temps, ça se comprend, l’expérience de baignade y est agréable. L’eau est délicieuse. Sur la peau. Dans la bouche, c’est une autre histoire.

Pauvre chaise abandonnée au soleil…

Le sable est propre, grâce à des équipes qui en assurent la propreté. Des policiers circulent, aussi, et tout le monde paraît bienveillant. La plage urbaine parfaite? Peut-être. Néanmoins, comme d’habitude, quand je me baigne seul, j’ai fait attention à mes possessions. Pas que je traînais des trucs dispendieux, mais bon… je tenais quand même à mes imitations de Havaianas payées 3 $ CAN à Paraty. 

On dirait que ces deux-là jouent à la « tag »…

Plusieurs restaurants se sont installés sur la promenade qui longe la plage. Certains semblent même parfaits pour des sorties plus formelles (en couple, disons). Sinon, des vendeurs ambulants de nourriture circulent sur les plages et sur la promenade. Les épis de maïs et les hot dogs obtenaient un vif succès. D’autres vendeurs proposent des oeuvres d’art, des souvenirs variés et autres babioles: j’ai acheté des bandeaux et des reproductions de toiles. J’ai en outre eu une agréable conversation en portugais avec un vendeur de reproductions. J’étais heureux de pratiquer cette langue, je débute mon apprentissage de celle-ci et il n’y a rien comme plonger dans le feu de l’action pour apprendre.

Promenade le long de la plage de Copacabana

Les solliciteurs ne sont pas trop insistants, mais ils sont constants; difficile de rester plus d’une minute ou deux sans que quelqu’un ne vienne proposer quelque chose. Je m’y attendais et j’étais à l’aise avec la situation. De toute façon, je ne me voyais pas envoyer chier quelqu’un qui passe ses journées sous un soleil de plomb pour obtenir quelques maigres dollars. Et oui, on m’a offert de la drogue, comme d’habitude.

Ipanema

Ce qui frappe, en arrivant à la plage d’Ipanema, c’est le paysage. La montagne appelée Morro Dois Irmãos domine l’une de ses extrémités. Avec ou sans nuage, ce rocher de 533 mètres de haut confère un cachet particulier aux environs.

Avec nuage

Sans nuage

Les vagues m’ont semblé plus puissantes ici qu’à Copacabana. Les gens faisaient visiblement plus attention qu’à Copacabana, en tout cas; ils ne s’éloignaient pas autant du rivage, entre autres.

Encore une fois, des vendeurs ambulants – de nourriture ou de divers produits – circulent sur la plage et le long de celle-ci, sur la promenade; par exemple, des vendeurs se promènent avec une vaste sélection de maillots et l’essayage se fait là, live, les pieds dans le sable. Je ne leur ai pas demandé s’ils avaient des mankinis. J’aurais peut-être dû.

Vendeur de hot dogs à Ipanema

Le cycliste prend un égoportrait… en conduisant. Bien joué, bro.

Pour les personnes intéressées, j’ai remarqué une section de plage avec un drapeau du mouvement LGBTQ+. J’imagine que c’est un bon endroit pour faire des rencontres.

Une plage inclusive

La plage commence/se termine à côté d’un promontoire rocheux. Les vues sur l’océan y sont grandioses. Le vent aussi. Des couples venaient s’y bécoter, au soleil couchant, en prenant soin d’immortaliser ces délicieux baisers pour Instagram (je présume).

Le « Rocher des baisers sous le vent » (un nom de mon cru)

Les rochers sont imposants, certains sont même séparés par de petites crevasses, par endroits, alors la vigilance s’impose. Surtout si vous avez descendu les caïpirinhas auparavant.

Dangereux terrain de jeux pour les ivrognes

En rentrant vers mon auberge, je suis tombé, dans un genre de stationnement, sur cette performance de Macarena; comme mes compétences en danse vont de nulles à médiocres, j’ai préféré regarder. Comme une foule appréciable, d’ailleurs. Je me suis senti en 1995, mais j’avais une meilleure coupe de cheveux qu’à l’époque. Oh, en y repensant bien… j’avais la même  coupe qu’à l’époque. Plus je change, plus je suis pareil. Enfin.

Et la sécurité?

Je ne suis pas resté sur les plages après la tombée de la nuit. Je me suis toutefois baladé sur les promenades les longeant, en soirée, et une foule considérable s’y promenait aussi. Je n’ai jamais senti de danger. Bon, je suis rentré tôt chaque fois, alors je ne saurais dire comment ça se passe, plus la nuit avance. Je serais porté à croire que plus les heures s’écoulent, plus la sécurité décroît. Ce phénomène n’est pas spécifique à Rio, évidemment. Quoi qu’il en soit, la prudence est de mise. En cas de doute, demandez au personnel de votre auberge/hôtel pour des conseils sur la sécurité.

Le sceau Pageau

J’ai adoré mon expérience des plages à Rio. Leur proximité des principaux quartiers touristiques les rend irrésistibles. Je pourrais vivre à Rio et les plages compteraient pour beaucoup dans ma décision. Il ne me resterait alors qu’à améliorer mon portugais…

Prochain billet: le Bondes de Santa Teresa