Rio de Janeiro: premiers pas au coeur de la bête (2e partie)

Édifices dans le centre de Rio de Janeiro

Mon premier séjour à Rio de Janeiro s’est déroulé du 4 au 9 septembre 2019. Dans mon billet précédent, j’ai décrit certaines activités que j’y ai alors effectuées. Maintenant, je vais présenter quelques attractions que j’ai visitées, toujours lors de ce premier séjour là-bas. Car une ville de l’envergure de Rio de Janeiro compte bien entendu son lot de trucs intéressants.

Une cathédrale pas comme les autres

On connaît le Pão de Açúcar (Pain de Sucre), le Cristo Redentor (Christ Rédempteur) et les plages comme Copacabana et Ipanema – d’ailleurs, je parlerai de ces attractions dans des billets séparés -, mais d’autres sites valent le détour. Je vais ainsi me concentrer sur quelques-uns d’entre eux dont je n’ai pas parlé dans mon billet précédent. Donc… le site qui m’a le plus impressionné est la Catedral de São Sebastião. Je ne la connaissais pas avant de mettre les pieds à Rio et je suis tombé dessus par hasard. Je l’ai aperçue au loin, en arrivant aux Arcos da Lapa, et, poussé par la curiosité, j’ai été voir ce cône érigé en plein milieu d’une meute de gratte-ciels. Je croyais que c’était un théâtre ou un édifice à caractère sportif, mais non, j’ai vite compris que c’était en fait une cathédrale hors du commun.

Catedral de São Sebastião

Lors de mes visites (j’y ai été deux fois), je n’avais pas en main les détails techniques de la structure, mais une courte recherche m’a permis de les trouver. Alors les voici, pour les esprits plus cartésiens d’entre vous: la cathédrale a été construite entre 1964 et 1976, mais elle n’a été inaugurée qu’en 1979. Edgar de Oliveira da Fonseca, son architecte, se serait inspiré des pyramides précolombiennes et des navettes du programme Apollo (c’était dans l’air du temps), créant ainsi un pont entre le passé et le présent. Le style de la cathédrale serait représentatif du « courant brutaliste de l’architecture moderniste ». Man, j’adore ces descriptions. La structure culmine à 75 mètres, à l’extérieur, et à 64 mètres, à l’intérieur. Son diamètre extérieur atteint 106 mètres, pour 96 mètres à l’intérieur. La cathédrale peut accueillir 20 000 personnes, dont 5000 assises. Bref, de la belle ouvrage, comme on dirait dans la campagne québécoise.

De la belle ouvrage

Une fois qu’on y entre, on est soufflés par la vastitude du lieu. Ici, tout est visible, pas de recoin caché, pas de surprise. Alors que les cathédrales « normales » sont séparées en sections, celle-ci ne possède pas de murs, pas de subdivisions. L’effet est saisissant. On se croirait davantage dans une mosquée, d’une certaine manière. La cathédrale compte quatre looooongues fenêtres ornées de splendides vitraux (une par point cardinal?), qui partent du bas pour se rejoindre tout en haut, au sommet. Ou qui partent du sommet pour s’éloigner dans quatre directions. Votre choix.

Les fenêtres de la cathédrale

Pour l’anecdote, le pape Jean-Paul II y a célébré une messe, en 1980 et en 1997. J’imagine la folie que ces visites ont dû générer, étant donné la popularité du pontife. Une vraie rock star, le rock en moins.

Je n’ai pas osé crier pour tester l’écho, malgré une envie de le faire.

J’ai aimé mes visites à la Catedral de São Sebastião. Je n’ai jamais rien vu de tel. En vérité, je suis fasciné par l’architecture des cathédrales récentes, tant à l’étranger qu’au Québec; elles brisent de façon radicale avec les designs plus classiques, certaines font même preuve d’audace par leurs lignes inhabituelles. Alors j’ai été ébloui de découvrir une réalisation aussi originale que la Catedral. Une attraction à découvrir, peu importe vos convictions personnelles, en matière de foi/religion/spiritualité. Voici une vidéo pour vous donner une idée de l’ambiance, à l’intérieur de la cathédrale:

Un escalier et des Instagrammeurs

Le fameux Escadaria Selarón relie les quartiers de Santa Teresa et de Lapa. Cet escalier est l’équivalent d’un rêve érotique pour les Instacrapeurs. Sa popularité est telle qu’il est difficile d’y prendre des photos dénuées de touristes.

