Le Cristo redentor dans le brouillard
Le Cristo Redentor – le Christ Rédempteur, en français – est l’une des attractions principales de Rio de Janeiro. La statue fait même partie des Sept nouvelles merveilles du monde, depuis le cent millions d’internautes avaient participé au vote organisé par la New Seven Wonders Foundation, liée à la New Open World Corporation. L’UNESCO a par la suite tenu à rappeler qu’elle n’avait aucun rapport avec ce classement. Personnellement, ce n’était pas un argument pour me convaincre d’y aller; j’y aurais été de toute manière. Et j’y ai été le 6 septembre 2019.
La genèse d’une oeuvre mythique
La statue de style Art déco a été conçue par l’ingénieur brésilien Heitor da Silva Costa, mais elle a été réalisée par le sculpteur français Paul Landowski et le sculpteur roumain Gheorghe Leonida (pour la tête du Christ). L’ingénieur français Albert Caquot a aussi collaboré à l’érection de l’oeuvre, entre 1926 et 1931. Elle a été ouverte au public le 12 octobre 1931. Classée monument historique depuis 1973, elle reçoit chaque année plus de 750 000 visiteurs.
Le Christ Rédempteur, pour les francophones
La statue fait 38 mètres de haut, soit 30 m pour le Christ lui-même et 8 m pour le piédestal. La masse de la statue est de 1145 tonnes, dont 30 pour la tête et 8 pour chaque main. La tête mesure 3,75 m, chaque main mesure 3,20 m et la tunique fait 8,50 m de largeur. L’envergure entre les deux mains est de 28 m. La statue trône au sommet du mont du Corcovado, dans le parc national de la forêt de Tijuca, à une altitude de 710 m. Fait intéressant: le Christ Rédempteur serait touché par la foudre en moyenne six fois par année.
La fameuse statue, vue de derrière
Malgré ses statistiques impressionnantes, le Christ Rédempteur n’est pas la plus haute statue au monde. Ce titre revient à la statue de l’Unité, inaugurée en 2018, et ses… 182 mètres (240 m, si l’on ajoute sa base). Elle a été érigée sur un petit îlot du Narmadâ, près du barrage de Sardar Sarovar dans l’État du Gujarat en Inde, et elle représente Sardar Vallabhbhai Patel, un homme politique originaire de l’État. Par contre, le Christ Rédempteur est l’une des plus grandes statues du Christ au monde. Il n’est dépassé que par le Christ de la Concorde à Cochabamba, en Bolivie (40,44 m, dont 34,20 pour le personnage), la statue du Christ Roi à Świebodzin, en Pologne (52,5 m, dont 33 m pour le personnage) et le Christ de Vung Tàu, au Viêt Nam (36 m, dont 32 m pour le personnage).
Même le brouillard ne peut couvrir la portée de la vision depuis le Corcovado.
Anecdote: la statue a été souillée de tags et de graffitis par des vandales non identifiés, le . Eduardo Paes, le maire de la ville à l’époque, a qualifié ce geste de « crime contre la nation ». Cet acte a suscité un vif émoi parmi les Brésiliens. Je les comprends: autant j’aime un graffiti bien réalisé, autant je méprise les « artistes » qui défigurent un patrimoine pour se faire un nom. Nom dont personne ne se rappellera, de toute façon.
Allo!
Une chapelle dédiée à Nossa Senhora Aparecida, où sont célébrés mariages et baptêmes, se trouve à la base du Christ Rédempteur. Quand même plus noble de se marier ici que dans une chapelle de Las Vegas, entre deux cocktails.
La tête dans les nuages
Lors de mon passage sur le Corcovado, un brouillard recouvrait Rio. J’aurais pu attendre et y aller un autre jour, mais je ne savais pas comment la température allait tourner. J’ai donc choisi de m’y rendre malgré tout. Au moins, il ne pleuvait pas ce jour-là.
Brouillard sur Rio
La visite commence à une halte appelée Las Paineiras. On y compte une boutique de souvenirs – avec beaucoup, beaucoup de souvenirs en tous genres – et des toilettes. Des navettes partent de la halte et se rendent au sommet du Corcovado. Elles partent aux quinze minutes et elles arrêtent dans un stationnement au pied de la statue. Les guichets d’entrée s’y trouvent aussi. Et, au cas où vous auriez oublié d’acheter cinq sacs de cochonneries à la halte, d’autres magasins de souvenirs y attendent les visiteurs.
