Edzná ou comment visiter des ruines sans se ruiner

L’Edificio de los Cinco Pisos

Le Mexique compte un grand nombre de sites mayas, surtout dans l’État du Chiapas et la péninsule du Yucatán. Certains sont célèbres, comme Chichén Itzá ou Palenque, alors que d’autres, comme Edzná, croupissent dans l’ombre de leurs congénères. Je dois avouer que je ne le connaissais pas avant d’arriver à Campeche. Edzná est un site d’environ 25 km2, à 55 kilomètres au sud-est de Campeche, dans une région appelée Puuc (c’est aussi le nom d’un style architectural propre à cette région). J’imagine que des agences proposent la visite, mais je ne recommande pas cette option, étant donné la facilité de s’y rendre par soi-même. Et ça coûtera moins cher aussi.

C’est plus beau que le nouveau patio du beau-frère

Par ailleurs, cet article est le 900e que j’écris pour mon blogue. Je ne peux même pas estimer le nombre d’heures consacrées à ces textes. J’aurais sans doute pu suivre une formation pour devenir astronaute, pour une durée équivalente. Mais je ne regrette rien: j’ai eu beaucoup, beaucoup de plaisir à rédiger ce corpus.

En route vers Edzná

Un colectivo (un minivan qui sert de bus sur un circuit prédéterminé) relie directement Campeche à l’entrée du site. Un billet coûte 40 pesos (environ 2,67 $ CAN) dans chaque direction et le trajet dure environ une heure. Il faut payer directement au chauffeur en débarquant. Le colectivo part de l’intersection des rues Nicaragua et Chihuahua, dès 7 h, à toutes les heures. Facile à trouver, l’endroit sert de point de rencontre de plusieurs colectivos. Il suffit d’en repérer un sur lequel est écrit Valle de Edzná et y grimper. Dites au chauffeur que vous allez au site maya et il vous déposera dans le stationnement. La fréquence des départs serait toutefois moindre le dimanche, alors je suggère de planifier votre visite un autre jour de la semaine. Ainsi, on y a été un lundi (le 29 octobre 2018), à 7 h. Et, dans notre cas, le colectivo était bondé. Pas un centimètre de libre nulle part.

Edzná

L’entrée sur le site d’Edzná coûte 60 pesos (environ 4,03 $ CAN), plus 45 pesos (environ 3,02 $ CAN) pour le droit de filmer. Par contre, on ne vous remet aucune preuve de paiement et la surveillance nous a paru inexistante. Alors je ne vois pas la pertinence de payer pour ce « droit de filmer ». Il faut par ailleurs payer l’entrée au comptoir du chalet, juste après le stationnement. Le site compte plusieurs sections, mais il se marche bien. On a mis environ 1 h 22 pour tout explorer (du moins, on croit avoir tout exploré), sans se presser. On était les trois seuls visiteurs lors de notre passage. C’était rafraîchissant, surtout pour celles et ceux qui ont connu les foules de Chichén Itzá. C’était même surréel, cette sensation d’avoir un site aussi historiquement riche pour nous-mêmes.

Une brève leçon d’histoire

Le nom « Edzná » pourrait signifier « Casa de los Itzáes » (« Maison des Itza »), « Casa del eco » (« Maison de l’écho », en raison de phénomènes acoustiques propres au site) ou « Casa de los gestos » (« Maison des grimaces », en raison de la présence de masques dans l’édifice  principal). Les Itzá formaient une branche des Mayas et ont régné sur la région. Ils auraient – selon les sources – érigé ou fortifié Chichén Itzá. Le site d’Edzná a été occupé dès 400 ans avant J.-C. Plus de 25 000 personnes auraient habité ici, à une certaine époque. Un gouvernement centralisé y aurait établi sa capitale régionale entre 400 et 1000 après J.-C., mais, vers la fin de la période classique (250–900), les Itza auraient fait partie du régime politique de Calakmul.

La Gran acrópolis: à gauche, le Temple de la lune

Le site aurait été abandonné autour des années 1500, avant d’être redécouvert en 1907. Les raisons derrière son abandon demeurent mystérieuses encore aujourd’hui. Des travaux de restauration ont eu lieu depuis et ils ont permis de rendre les lieux accessibles aux visiteurs.