L’escadaria Selarón, là où il fait bon d’être vu

L’escalier Selarón fait 125 mètres de longueur et compte 215 marches. Il a été complété en 1994, par le céramiste/peintre brésilien d’origine chilienne Jorge Selarón (1947-2013); il a mis 20 ans à construire son oeuvre. Elle compte 2000 carreaux de faïence, provenant de 120 pays différents. Selarón habitait le quartier, après son arrivée au Brésil, en 1983. Il a aussi décoré plusieurs lieux publics des quartiers de Santa Teresa et de Lapa.

Escadaria Selarón, une oeuvre d’amour envers le monde

L’ensemble est d’un hétéroclisme divertissant.

Bonjour Kazakhstan!

En bout de ligne, il est presque plus divertissant de regarder les touristes tenter d’obtenir la photo parfaite que d’admirer les 2000 carreaux. C’est un peu triste, mais l’escalier représente ce que le voyage est devenu pour nombre de personnes: une occasion de se mettre en valeur et non une chance de découvrir différents aspects d’une culture, d’un patrimoine. Je n’ai pas vu beaucoup de gens s’arrêter pour regarder les plaques avec attention ou lire sur l’escalier dans un guide ou sur un téléphone. La plupart ne semblaient être là que pour réussir LA photo qui saura accumuler les « j’aime » sur Instagram (même si, apparemment, Instagram ne compile plus les « j’aime » maintenant). D’aucuns diraient que c’était comme ça avant aussi, mais je ne suis pas d’accord. C’est pire maintenant. Les appareils numériques et les réseaux sociaux ont accentué cette tendance de façon importante. Enfin, je pourrais faire plusieurs billets sur le sujet, mais je m’en tiendrai à ceci: il y avait du monde en crisse à l’escalier.

L’escadaria Selarón, victime de son succès

En outre, des vendeurs ambulants proposent aux visiteurs des drinks (caïpirinhas, surtout), des souvenirs et même des pièces d’équipement comme des trépieds pour appareil photo. C’est ce qui s’appelle « comprendre sa clientèle cible ».

Un vendeur intelligent

Enfin, quelques oeuvres d’art de rue ont été créées dans le secteur. Celle-ci m’a touché: elle souligne la vie de célèbres militantes des droits humains brésiliennes: Antonieta de Barros, Lélia Gonzalez et Marielle Franco (assassinée en 2018).

De l’art de rue engagé

Malgré le constat achalandage, je crois que l’oeuvre mérite une visite. Peut-être y aller tôt le matin pour éviter les foules. Chose certaine, mieux vaut ne pas rêver d’avoir l’escalier pour soi.

La folie, je vous dis.

Los Arcos da Lapa

Los Arcos da Lapa sont les vestiges d’un système d’aqueduc construit en XVIIIe siècle. Il servait à acheminer l’eau du rio Carioca aux quartiers de Santa Teresa et de Lapa. L’aqueduc sert aujourd’hui de voie pour le tramway de Santa Teresa (bonde de Santa Teresa).

Los Arcos da Lapa

Le soir, des bars et des vendeurs de cuisine de rue ambulants s’installent autour des arches. D’ailleurs, le quartier compte beaucoup de bars, tant dans les rues que devant les Arcos. Il est possible – ou, à tout le moins, toléré – de boire dans la rue. Et les gens ne s’en privent pas. Cependant, la police veille, de jour comme de nuit, histoire de s’assurer que tout se passe bien. Je n’ai pas vécu de rencontres désagréables avec des ivrognes, alors c’est déjà ça. Je dois avouer que j’ai été plutôt tranquille, lors de ce voyage, je ne suis jamais rentré tard. Mon « record »? 0 h 30. Une seule sortie dans un bar. Pas une seule goutte d’alcool. Je m’assagis. Ou je deviens plate.

Bars à côté des Arcos da Lapa

Le mauvais temps du début de mon séjour m’a poussé à visiter des musées. Mon préféré: le Centro Nacional de Folclore e Cultura Popular. Fondé en 1968, le musée compte plus de 16 000 items, dont 1400 font partie de la collection permanente. L’entrée est gratuite. L’accent est mis sur les traditions folkloriques de diverses régions du pays, à travers des instruments de musique, des figurines, des peintures et bien plus. On ne peut prendre de photo, en théorie, mais… j’ai triché.