En route vers le Christ
Et des visiteurs, il y en avait. Et ce, même si le temps était frais et nuageux. Même si on était en basse saison. Je peux imaginer le chaos par une belle journée, en haute saison. Je jouais donc du coude sur la plateforme devant la statue. Pas facile de prendre des photos sans subir de photobombe.
Une partie de la foule
Malgré tout, je suis resté environ deux heures sur le site. J’ai pris mes photos, j’ai filmé mes vidéos, j’ai observé les gens. J’étais fasciné par les visiteurs obsédés par la quête de la photo parfaite. Ne pouvant rien contre cette marée de photographes en herbe, je me suis amusé à leurs dépens. Voici donc une galerie de certain-es motivé-es de la caméra/téléphone:
Motivé 1
Motivé-es 2
Motivés 3
Motivé-es 4
Motivé-es 5
Je vous propose aussi une vidéo fort révélatrice de l’ambiance sur place:
Au-delà des histoires de foules, force est d’admettre que les vues sur Rio sont saisissantes. Brouillard ou pas.
Rio dans le brouillard
Il est par ailleurs interdit de nourrir les animaux, mais des imbéciles le font quand même. J’ai ainsi vu un ouistiti se régaler de chips. Le pauvre. Des gardien-nes essaient tant bien que mal d’avertir les gens de ne pas le faire, mais, en raison de l’achalandage, la consigne est difficile à faire respecter. D’ailleurs, les singes sont peu farouches, mais nerveux. Comme des écureuils.
Un ouistiti qui aime trop les chips. Comme moi.
Ils sont si mignons.
Je conseille enfin d’apporter un vêtement chaud, car il peut faire plus frais en altitude. Le maté constitue aussi un moyen efficace de se réchauffer.
Le maté… un essentiel pour toute visite, surtout quand on est Argentin-es. Ou Uruguayen-nes.
Chanceux
Infos pratiques
Transports
Plusieurs options sont disponibles pour se rendre au Christ Rédempteur:
- Le Trem do Corcovado est un train qui part de la station Cosme Velho, dans le quartier du même nom. La voie ferrée, longue de 3824 mètres, a été inaugurée le 9 octobre 1884 par l’empereur Pierre II du Brésil. Elle est la première du pays à avoir été construite à des fins exclusivement touristiques. Elle fut aussi à la première à être électrifiée, en 1910. Le train a transporté les pièces nécessaires à la construction de la statue. Pour les détails, visitez le site officiel.
Trem do Corcovado
- Le bus 580 part de la place Largo de Machado et se rend jusqu’à la gare Cosme Velho.
Bus 580
- Une navette part de la place Largo do Machado. La billeterie se trouve devant l’église Paróquia Nossa Senhora da Glória. Le prix du billet inclut aussi l’entrée sur le site du Christ Rédempteur. On peut le payer avec une carte de crédit.
Les autres moyens de transport:
- En taxi ou en Uber (je ne connais pas les prix, je ne les ai pas utilisés);
- Avec sa propre voiture (pas essayé non plus);
- À vélo. Oui, j’ai vu une cycliste grimper le Corcovado, mais je ne recommande cette option qu’aux personnes vraiment, vraiment sportives.
Prix
L’entrée sur le site coûte 34,60 reais (environ 10,99 $ CAN) pour les adultes, en basse saison; des rabais sont offerts pour les enfants et les personnes âgées. Le billet coûte plus cher le week-end, les jours fériés et en haute saison.
Prix au 6 septembre 2019
Pour ma part, j’ai payé 63 reais (environ 20 $ CAN), entrée sur le site et transports inclus, à la billeterie de la place Largo do Machado. J’ai aimé cette option, car elle simplifiait la visite.
Impressions finales
Un monument imposant, dans tous les sens du terme.
J’ai donc aimé ma visite au Christ Rédempteur, malgré la météo merdique et l’achalandage important. La statue est imposante, les vues sur Rio sont renversantes (quand le ciel est dégagé), mais, oui, la foule peut rendre l’expérience pénible. Y aller tôt le matin peut sans doute atténuer les désagréments, tout comme s’y rendre avec la certitude de vivre une captivante expérience anthropologique.
Prochain billet: le Pão de Açúcar (le Pain de Sucre)