Lisbonne et la folie des Journées mondiales de la jeunesse

Allo Madame!

Donc, après ma visite pédestre (« walking tour ») à Lisbonne, j’avais envie de faire des activités supplémentaires pour conclure en beauté mon séjour au Portugal. Or je voyais bien que les participant-e-s aux Journées mondiales de la jeunesse avaient envahi la capitale portugaise. Je me suis alors dit que, peu importe où j’irais dans la ville, l’achalandage serait monstrueux. Il l’aurait été en temps normal, de toute façon, je veux dire, on était en juillet, en pleine haute saison touristique. Mais là, l’achaladange allait être multiplié, rendant ainsi les visites de sites ou d’attractions encore plus désagréables.

Des drapeaux de nombreux pays, de diverses régions.

Eurêka!

J’ai alors eu un flash: en regardant les troupes incessantes de participant-e-s converger vers le Parque Eduardo VII, via l’Avenida da Liberdade, j’ai compris que c’était là, LA place à être à Lisbonne ce jour-là. Les activités officielles des Journées mondiales de la jeunesse commençaient le jour même et elles étaient réparties en divers endroits de la ville. Au lieu de me faire chier à essayer de trouver LE spot parfait, j’ai préféré rester ici, près du parc, près de mon auberge. Ça simplifiait le tout et je sentais que j’allais pouvoir absorber – un peu – l’intensité du moment avec un minimum d’inconvénients.

Un intense rappeur pro-Esprit Saint et pro-Jésus.

En paix avec ma décision, je me suis installé sur l’Avenida pour observer l’action. Des gens de nombreux pays portaient fièrement leur drapeau national. Des écrans géants retransmettaient les activités sur la scène installée dans le parc, de sorte que je n’avais pas à me rendre là-bas et ainsi subir les assauts impitoyables du soleil de plomb qui écrasait Lisbonne ce jour-là. J’avais remarqué lors de ma visite du parc qu’il ne comptait presque aucune zone à l’ombre, alors j’aurais cuit en compagnie du reste de la foule. C’est donc sous les feuillages accueillants des arbres de l’avenue que j’ai pu regarder un rappeur étatsunien particulièrement enthousiaste décoincer l’assistance.

Un duo de participantes italiennes nous ensuite ont parlé avec émotion de leur cheminement spirituel. Puis, un groupe portugais a rocké la place avec une musique bien plus énergique que ce qu’on pourrait normalement entendre dans une église.

DIGRESSION: il existe toute une scène – controversée – de groupes métal chrétiens, comme Believer, Tourniquet, Mortification, Living Sacrifice, Leviticus, Barren Cross et, sans doute le groupe le plus connu du genre, Stryper. Je recommande en particulier le groupe Believer, surtout son classique troisième album « Dimensions » (1993). La pièce « Trilogy of Knowledge » est un chef-d’oeuvre de death métal progressif. Fin de la digression.

Donc, les délégations se suivaient en un flot continu. C’était intéressant de voir les pays représentés: certains sont notoirement catholiques (ex. Italie, Mexique), mais d’autres ne comptent que des communautés éparses, marginales, comme le Japon et la Corée du Sud. Ceci dit, tout le monde semblait heureux de se retrouver ici. L’enthousiasme régnait, les jeunes chantaient, dansaient, hurlaient, discutaient avec une joie contagieuse. J’ai été élevé dans la religion catholique et, même si je ne suis pas pratiquant aujourd’hui, je dois avouer que c’était charmant de voir cette ferveur bienveillante.

Corée du Sud represents!

J’ai alors remarqué un homme aux cheveux gris, assis sur un banc, qui regardait cette parade, entre deux lampées d’un breuvage caché dans un sac en papier. Il semblait dépassé par les événements, comme si sa routine était perturbée et que cette perturbation constituait pour lui une épreuve insurmontable. Il aurait été un formidable figurant dans un film de James Bond avec Roger Moore. Les vrais fans comprendront cette référence. Un indice: The Spy Who Loved Me.

Je ne connais pas ce pays.

À un certain moment, je devais aller pisser, alors j’en ai profité pour aller me chercher un café au Delta The Coffee House. L’endroit était bondé et le service a dû s’ajuster en conséquence. L’endroit m’a semblé idéal pour travailler – ou bloguer, bien sûr. Et si ça vous intéresse de le savoir, j’y ai glorieusement accompli ma mission originale.

Rattrapé par la réalité du voyage

Vers la fin de l’après-midi, je devais commencer à envisager mon trajet vers l’aéroport. J’ai d’abord soupé au restaurant Sabella Cafe; j’y ai mangé un délicieux bitoque. Du beau, bon, pas cher. J’ai cru comprendre que c’était un restaurant opéré par une famille, ce qui ne m’a pas surpris: le service était sympathique, l’ambiance était légère et l’endroit, sans prétention. Pas mal mon style de resto préféré, quoi. En plus, j’y ai remarqué la présence d’une distributrice de cigarettes. Le genre de truc qui a disparu au Québec depuis l’adoption de la Loi sur le tabac, en 2006. En toute franchise, je ne m’ennuie pas de la fumée dans les lieux publics. Sentir le cendrier après une soirée dans un bar, c’était dégueulasse.

Une distributrice de cigarettes… je n’avais pas vu ça depuis des années.

Repu, je suis revenu à mon auberge, j’ai préparé mes sacs et j’ai voulu me rendre à une station de métro pour rejoindre l’aéroport. Or les stations du secteur étaient fermées, car un vaste périmètre de sécurité avait été installé tout autour du Parque Eduardo VII, dans le but évident de prévenir les tentatives d’attentat ou autres actes criminels qui auraient pu viser les participant-e-s aux Journées mondiales de la jeunesse. On ne pouvait entrer dans le périmètre qu`à des endroits précis, où les sacs pouvaient être fouillés par des agents de sécurité. Bref, je devais trouver une autre option que la station Marquês de Pombal.

Les règles à suivre pour accéder à la zone sécurisée.

Après avoir étudié une carte du secteur, j’avais une vague idée où je devais me rendre. J’ai finalement marché une vingtaine de minutes pour contourner la zone sécurisée et, tel que prévu, j’ai trouvé une station – São Sebastião. J’étais heureux de constater que ma mémoire avait encore de belles années devant elle. Je me suis enfin rendu à l’aéroport et j’ai végété là-bas – littéralement – jusqu’à ce que je prenne mon vol de retour pour Montréal. Un vol sans histoire, ce que j’ai apprécié, après le fiasco de mon départ.

La fin d’un autre voyage

Ce billet conclut donc le récit de mon trop bref voyage au Portugal. J’en ai aimé le peu que j’ai vu, mais j’aurais aimé avoir plus de temps pour découvrir le pays – et pratiquer mon portugais -, mais bon, ça me donnera une raison valable pour y retourner, un de ces jours. En attendant cet éventuel retour, je suis heureux de vous révéler que je sais maintenant quelle sera ma prochaine destination. Je sais aussi à quel moment je repartirai. Je présenterai ce voyage dans un prochain billet et, bien sûr, je le raconterai ensuite ici-même.

Merci de me lire, après toutes ces années.