Figurines du Centro Nacional de Folclore e Cultura Popular

Le Museu da República représente une orgie de luxe. Du luxe à en vomir par les oreilles. Oui, de jolies choses flattent les rétines, mais cette opulence débridée a de quoi choquer. Le musée est situé dans l’ancien Palácio do Catete, construit entre 1858 et 1867. Il a servi, de 1897 à 1960, de Palais présidentiel. Il fut aussi le théâtre du suicide du président Getúlio Vargas, en 1954. Bref, un édifice chargé d’histoire, accessible pour 6 reais (environ 1,91 $ CAN).

Belle pièce pour siroter une « root beer » et manger des chips.

Une exposition sur les mèmes était aussi présentée au dernier étage, lors de mon passage. Intéressant de constater que des commissaires d’exposition estiment que les mèmes ne sont pas que des trucs stupides publiés sur internet, mais qu’ils portent aussi des sens, qu’ils constituent aussi une forme d’expression en phase avec son époque et les technologies de celle-ci. Un respect mérité, à mon avis, car les mèmes sont là pour rester.

Exposition sur les mèmes du Museu da República

Le Jardim Histórico Museu da República, adjacent au musée, est un parc agréable, dont l’ambiance paisible tranche avec le chaos des rues environnantes. Certes, la ville n’est jamais loin, mais c’est charmant de voir des canards circuler en toute liberté. L’entrée est gratuite.

Jardim Histórico Museu da República

À noter que le Museu de arte naif serait fermé définitivement. Dommage, car je voulais y aller. Il semblait captivant et il était situé tout près de la station de départ du train pour le Cristo Redentor.

Hébergement

J’ai passé mes premières nuits à Rio au KarioK Hostel, dont j’ai parlé dans mon billet précédent. J’ai aussi dormi deux nuits à l’Hostel Santa Tere, dans le quartier de Santa Teresa. J’ai payé 49,50 reais (environ 15,72 $ CAN) la nuit pour un lit dans un dortoir mixte de dix lits (seize, en fait; je ne comprends pas le calcul du personnel) avec salle de bain aux multiples toilettes et douches. Oh, et copieux déjeuner inclus. Un grand dortoir, donc; j’aime de moins en moins ce genre d’environnement, mais ce fut plus tranquille que ce que je craignais. Pas d’ivrogne rentrant en titubant d’une virée dans les bars, pas d’invité-e ouvrant les lumières à 3 h 48 pour préparer ses sacs, pas de « nouveau couple » en rut qui baise dans un lit minuscule, pas de ronfleur aux respirations tonitruantes. L’ambiance générale était sociale, mais pas ultrafestive. Le personnel, lui, était sympathique et plurilingue (anglais, espagnol et portugais). Et mention spéciale à la spacieuse cuisine. On aurait pu y préparer un souper de réveillon de Noël.

J’écouterais bien écouter « Effigy of the Forgotten » dans ce système de son.

Par contre, les casiers dans le dortoir avaient des anneaux trop petits pour un cadenas robuste comme le mien. Une première pour moi. J’ai dû en emprunter un à la réception. C’est une situation absurde, j’en conviens, mais elle m’a un peu agacé.

Les dortoirs, lieux du meilleur comme du pire.

L’un des principaux attraits de cette auberge? Sa piscine. À mon grand bonheur, la météo s’était assez rétablie pour que je puisse en profiter.

L’appel d’une saucette.

De plus, l’aire commune entourant la piscine – incluant un bar – offre de belles vues sur la ville. C’est mieux que de voir le mur d’un bâtiment voisin.

Vue depuis l’auberge. Pas dégueulasse.

Je me dois de souligner la présence de Santa, une jeune chatte qui se promène comme si l’auberge était son royaume. Ce qui est vrai. Elle est irrésistible. Et indépendante.

Santa, la vedette de l’auberge.

Enfin, je dois mentionner que, si le quartier semble sécuritaire, il faut toutefois demeurer vigilant-e, car la Comunidade Santo Amaro se trouve tout près de l’auberge. J’y suis entré en plein jour, sans conséquences, mais je ne recommanderais pas le secteur en soirée. Cette zone a été visitée par l’armée, en 2012, afin d’y éliminer le trafic de crack. J’y reviendrai dans un billet ultérieur.

Prochain billet: le Cristo Redentor dans le brouillard

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