Lagos, une ville dans le vent (1ere partie)

Un édifice remarquable dans le centre de Lagos

Je me dirigeais donc enfin vers le Portugal. Avec un retard absurde, mais bon. Dans l’avion, je redécouvrais le plaisir de regarder des films que je n’avais pas vus lors de leur sortie et d’écouter les albums que j’avais spécifiquement choisis pour ce voyage. Je ne m’étais pas ennuyé de la nourriture, par contre.

J’arrive!

J’avais réalisé à l’aéroport que des dizaines et des dizaines de passagers de mon vol portaient un même t-shirt, soit celui des Journées mondiales de la jeunesse 2023, qui devaient avoir au Portugal, au moment de mon séjour. Ça voulait donc dire qu’il risquait d’y avoir des milliers et des milliers de personnes de plus que d’habitude au pays, en particulier à Lisbonne. Ça expliquait – en partie – pourquoi le choix d’hébergement avait diminué aussi rapidement, durant la préparation de mon voyage. Donc, la haute saison ET un événement majeur comme les Journées, en même temps? J’allais me frotter à des foules considérables, que je le veuille ou non. Mais il était trop tard pour reculer.

La course vers Lagos

Malgré les retards, l’arrivée s’est déroulée sans anicroche. Je me suis précipité vers l’immigration, car j’avais noté que d’autres délégations – allo Brésil! – débarquaient alors et que leurs membres allaient congestionner les guichets. J’ai réussi à me glisser dans la file avant l’invasion. Quelques minutes plus tard, je suis sorti de l’aéroport et je suis entré dans la bien nommée station de métro Aeroporto.

La zone entre l’aéroport et le métro. Pas représentative de Lisbonne, heureusement.

Après avoir compris le fonctionnement des distributrices de titres de transport en commun – il y avait d’ailleurs des employé-e-s affecté-e-s à expliquer celui-ci aux touristes -, j’ai acheté celui dont j’avais besoin. Puis, je me suis dépêché à me rendre à la station/terminus Oriente pour y attraper un bus vers Lagos. J’y suis arrivé environ 26 minutes d’avance. J’ai ainsi pu acheter quelques grignotines dans un commerce. J’ai aussi vu une touriste paniquée y chercher son téléphone… avant qu’une autre cliente ne lui fasse remarquer qu’il était accroché à sa ceinture. Je me suis retenu de rire, car je sais – hélas – à quel point ce sentiment peut être stressant.

Le terminus Oriente

En outre, les indications dans le terminus ne sont pas des plus claires et la disposition des lieux semble avoir été élaborée par un architecte sur le porto. Oui, je sais que c’est Santiago Calatrava et qu’il est célèbre. Et alors?

C’est… moderne.

J’ai trouvé mon quai et j’ai attendu mon bus. Il est arrivé et l’embarquement a eu lieu. On est partis avec 14 minutes de retard. Le trajet a duré environ 5 h 16, si je ne m’abuse, au lieu des 4 h 30 prévus. J’avais choisi un siège fenêtre, du côté droit, pour admirer les paysages arides. J’étais à la fois excité d’être enfin au Portugal et somnolent en raison du décalage horaire et de mon manque de sommeil depuis deux jours.

Ça fait changement de Montréal.

On a effectué quelques arrêts, dont un à Portimão. Cette dernière m’a paru sans intérêt, un amas de propriétés de luxe et de condos collés à des plages, comme des verrues plantaires. L’ensemble ne dégageait aucun charme. J’imagine que des gens peuvent aimer ce genre d’ambiance « ville artificielle plaquée sur un lieu bucolique ». Mais bon, peut-être que je me trompe et que la ville cache des trésors de culture et d’histoire que ma virée en autobus ne m’aura pas permis de découvrir. Ceci dit, j’en doute. On est donc arrivés à Lagos en fin d’après-midi.

De l’action… même la nuit.

Une fois à Lagos, j’ai cherché – et trouvé – mon auberge, le Tag Hostel. Je me suis enregistré, j’ai jasé avec la réceptionniste (qui m’a donné d’excellents conseils sur la ville et sa région), j’ai pris une douche, puis j’ai été me promener. Il régnait une grande fébrilité dans le centre historique; les terrasses étaient bondées, les touristes marchaient d’un pas léger, des musiciens de rue créaient la trame sonore de la soirée. Une ambiance vivifiante.

Un musicien inspirant et son chien attentif.

Parlant de vivifiant, le vent était fort, constant, frais. On m’a dit que, à la longue, il devenait pénible. Mais ce soir-là, il était agréable. Une constante caresse invisible.