Considérations edznanes

Tout d’abord, le site ouvre à 8 h et ferme à 17 h, du dimanche au lundi. Ensuite, les panneaux explicatifs sont en espagnol, en maya et en anglais. C’est une bonne chose, car les sites historiques mexicains ne présentent souvent les explications qu’en espagnol. Puis, s’il n’y a pas d’itinéraire fixe pour visiter Edzná, un certain ordre logique est évident. Un sentier part du chalet et mène vers les différentes structures; il suffit alors de le suivre. Par ailleurs, prévoyez du chasse-moustiques, car l’appétit de ces bestioles est insatiable. Enfin, comme la portion accessible au public s’avère petite, il est impossible de se perdre, à moins d’être un imbécile qui ne respecte pas les panneaux d’avertissement.

Les principaux points d’intérêt

La Gran acrópolis, comme son nom l’indique, est la place la plus importante, la plus spectaculaire des ruines. On peut y découvrir plusieurs des monuments les plus remarquables de l’endroit, dont…

La Gran acrópolis: à droite, le Temple du nord

L’Edificio de los Cinco Pisos, le plat de résistance d’Edzná. Cette structure de cinq étages, situé sur la Gran acrópolis, possède des chambres voûtées (une rareté dans les constructions mayas, selon la rumeur). Avec ses quarante mètres de haut, il domine le secteur. On ne peut y monter, cependant, car il fait l’objet d’une protection particulière. Dommage, mais pas une décision surprenante.

L’Edificio de los Cinco Pisos

La Pequeña acrópolis jouxte la Gran acrópolis. Plus modeste, cette place réunit des structures moins flamboyantes que celles de sa grande soeur.

La Pequeña Acropolis

La place principale est un vaste espace au coeur d’Edzná, qui regroupe diverses structures: la Plataforma de los cuchillos, le Juego de pelota et Nohoch-na (« maison longue »). On pourrait y installer un terrain de football américain, en raison de sa généreuse superficie.

La Place principale

Le Juego de pelota est le terrain sur lequel on pratiquait la pelota, un jeu de balle qui, selon un point de vue anachronique de 2018, semble combiner le meilleur du basketball et du rugby. En fait, plusieurs versions du jeu auraient existé, au fil des siècles, selon les régions. Ses règles seraient méconnues, mais une version moderne du jeu, ulama, pourrait donner une idée de la façon dont il était joué.

Le Juego de pelota

La Plataforma de los embajadores (« Plateforme des ambassadeurs ») montre des éléments construits à des époques différentes. Son nom rend hommage aux dignitaires étrangers qui ont visité Edzná.

La Plataforma de los embajadores

Autre curiosité: le Templo de los mascarones, un monument renommé pour ses deux masques gravés représentant le Dieu solaire.

Le Templo de los mascarones

Le Templo de los mascarones… bis.

La Vieja hechicera (« la vieille sorcière ») est un ensemble plus éloigné des édifices principaux; il se trouve à 800 mètres au nord-est de l’Edificio de los Cinco Pisos. Sans doute les ruines les moins spectaculaires d’Edzná, mais si vous tenez à tout explorer, vous n’avez qu’à emprunter le sentier herbeux qui y mène. Un détail: il n’y a pas de réseau cellulaire dans le secteur. La sainte paix, pour une fois. Et je suis heureux de souligner que je n’ai aperçu aucun foutu drone.

La Vieja hechichera

Le retour

Pour le retour, il est préférable d’aller prendre le colectivo au croisement de la route, juste avant le chemin d’entrée vers le site. C’est que les colectivos ne se rendent pas nécessairement jusque dans le stationnement chaque fois, ils y vont seulement lorsque des gens demandent d’y aller.

Le panneau que vous devez remarquer, à l’entrée du site. Vous attendez le colectivo de retour de l’autre côté de la route (à droite sur la photo).

On a donc perdu plusieurs dizaines de minutes dans le stationnement, avant de se rendre à cet embranchement. On y a attendu quelques minutes, mais au moins, on a pu valider avec d’autres passagers que c’était bel et bien l’arrêt pour Campeche. Le colectivo retourne à son point de départ, au coin des rues Nicaragua et Chihuahua.

Le verdict

Edzná est un site intéressant, qui m’a rappelé celui de Copán, au Honduras: petit, peu visité, mais avec ses propres excentricités. Je pense toutefois qu’il faut diminuer ses attentes avant d’aller à Edzná, car il ne se compare pas à Chichén Itzá ou Tikal, en termes d’envergure. Je recommande néanmoins cette visite, car elle permet de découvrir un site maya à peu de frais, mais surtout, sans avoir à subir l’oppression des foules.

Prochaine destination: Mérida

 

 

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