Ça ne paraît pas sur la photo, mais il ventait beaucoup. Je vous le jure.

J’ai mangé dans un restaurant de fruits de mer et, pour dessert, je me suis gavé de pasteis de nata. J’ai flâné encore un peu dans le centre et je suis rentré à mon auberge, épuisé par les événements des deux derniers jours. Je me suis couché et, quelques minutes plus tard, j’étais envahi par une sensation familière. Une sensation désagréable. J’ai à peine eu le temps de me rendre dans une des salles de bain que j’ai commencé à être malade. Une indigestion. Une première depuis mon humiliant épisode du sandwich au poulet à Lanquín, au Guatemala, en 2015. Ça ne m’avait pas manqué. Je ne m’attarderai pas aux détails – vous pouvez les imaginer, si ça vous émoustille -, mais disons que ce ne fut pas une nuit reposante.

Marche, plage et potluck

Le lendemain, j’ai quand même décidé de me pointer au « Free walking tour » dont m’avait parlé la réceptionniste de mon auberge. Après avoir pris une douche, une Gravol et de l’eau en quantité, je me suis rendu au point de rencontre, soit l’étrange statue d’El Rei D. Sebastião. J’avais aussi de la crème solaire et un chapeau; je me suis par la suite félicité d’avoir pensé à les emporter.

La fameuse statue

La promenade a débuté à 10 h et elle a duré plus de 3 h; On était environ 12 personnes, d’âges et de nationalités différentes. On a visité le Mercado municipal (j’y ai acheté deux bouteilles de sauces piquantes artisanales), on a mangé des pasteis de nata au Adoce a Vida (les meilleures en ville, apparemment), on a admiré des oeuvres d’art de rue, on a appris les sordides détails liés à l’histoire d’une fortification, on a eu une leçon d’histoire sur le sombre passé esclavagiste de Lagos et bien plus.

Le centre historique de Lagos

Ce fut une excellente promenade. Nikolas, notre guide, connaissait sa matière sur le bout des doigts. Détail intéressant: il était originaire de la Serbie. Il nous a parlé de son amour pour Lagos et du moment où il a réalisé qu’il s’y sentait chez lui. On devinait qu’il se passionnait pour sa ville d’adoption. En tout cas, il a reçu de généreux pourboires pour ses efforts.

Nikolas, notre excellent guide, en pleine action.

J’ai ensuite été à la plage. Plusieurs étaient accessibles depuis le centre; j’ai choisi d’aller à la Praia de São Roque. Comme j’y allais seul, je ne voulais pas laisser mon téléphone sans surveillance. J’ai donc acheté une pochette imperméable avec une bande de velcro au commerce Phone Shop Portugal, au coin des rues Primeiro de Maio et Marreiros Netto, juste à côté de l’incroyable édifice vert. Je l’ai payée 15 euros et je ne l’ai pas regretté. Elle a rempli sa fonction.

Du bel ouvrage, cette passerelle.

Pour se rendre à la plage, il faut enjamber le canal qui traverse le centre et marcher vers la mer (incroyable, je sais). Une passerelle en bois mène les thalassophiles jusqu’au sable brûlant. Belle plage, qui s’étire sur des kilomètres.

Sable brûlant et eau frette.

L’eau était glaciale, par contre. J’en étais étonné, mais on m’a expliqué que, en gros, c’était une question de courants marins, de saison, etc. Je ne me suis baigné que trois fois et chaque saucette durait une trentaine de secondes, soit jusqu’à ce que mes testicules m’avertissent qu’il était temps de sortir.

Coups de soleil en option.

Par ailleurs, la plage était « topless », alors j’en ai profité pour exhiber ma généreuse toison pectorale. Je m’enduisais de crème solaire, entre deux saucettes, mais, malgré mes précautions, j’ai réussi à attraper des coups de soleil… sur les pieds, les chevilles et les genoux. J’avais négligé ces parties. Un jour, je deviendrai un adulte et je comprendrai que le poil ne remplace pas la crème solaire.

Un dilemme

En revenant de la plage, je me demandais si je devais participer au « potluck » de l’auberge ou faire une autre activité, comme aller au musée sur l’esclavagisme, le Mercado de Escravos – Núcleo Museológico Rota da Escravatura. Dès mon retour à l’auberge, j’ai remarqué qu’un nombre appréciable de convives avaient déjà préparé un plat ou projetaient de le faire, alors j’ai décidé de participer au repas moi aussi. Une sage décision, comme vous le constaterez dans le prochain billet.

La suite de ce billet paraîtra sous peu.